[Entretien] Risk-management : «une culture à développer davantage»

[Entretien] Risk-management : «une culture à développer davantage»

 

Le Forum international du risk-management (FIRM) revient les 24 et 25 janvier 2019 pour une cinquième édition à Casablanca. Plus de 150 participants viendront partager leur savoir-faire pour mettre en avant l’importance du risk-management dans le processus de pilotage des entreprises.

Mohamed Aziz Derj, organisateur du FIRM, nous apporte son éclairage sur les nouvelles tendances du métier ainsi que les actions menées pour l’ancrer davantage au sein des organisations.

 

Propos recueillis par A.E

 

Finances News Hebdo : Présentez-nous votre association ainsi que ses missions ? Quel est le profil de ses membres ?

Mohamed Aziz Derj : L’Association pour le management des risques et des assurances de l’entreprises au Maroc (AMRAEM) a été créée par des cadres d’entreprise industrielles du secteur public et privé, des compagnies d’assurances, des courtiers d’assurances et du corps des experts.

C’est une association à but non lucratif dont la mission est de promouvoir la gestion des risques en entreprise; faire évoluer les méthodologies de gestion des risques et des assurances; assurer une veille métier et créer un espace d’échange entre les gestionnaires de risques et le monde des assurances.

L’AMRAEM a pour objet de lancer une dynamique par la création d’un réseau d'acteurs dans le domaine du management des risques et des assurances, ainsi que de promouvoir et valoriser la fonction de risk-manager et de gestionnaire d’assurances. L’Association a également pour objet de représenter la profession auprès des organismes, des institutions, des médias et du public, ainsi que d’établir des partenariats avec les acteurs et associations homologues, en Afrique et en Europe, tels que l’AMRAE, le Club franco risk, ou l’Association des risk-managers de Côte d’Ivoire.

Les membres de l’AMRAEM sont des cadres qui ont des fonctions en relation avec la gestion des risques et des assurances, issus d’entreprises d’activités et de tailles différentes.

 

F.N.H. : Le risk management est-il, selon-vous, suffisamment ancré au sein des entreprises au Maroc ? Quels sont les secteurs d’activité les plus avancés en la matière ?

M. A. D. : Suffisamment non, mais l’intérêt porté à cette fonction est en croissance. Au Maroc comme au niveau international, ce sont les grandes entreprises et le secteur financier qui sont les plus avancés dans ce domaine. Cela est dû au fait que ces entreprises sont beaucoup plus sensibles aux nouvelles contraintes réglementaires, à l’environnement interconnecté, à l’importance donné à leur image et à l’apparition de nouveaux risques liés à l’évolution technologique et des systèmes d’information, entre autres.

Avec l’avènement de la nouvelle version 2015 de la norme ISO 9001 de certification des systèmes de management de la qualité, l’ensemble des entreprises certifiées ISO 9001 seront amenées à intégrer, dans leur système de management, l’approche risque et donc d’identifier et évaluer l’ensemble des risques de leur organisation.

Je rappelle à ce sujet que la norme ISO 31000 est une bonne pratique de mise en place d’un système de management des risques.

 

F.N.H. : Quelles sont les actions à entreprendre pour développer davantage cette culture au sein des organisations ?

M. A. D. : Développer davantage la culture de risk management est l’un des objectifs de l’AMRAEM. Pour cela, nous organisons, d’une part, des rencontres sur les risques (forum annuel, séminaires…) auxquelles sont invités les chefs d’entreprises et les différents managers afin de les sensibiliser sur les différents types de risques et leur impact sur l’activité de leur organisation.

D’autre part, pour développer les connaissances et compétences des risk-managers, nous lançons en exclusivité, au mois de mars une formation certifiante reconnue au niveau international, développée par The Institutes et composé de 3 modules, ARM 54, ARM 55 et ARM 56.

Ces formations ont pour objectifs de préparer les risk-managers à la mise en œuvre efficace de la gestion des risques au sein de leur organisation, d’acquérir une méthodologie et des outils fonctionnels et d’optimiser le transfert financier de ces risques.

 

F.N.H. : Quels sont les risques émergents qui devront être particulièrement suivis en 2019 ?

M. A. D. : En parlant des risques émergents, il y a tout d’abord les risques «cyber» qui ont un impact sur toutes les activités informatisées et interconnectées et qui peuvent générer des pannes majeures des infrastructures et réseaux. Parmi les autres risques montants, on peut citer les risques environnementaux liés au changement climatique qui ont une incidence sur la continuité des activités, la pénurie des ressources, la dégradation irréversible de la biodiversité, les flux migratoires de grande ampleur, l’accroissement de l’instabilité sociale et politique, ainsi que les risques d’image et de réputation qui sont amplifiés par le développement des réseaux sociaux.

Mais il ne faut surtout pas oublier les risques commerciaux et de sécurité des biens et des personnes, le risque de change, le risque de crédit, le risque de non-conformité fiscale, ou bien le risque pays pour les entreprises nationales opérant en Afrique, qui est toujours très présent.

 

F.N.H. : Quelles sont les nouvelles tendances du métier de risk-manager ? Quelles sont les qualités que doit avoir un risk-manager ?

M. A. D. : Selon les activités de l’entreprise, le profil peut être soit finance/ économie/ commerce, soit ingénieur. Il existe maintenant des Masters qui forment des risk-managers à l’université.

Pour faire face aux nouveaux risques et à l’environnement des entreprises devenu encore plus complexe, le risk-manager doit être à l’écoute des évolutions internes et externes de l’entreprise. Il doit être capable de reconnaître les nouveaux enjeux de l’entreprise : enjeux réglementaires, économiques, technologiques, environnementaux et sociaux.

Le risk-manager doit également développer son leadership, accompagner le management sur ces questions de gestion des risques, en identifiant, analysant, évaluant et proposer et suivre des plans d’action pour prévenir les risques, mais également pour atténuer leur impact et/ou les assurer. ◆

 

 

 

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