Maroc-Chine-Afrique : La coopération triangulaire se précise

Maroc-Chine-Afrique : La coopération triangulaire se précise

 

La Chine va investir près de 60 milliards de dollars supplémentaires pour le développement économique de l’Afrique.

Le Maroc, qui se positionne en hub pour le continent, espère jouer un rôle central dans l’intensification des échanges sino-africains.

Hommes d’affaires chinois et marocains multiplient les signes de bonne entente.

 

Depuis la visite du Roi Mohammed VI en Chine en 2016, les relations bilatérales entre le Maroc et la Chine ont connu un dynamisme sans précédent et ne cessent de se consolider. Depuis cette date historique, les partenariats de premiers plans entre les deux pays se succèdent. Citons parmi ceux-ci l’adhésion du Maroc à l’initiative «One Belt, One Road»; la signature du protocole d’accord du projet de la Cité Mohammed VI Tanger Tech; la signature d’un protocole d’accord avec le constructeur automobile chinois BYD; la signature d’une convention d’investissement avec le groupe chinois Citic Dicastal pour la production de jantes aluminium; ou encore la suppression des visas pour les touristes chinois, dont les visites au Maroc sont passées de 15.000 avant 2016 à 120.000 en 2017. Les investissements chinois vers le Maroc ont eux bondi de 62% entre 2014 et 2017.

C’est à la lumière de ce rapprochement stratégique entre les deux pays qu’il faut apprécier la visite au Maroc, cette semaine, d’une importante délégation d’hommes d’affaires et de responsables chinois. Ces derniers ont pris part à Casablanca, au siège de BMCE Bank of Africa, à la conférence de «Sino-Africain Entrepreneurs Delegation 2018». Objectif : donner corps aux ambitions partenariales économiques renforcées entre la Chine, le Maroc et l’Afrique, dans le cadre d’une coopération triangulaire bénéfique pour tous.

 

60 milliards de dollars…

Cette rencontre intervient quelques semaines à peine après le Sommet Chine-Afrique (FOCAC 2018) au cours duquel le président Xi Jinping a promis 60 milliards de dollars supplémentaires pour le développement économique du continent. Pékin est déjà le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec un volume de 170 milliards de dollars en 2017, et y investit pas moins de 100 milliards de dollars annuellement (premier investisseur en infrastructures).

Une présence qui est amenée à se densifier dans les prochaines années, à en croire Yang Baohua, présidente du Fonds de développement Chine-Afrique, doté de 10 milliards de DH. «Nous y avons déjà investi dans plus de 36 pays dans des secteurs comme les mines, l’énergie, le transport, etc. Après ces investissements, l’intérêt des Chinois ne cesse d’augmenter vers des secteurs comme l’automobile, le ciment, l’électronique», a expliqué la responsable.

 

Triangulation

Dans cette configuration, le Maroc, qui se positionne année après année en hub important pour l’Afrique, et qui est une plateforme d’exportation vers plus de 70 pays, espère jouer un rôle central.

«Le Maroc jouit d’une présence effective en Afrique, portée par une implication royale décisive, pour la dynamisation de la coopération sud-sud», a rappelé Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique. «Le Maroc est premier investisseur en Afrique de l’Ouest et deuxième investisseur africain sur le continent. Les banques marocaines sont présentes dans 30 pays africains», a-t-il souligné.

La coopération qui se dessine entre le Maroc et la Chine est finalement assez logique : l'Afrique a besoin de la Chine, qui lui apporte des solutions tangibles pour ses besoins d'emplois et de développement et, pour sa part, la Chine a besoin de l'Afrique pour améliorer sa compétitivité et accéder à un marché de plus de deux milliards d'habitants à horizon 2050.

Le Maroc, de par sa position stratégique en Afrique et son partenariat avec la Chine, contribuera naturellement à l’essor d’une collaboration durable, et mutuellement bénéfique.

Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la Coopération africaine, appelle dans ce sens à sortir des schémas traditionnels. «Il est essentiel de dépasser la logique de comptoirs pour développer la notion de coproduction Chine-Maroc. En effet, avec nos atouts réciproques, nous pouvons aller au-delà en misant par exemple sur la recherche et le développement ainsi que sur le transfert de technologie pour permettre d’ancrer nos relations dans un cercle vertueux, créateur de richesse», suggère-t-il.

Un point de vue partagé par Li Li, ambassadeur de Chine au Maroc. «En travaillant avec le Maroc, nous pouvons aider les pays d’Afrique à se développer. Nous devons renforcer notre partenariat commercial avec le Royaume. Le Maroc est un très bon marché pour servir les entreprises chinoises», a-t-il déclaré. 

Quant à BMCE Bank of Africa, hôte de l’événement, elle est particulièrement bien positionnée pour servir de trait d’union entre le monde des affaires des deux continents. La banque a en effet lancé une succursale à Shangai afin «de jouer un rôle essentiel dans l’approfondissement des échanges sino-marocains et d’investissements chinois en Afrique, et nous espérons également des investissements africains en Chine», a déclaré Othman Benjelloun, président de BMCE BoA.

«En considérant BMCE Bank of Africa comme votre partenaire privilégié au Maroc et en Afrique, vous ferez le choix d’une institution qui professe, invariablement, son credo sinophile», a-t-il assuré aux hommes d’affaires chinois. ■

 

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