Liquidation des agences de développement régional : aucune décision prise pour le moment

Liquidation des agences de développement régional : aucune décision prise pour le moment

 

La liquidation des Agences de développement du Nord, du Sud et de l’Oriental n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement. Pour la Primature, la coexistence des agences de développement avec les agences régionales d’exécution des projets ne devrait pas poser de problème de fond.

 

 

 

Depuis quelques jours, la rumeur sur la disparition dans 3 ans des Agences de développement du Nord, du Sud et de l’Oriental a soulevé plus d’une question. La décision a-t-elle été prise par les ministères de l’Intérieur et des Finances comme relatée par la presse ? Quel sera le sort des fonctionnaires en cas de dissolution ? Quelles sont les modalités de liquidation ?

Des questions légitimes étant donné que le lancement du chantier de la régionalisation avancée, qui prévoit la création de 12 agences régionales d’exécution des projets (AREP), suscite le débat sur l’existence de ces entités.

C’est également ce qui ressort dans le dernier rapport sur les établissements et entreprises publics accompagnant le PLF 2018, qui précise que «le rôle et le fonctionnement de ces agences sont appelés à être revus pour tenir compte des implications de la régionalisation avancée sur leurs missions initiales et l’articulation de leurs interventions avec celles des nouvelles AREP créées conformément à la loi organique sur les régions».

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait également recommandé dans son rapport sur la régionalisation avancée, la suppression de ces agences qui n’auraient plus d’utilité une fois les AREP créées.

D’aucuns diront même que la disparition de ces agences n’est qu’une question de temps pour éviter le double emploi. Selon une source qui a souhaité garder l’anonymat, ces entités publiques, particulièrement celles de l’Oriental et du Sud, n’ont pas atteint les objectifs escomptés. Leurs actions sont restées limitées par rapport aux attentes de la population, aux déficits en matière d’infrastructure, aux disparités entre l’urbain et le rural...

Contactée par nos soins, la Primature a coupé court à la rumeur et a précisé qu’aucune décision n’a été prise pour le moment, tout en mettant l’accent sur le rôle important de ces agences en tant que partenaires de l’Etat, des collectivités territoriales, des entreprises publiques, du secteur privé ainsi que de la société civile.

Elle rappelle que l’implication de ces agences apporte souvent un plus en termes de fiabilité, de célérité de réalisation et de durabilité des projets. Reconnues par des organismes nationaux et internationaux, à l’instar de l’Organisation des Nations unies, de l’OCDE ou de l’Union Européenne, l’expertise et le savoir-faire acquis par ces agences sont sollicitées par divers pays étrangers.

«Malgré des hauts et des bas, le bilan de ces agences reste positif avec des niveaux de performance différents d’une agence à l’autre», tient à préciser une source à la Primature.

L’agence du Nord, qui se démarque par rapport aux autres, a drainé dans le cadre des visions intégrées de développement plus de 130 Mds de DH d’investissements, dont 37 Mds de DH gérés directement. Durant les deux dernières années, l’agence a même dépassé son rythme de croisière et sa cadence de réalisation sur le terrain s’accélère, nous avait confié Mounir El Bouyoussfi, Directeur général de l’agence du Nord.

En 2018, selon le rapport sur les établissements et entreprises publics, le montant global des réalisations de l’agence atteindra 1,6 Md de DH, dont 400 MDH comme contribution de l’Agence. Un investissement qui s’explique par le fait que l’agence s’est vue confier, en février 2017, la réalisation d’un nombre important de projets du programme de développement de la province d’Al Hoceima Manarat Al Moutawassit.

 

Une coexistence à l’horizon

 

Mais au-delà de leur efficacité, qu’en est-il du risque de chevauchement des missions ? Selon la Primature, les deux entités peuvent parfaitement coexister : «Dans le contexte de la régionalisation avancée, le rôle des agences doit évoluer pour participer à la dynamique de développement économique régional portée par la région, qui a désormais son agence régionale d’exécution des projets. Ainsi, leur coexistence avec les agences régionales d’exécution des projets ne devrait pas, a priori, poser de problème de fond, si les responsabilités sont clarifiées et partagées dans une logique d’efficience».

Toutefois, pour plus d’efficacité et d’optimisation des ressources, la Primature a enclenché une réflexion, avec plusieurs scénarios à l’étude, visant à faire évoluer les statuts et rôles de ces agences.

La suppression n’est donc pas à l’ordre du jour. D’autant plus, comme le précise notre source, que ces agences ont été créées par des textes de lois adoptés par le Parlement, et disposent de Conseils d’administration présidés par le Chef du gouvernement, qui sont les organes de gouvernance pour statuer sur les orientations stratégiques de ces agences. Par conséquent, toute décision, bien qu’elle puisse impliquer plusieurs partenaires, doit tenir compte des statuts et des textes de ces agences.

Le personnel de ces agences qui retient son souffle suite à cette annonce, peut enfin respirer. «Tout d’abord, il faut dire que le personnel des agences est en général un personnel hautement qualifié et expérimenté. Nombreux parmi eux sont mobilisés pour la cause du développement territorial, accusant de nombreux déplacements hebdomadaires et un programme chargé, au détriment parfois de leur vie familiale. Ce sont des ressources dont notre pays peut être fier et qu’il faut encourager. En tout état de cause, quel que soit le scénario futur, il devra prendre dûment en compte la composante du personnel dans le cadre des règles en vigueur et des principes de justice et d’équité», précise la Primature.

Reste à voir qui va faire quoi pour effectivement éviter le double emploi et rationaliser les coûts. ■

 

 

Par L. Boumahrou

 

 

 

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