La Cour des Comptes évalue le poids "réel" de la masse salariale de l'Etat

La Cour des Comptes évalue le poids "réel" de la masse salariale de l'Etat

Driss Jettou, Président de la Cour des Comptes. Les différentes Chambres de la Cour ont réalisé 32 missions de contrôle au titre des deux années 2016 et 2017.


 

Selon les chiffres officiels, le total des dépenses du personnel s’élève à 104,3 milliards de DH, ce qui représente 56% du budget de  fonctionnement et 11% du PIB. Dans son rapport 2016-2017 publié ce matin, la Cour des comptes souligne que ces données se limitent aux charges inscrites au titre des dépenses de fonctionnement du budget général de l’Etat, ne reflétant pas de manière fidèle la réalité.

En effet, selon la Cour des Comptes, les contributions de l’Etat en tant qu’employeur cotisant aux régimes de prévoyance et de couverture sociale ne sont pas intégrées dans les dépenses du personnel, ce qui ne permet pas d’appréhender le poids réel de ces charges. Les charges du personnel sont imputées sur les budgets des ministères et sur le chapitre charges communes, ainsi que sur certains comptes spéciaux du Trésor.

Par ailleurs, à ces rubriques, il faudrait, pour déterminer la masse salariale de l’Etat, ajouter les charges de personnel des établissements publics à caractère administratif dépendant des subventions de l’Etat.

«Par conséquent, pour pouvoir appréhender le poids réel de la masse salariale sur le budget de l’Etat, un retraitement de certaines données et la communication d’informations complémentaires s’avère nécessaire», peut-on lire sur le rapport.

Après retraitement des charges du personnel, en y ajoutant les contributions de l’Etat aux régimes de retraite et aux mutuelles et les subventions de fonctionnement allouées aux établissements publics administratifs, destinées à couvrir les salaires de leurs agents et salariés, le poids de ces dépenses enregistre des niveaux bien supérieurs. Il culmine à 64,3% du budget de fonctionnement et à 12,7% du PIB !

La CC note par ailleurs qu’entre 2008 et 2016, la masse salariale a progressé annuellement de 5,3% en moyenne, contre un taux de croissance annuel moyen de 3,9% pour le PIB.

Comparé à la richesse nationale, le salaire net moyen dans la fonction publique représente environ 3 fois le PIB par habitant, contre 1,2 fois en France, et une fois en Espagne. «Le niveau élevé du salaire moyen au Maroc s’explique, certes, par la faiblesse du PIB marocain comparativement à ceux des pays cités en référence, mais également, par les multiples revalorisations des salaires décidées dans le cadre du dialogue social (2011, 2014 notamment), ainsi que les augmentations dues aux promotions de grade et d’échelon», commente le rapport.

 

 Départs à la retraite : entre opportunités et contraintes

 

Selon la CC, la structure démographique des fonctionnaires laisse prévoir des départs à la retraite de plus en plus importants, sachant que près de 32% des fonctionnaires ont un âge supérieur à 45 ans, ce qui constitue une belle opportunité de pour amorcer des réformes en profondeur de la gestion des ressources humaines avec un reprofilage des effectifs dans le sens de sa mise en adéquation avec les besoins de l’Administration de demain.

En revanche poursuit la CC, En le changement démographique causé par le vieillissement de la population active et l’inadéquation du système de formation avec les  besoins en compétences de l’Administration sont autant de contraintes auxquelles la fonction publique devrait faire face dans l’avenir.

 

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