Euromoney Conferences relance le débat sur le modèle économique

Euromoney Conferences relance le débat sur le modèle économique

 

Euromoney Conferences a réuni à Rabat experts et grosses pointures pour définir le modèle de développement économique au Maroc.

Plusieurs axes de développement ont été identifiés, dont l’accélération de la désintermédiation financière, les énergies renouvelables ou encore le paiement électronique.

 

Par Y. Seddik

 

Les deux cadors de la finance marocaine partagent une vision parfaitement complémentaire sur l’économie du pays : si Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale, insiste sur la nécessité de veiller à l’équilibre des finances publiques et la poursuite des réformes économiques structurelles, le président du Groupement professionnel des banques du Maroc, Othmane Benjelloun, lui, préconise d’accompagner ces réformes par la mise en place d’un nouveau modèle de développement, lequel est «à la portée du Royaume».

«La qualité des ressources humaines au Maroc, l’intensité et la diversité des investissements, la qualité des actionnaires et enfin la force et la résilience du secteur bancaire sont des facteurs indispensables à l’émergence d’un nouveau modèle de développement économique», a relevé Benjelloun lors de la première conférence de «Euromoney Conferences» au Maroc.

Ce modèle doit aussi accorder la priorité à l’économie verte, l’économie digitale et celle du savoir. «C’est là où se trouve le gisement d’emploi futur», a-t-il précisé.

Pour le Président de BMCE BoA, la réussite de ce modèle de développement doit impérativement s’accompagner de la désintermédiation financière. En clair, le passage d'une économie d'endettement à une économie de marchés financiers.

Jouahri a, pour sa part, indiqué que d’importantes avancées ont été réalisées et de nombreux chantiers sont en cours pour introduire davantage d’efficacité, de visibilité et de transparence dans la gestion des finances publiques. Il a toutefois souligné que «la remise en question devrait être instaurée comme une exigence permanente dans le processus d’élaboration de la politique publique sur la base d’évaluations neutres et objectives. C’est de cette manière que le pays pourra redonner crédibilité à l’action publique et aux institutions politiques».

 

3 axes
de développement

Les experts présents lors de cette rencontre ont partagé quelques pistes permettant d’améliorer la stratégie économique du Royaume. Pour Leila Farah Mokaddem, qui représentait la Banque africaine de développement, «la croissance qui repose toujours sur le secteur agricole, n’est pas suffisamment inclusive», ceci ne permet pas au Maroc d’accéder au rang des pays émergents.

Ainsi, note-t-elle, dans l’agriculture, «les gains de productivité sont encore faibles». Et d’ajouter: «L’agriculture, qui contribue de manière substantielle à la lutte contre la pauvreté rurale, doit être plus intelligente, se recentrer sur des activités à faible empreinte carbone et utilisatrices de technologies et d’innovations».

Mokaddem recommande aussi au Royaume de «faire mieux pour les petites et moyennes entreprises/ industries et de maximiser l’exportation de produits industriels à haute valeur ajoutée».

A côté, Majeed Hujair, Directeur général de Visa School of Public Policy, estime que la digitalisation des paiements offrira au Maroc des points supplémentaires en termes de croissance, d’autant que le pays a amélioré sa pénétration mobile, facilitée par une pyramide des âges favorables.

Selon une étude du Groupe Visa, la seule ville de Casablanca pourrait réduire de 4,3% son taux de chômage dans les 15 prochaines années, grâce aux paiements électroniques. Ils contribueraient également à une croissance du PIB à raison de 11,5 pbs et rapporteraient annuellement près de 900 millions de dollars, soit 8,41 milliards de dirhams à l'économie de la ville. L'étude ajoute que le Maroc «pourrait économiser jusqu'à 300 millions de dollars grâce à une augmentation sensible des recettes fiscales sous l’effet d’une meilleure traçabilité des transactions commerciales opérées».

Pendant une décennie, le Maroc ne produisait que 3% de ses besoins énergétiques via les énergies renouvelables. L’année prochaine, nous produirons 42%. Ce taux dépassera les 52% en 2030. Khalid Benhamou, Directeur général de Sahara Wind, a expliqué que le Maroc joue un «rôle très actif» au niveau du continent africain et de la région méditerranéenne sur le plan de la transition énergétique.

En outre, «le Maroc produira le kWh le moins cher au monde à partir du programme éolien intégré de 850 MW en cours de développement, la moyenne sur cinq sites ne dépasse pas 3 cents de dollars/kWh», précise-t-il. Pour lui, le Maroc avance avec sérénité dans sa transition énergétique et les énergies renouvelables représentent sans doute un levier de croissance durable pour l’économie nationale. ◆

 

 

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