Grogne sociale : le printemps s’annonce chaud

Grogne sociale : le printemps s’annonce chaud

 

Les mouvements de protestations se multiplient.

Le dossier des enseignants contractuels est le plus brûlant.

Le gouvernement préfère colmater les brèches plutôt que revoir en profondeur sa politique générale.

 

Par C. Jaidani

 

Le gouvernement est confronté à un climat social très tendu, marqué par des manifestations et des sit-in qui deviennent de plus en plus virulents, touchant plusieurs corps de métiers.

Dans un passé récent, les contestations avaient un caractère régional, avec en toile de fond les mêmes revendications : amélioration des conditions de vie à cause du chômage, absence/insuffisance des infrastructures de base, etc. C’est fut le cas à Jerada, Zagoura, ou encore Guelmim.

Ces dernières semaines, les protestations revêtent un aspect corporatiste : après les pharmaciens, les médecins, les transporteurs, les dokkers, et même les pilotes… la grogne touche actuellement les enseignants et plus particulièrement les contractuels. C

es derniers refusent tout compromis avec l’Exécutif et maintiennent la pression jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications, dont la principale est l’intégration en tant que fonctionnaires de tous les contractuels.

Le gouvernement a certes pu trouver un terrain d’entente avec plusieurs de ces corps de métiers, mais à quel prix ?

On se souvient par exemple que les transporteurs de marchandises ont observé des mots d’ordre au mois d’octobre 2018, bloquant les marchés de gros et le port de Casablanca.

Leur action a eu pour conséquence de faire flamber les prix des fruits et légumes et le risque de pénurie de ces produits était fort probable. Leur mouvement a fait fléchir l’Exécutif, qui a répondu favorablement à leurs principales doléances, notamment le relèvement du seuil du tonnage transporté.

Néanmoins, ces opérateurs reviennent à la charge actuellement suite à la hausse des prix du carburant, et exigent du gouvernement une baisse des prix.

 

Amzazi inflexible

Si le gouvernement est parvenu à désamorcer certaines crises sociales, il se montre bien incapable pour, le moment, de résoudre celle des enseignants contractuels. Une grève problématique vu son impact sur un secteur stratégique du pays, pénalisant de ce fait le programme scolaire de plusieurs milliers d’écoliers dans tout le territoire national.

«Le risque de la grogne des élèves et de leur famille n’est plus à écarter surtout que l’arrêt des cours a trop duré et que nous sommes à trois mois seulement de la fin des études. Il est primordial de trouver une solution et de prévoir des sessions de rattrapage pour combler le retard», souligne Abdelmalek Ababou, président de la Fédération nationale marocaine des associations de parents d’élèves (FNMAPE). Said Amzazi, ministre de l’Education nationale, a affirmé il y a quelques jours qu’«il refuse de céder au chantage de ces enseignants affirmant que le système des contrats est un choix stratégique indiscutable».

En effet, face à la pression budgétaire et suivant les recommandations des institutions financières internationales, le gouvernement veut, à travers le système des contrats, alléger le poids de la fonction publique dans le budget de l’Etat et assurer une meilleure répartition des ressources humaines au niveau régional.

Ces arguments sont rejetés en bloc par les enseignants contractuels qui estiment que le gouvernement fait un calcul purement comptable écartant l’aspect social. Après une semaine de grève, ils annoncent une semaine supplémentaire.

«La seule solution pour arrêter notre mouvement est l’intégration des enseignants contractuels au statut de la fonction publique. Il faut protéger l’école publique, qui a été déjà fortement pénalisée par des politiques hasardeuses avec le système des contrats. L’école fonctionnera comme une entreprise et non comme une institution. Aucun enseignant ne peut travailler convenablement et faire des sacrifices s’il estime que sa carrière n’est pas assurée», souligne Rabii El Goumri, responsable communication de la Coordination nationale des enseignants contractuels.

Face à cette situation, le chef du gouvernement a appelé à trouver une issue favorable à ce conflit. Il a confié le dossier à Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, d’autant que le mouvement a eu le soutien de plusieurs syndicats qui appellent à un mouvement de grève nationale du 26 au 28 mars 2019. Le printemps s’annonce donc très chaud pour le chef de gouvernement. ◆

 

 

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