Lahlimi : «Il est encore tôt pour évaluer les effets du boycott»

Lahlimi : «Il est encore tôt pour évaluer les effets du boycott»

Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au Plan


 

- Il faut attendre la fin de l’année pour évaluer les effets de la campagne de boycott sur les secteurs concernés.

- Le Maroc doit suivre de très près ce qui se passe à l’international et ajuster sa politique en fonction de ces changements.

- Eclairage de Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au Plan.

 

 

Finances News Hebdo : Nous constatons une montée du protectionnisme dans le monde. Pensez-vous que le Maroc est immunisé contre ce phénomène ?

 

Ahmed Lahlimi : Le Maroc doit suivre de très près ce qui se passe à l’international et ajuster sa politique en fonction de ces changements.

Il y a certes une montée du protectionnisme, mais plus l’économie est solide, plus elle peut absorber facilement ses effets, même si elle est libérale.

Des mesures doivent être prises. Il faut surtaxer le foncier et tout ce qui a trait à la spéculation et subventionner tout ce qui est production et exportation.

Le but est de développer des écosystèmes qui ont un potentiel en matière de création d’emploi. Il est donc nécessaire d’investir une autre approche en matière de politique économique.

Le Maroc a des avantages comparatifs qui intéressent les investisseurs comme les coûts de production ou la mobilisation du foncier compétitif.

Il faut continuer à capitaliser sur les délocalisations pour séduire les entreprises étrangères au moment où ces dernières changent ces derniers temps leur orientation. Plusieurs entreprises qui ont installé des filiales en Chine, sont à la recherche d’autres destinations à cause de l’augmentation du coût de production.

Le Maroc doit penser à un nouveau modèle de développement économique.

Le gouvernement a été élu pour un mandat de 5 ans, il a lancé un programme qu’il doit appliquer. S’il n‘est pas respecté à cause de la coexistence de plusieurs formations politiques, les objectifs ne seront pas atteints. Tous les pays qui réussissent, ont un système démocratique permettant de dégager un consensus.

Ils disposent d’un modèle de gestion et de gouvernance ayant une forte légitimité pour pouvoir conduire le changement qu’implique un modèle économique. Au Maroc, pour que la démocratie soit opérationnelle et les lois effectives pour dégager un consensus, il faut que la légitimité supérieure, qui est incontestée et incontestable, puisse être le fil conducteur du plus grand changement du modèle économique.

 

 

F.N.H. : Vous avez dit que le Maroc a bénéficié de l’une des meilleures campagnes agricoles, sans avancer de chiffres. Partagez-vous ceux avancés par le ministère de l’Agriculture. Ne sont-ils pas, quelque part, surévalués du fait qu’il n’y a pas de corrélation entre les récoltes et les importations céréalières ?

 

A. L. : Le HCP ne fait pas d’enquête sur la campagne agricole. Cela se fait au niveau du département de tutelle qui fait appel à un système de télédétection spatiale pour évaluer la densité des plantes et le rendement de la production.

Mais nous suivons de très près les indicateurs rendus comme la pluviométrie, le niveau de stockage des barrages, l’évolution de l’état végétatif. Par ailleurs, nous faisons des enquêtes parallèles concernant le monde rural notamment l’emploi, la consommation ou la demande.

 

 

F.N.H. : Avez-vous réalisé une évaluation de la campagne de boycott et ses effets sur l’économie nationale ?

 

A. L. : Le HCP n’a pas d’outils d’évaluation de cette campagne. Il faut une approche économique spécifique, qui nécessite des données de la part des entreprises concernées. Ces dernières seraient réticentes à nous les fournir.

Excepté Centrale laitière qui a fourni des chiffres, les autres préfèrent garder le silence ou communiquent très peu. Il faut attendre la fin de l’année pour faire des estimations et connaître les effets sur les secteurs concernés et éventuellement sur d’autres activités.

 

 

Propos recueillis par C. Jaidani

 

 

 

 

 

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