Les entreprises en manque de financements pour investir en Afrique (étude CGEM/Mazars)

Les entreprises en manque de financements pour investir en Afrique

 

60% des entreprises sondées assurent rencontrer des difficultés d’accès au financement pour leur projet de développement en Afrique. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par la CGEM et le cabinet Mazars. Des recommandations ont été formulées pour améliorer l’accompagnement des entreprises dans le continent.

 

 

 

Le partenariat Sud-Sud est érigé en priorité par ce règne, et depuis les années 2000, le Roi a ouvert la voie vers l’Afrique, ce qui a inspiré de nombreuses entreprises à investir dans le continent. Elles ont été encouragées par la forte présence de grands groupes marocains, mais surtout d’un réseau bancaire marocain qui, en quelques années, a damé le pion à des puissances comme la France sur le continent africain.

«Beaucoup a été fait depuis les années 2000 en matière de diplomatie économique en Afrique, et bien que beaucoup reste à faire, le Maroc est devenu le premier investisseur en Afrique subsaharienne et deuxième dans le continent. Aussi, le pays est sollicité par d’autres pour des actions conjointes dans le continent, sans oublier les synergies qui y sont développées entre les banques marocaines et chinoises. Certes, nous n’avons pas les moyens des pays comme la France, mais nous sommes plus agiles. Et en fonction de nos moyens, il faut voir ce qu’on peut faire pour structurer l’accompagnement aux entreprises», explique Abdou Diop, associé gérant du cabinet Mazars.

Faut-il pour autant se targuer d’avoir une diplomatie économique forte sur le continent à l’image de la France justement qui, à travers son bras financier, l’AFD, accompagne les entreprises françaises partout dans le monde ? Où encore, dispose- t-on des moyens adéquats pour accompagner les entreprises désireuses d’emboîter le pas à celles qui les ont précédées sur le continent ? Aussi, l’endémique question du financement des entreprises trouve-t-elle également écho en Afrique ? Résolument oui. La problématique est récurrente dans la vie des entreprises, quelle que soit leur taille ou secteur d’activité, et que ce soit pour l’exportation ou l’investissement.

Pour mieux cerner cette problématique, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a mené une étude avec le cabinet Mazars, financée par BMCE Bank of Africa, au sujet de «L’accompagnement financier des investisseurs marocains en Afrique» auprès de plus de 130 entreprises, tous secteurs et tailles confondus.

Les résultats sont éloquents ! Si 92% des sondés ont dévoilé leur intention d’investir ou d’exporter en Afrique au cours des 12 prochains mois, 89% déclarent ne pas connaître les produits financiers dédiés proposés par les institutions financières et 60% assurent rencontrer des difficultés d’accès au financement pour leur projet de développement en Afrique. Le fait intéressant que dévoile l’étude, est que dans plus de 53% des cas, le financement sert à la prospection, les actions marketing et de business développement. C’est dire que le financement est un obstacle en amont même de toute action concrète d’expansion d’activité vers l’Afrique. 47% des besoins exprimés concernent la trésorerie et 42% le financement des implantations.

Résultat des courses, 50% des sondés recourent à l’autofinancement, 39% à l’emprunt bancaire et 26% au capital investissement, sachant que 21,7% des sondés ont exprimé des besoins allant de 500.000 DH à 1 MDH, 17,7% des besoins de 10 à 30 MDH et 15,2% de 5 à 10 MDH.

Pourtant, les produits proposés par les banques, les assureurs crédit et organismes de garantie, les institutions financières internationales, les fonds de capital investissement, sans occulter l’accompagnement public, offrent une large palette de choix.

Mais les entreprises ont, elles, une autre perception de l’offre marocaine, puisque les grandes entreprises évoquent des difficultés liées aux exigences des banques et leur manque de réactivité, notamment leurs filiales d’Afrique. De même qu’elles déplorent un régime des changes contraignant, doublé d’une lenteur d’octroi des autorisations de l’Office des changes.

En plus des garanties élevées d’accès au financement, les PME révèlent une méconnaissance des dispositifs proposés, le manque d’informations et le peu de communication autour de ces outils. Même son de cloche du côté des start-up qui recourent le plus au capital investissement. L’inadéquation entre l’offre et la demande est également mentionnée.

 

Des recommandations à prendre en compte

 

L’un des points forts de cette étude est qu’elle a fait un benchmark avec les principaux concurrents du Maroc sur le continent pour évaluer les forces et les faiblesses de l’accompagnement actuel des entreprises marocaines vers l’Afrique. Et aboutir à des pistes d’amélioration de nature à améliorer l’accompagnement aux entreprises.

D’ailleurs, douze recommandations issues de cette étude sont à prendre en considération pour améliorer l’accompagnement de ces entreprises. La première recommandation accule l’Etat à sa responsabilité envers ces entreprises, notamment en créant un fonds souverain de développement et de soutien qui pourrait fédérer des fonds dédiés à l’Afrique. En effet, des pays comme la Chine, l’Afrique du Sud ou les Emirats Arabes Unis proposent des aides publiques aux entreprises pour leur expansion en dehors de leur territoire.

L’étude recommande aussi la création d’un fonds de garantie, la mise en place d’un crédit d’impôt export… et, surtout, de mettre en place un écosystème qui englobe les maillons de la chaîne. Le renforcement de la communication est également recommandé ainsi que l’assouplissement de la réglementation des changes et l’adaptation des offres bancaires aux besoins. Le développement de produits alternatifs serait un plus : c’est le cas de la Tunisie qui propose des produits islamiques aux exportateurs pour couvrir leurs besoins en trésorerie.

Mais tout cela devrait être complété par des informations de terrain émanant des pays ciblés, notamment ce qu’ils offrent en termes d’avantages fiscaux et aides aux investissements aux entreprises étrangères.

Dans ce sens, la CGEM travaille en partenariat avec les chambres de commerce marocaines en Afrique, pour structurer toutes les infos et les mettre à disposition des entreprises marocaines. L’étude, qui a nécessité six mois de travail, a permis l’élaboration d’un guide sous forme de 276 fiches-produits de financement mis à la disposition du grand-public et consultable sur finafrique.cgem.ma. ■

 

 

 

 

 

 

Imane Bouhrara

 

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