Education nationale : terrain miné pour le prochain ministre

Education nationale : terrain miné pour le prochain ministre

 

 

Le nouveau ministre, dont on attend la nomination, réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Le sureffectif dans les classes, la déperdition scolaire, l’apprentissage des langues… doivent être ses principales priorités.

 

 

Depuis l’indépendance, le Maroc n’a cessé de lancer des réformes du secteur de l’Education. Il a mobilisé à cette fin des budgets colossaux, qui n’ont pas permis, en fin de compte, d’atteindre les objectifs escomptés. Ce constat d’échec est relayé par toutes les parties prenantes, à commencer par le Roi qui n’hésite pas, dans ses différents discours à évoquer le sujet, arguant que «le système n’a pu s’adapter aux besoins de la nation».

En effet, les dernières statistiques sur le secteur sont alarmantes à plusieurs niveaux. 13,9% des élèves du lycée quittent les bancs de l’école prématurément, contre 12,2% au collège et 2,9% au primaire. 78% ne comprennent pas ce qu’ils lisent.

Mohamed Hassad a été dernièrement appelé à la rescousse pour remettre sur les rails un secteur en déperdition. Il avait promis d’engager un programme à la hauteur de la tâche, englobant plusieurs mesures d’urgence. Mais il a été limogé quelques mois seulement après sa nomination.

Sa stratégie consistait à inscrire dans le primaire les enfants dès cinq ans au lieu de six ans pour favoriser l’apprentissage et donner plus de temps à l’enseignement des langues étrangères. Le français sera enseigné dès la première année du primaire afin de réduire les lacunes et l’anglais à partir de la troisième année du collège. Pour permettre aux enseignants de mener à bien leur tâche, le nombre d’élèves par classe sera limité à 30.

Hassad avait également l’intention de réhabiliter l’école dans son ensemble à travers l’entretien des différentes institutions et lutter contre l’absentéisme des enseignants.

Mohamed Laârej, son successeur par intérim, assure la gestion au quotidien du département en attendant la nomination d’un nouveau ministre qui devrait adopter vraisemblablement la même démarche.

«L’enseignement est un secteur qui a besoin d’une vaste réforme qui ne peut se faire en une année ou deux. C’est un programme qui nécessite plus de temps, d’investissement et d’effort. Mais il faut dire aussi que certains sujets doivent être attaqués en toute priorité, notamment celui du surnombre dans les salles de classe. L’option des contractuels peut résoudre le problème mais elle revêt un aspect temporel. Il faut investir de nouvelles pistes comme la régionalisation avancée pour remédier aux dysfonctionnements du secteur», précise Mohamed Mellal, député USFP et président de la commission enseignement à la Chambre des représentants.

Le département de tutelle a annoncé le recrutement de 24.000 enseignants sous contrat pour l’année scolaire 2017/2018, ainsi que 8.000 cadres administratifs. Les postes à pourvoir concernent le primaire et le secondaire.

«Le renforcement de l’effectif et des enseignants est indispensable mais le chiffre annoncé par le ministère de l’Education reste insuffisant pour combler le déficit, surtout dans certaines disciplines comme les mathématiques, le français ou la physique-chimie», explique Noureddine Akkouri, vice-président de la Fédération nationale des parents d'élèves.

Outre les carences de certaines matières, le déficit existe au niveau régional. Faute d’effectif, certaines écoles sont obligées de regrouper deux classes de niveaux différents pour la même discipline.

«L’institutrice du français est en congé de maternité depuis trois mois, laissant nos enfants privés de cette langue sans que le ministère prenne le soin d’affecter un remplaçant», souligne amèrement Khadija Kahil, mère d’un enfant de l’école Oued El Maleh, relevant de la commune rurale Sidi Moussa (Mohammedia).

Face à la défaillance de l’école publique, de nombreux Marocains ont opté pour les écoles privées et celles des missions étrangères. Ce choix oblige de lourds sacrifices de la part des familles, mettant leurs budgets à rude épreuve. Un chiffre illustre cette situation : en 2008, 9,6% des élèves ont quitté le public pour le privé, 13% en 2012, et 16,7% en 2017.

Conséquence, l’investissement dans un projet d’école privée est devenu un business juteux. Face à cet essor, le ministère est appelé à mettre de l’ordre surtout en matière de respect des cahiers des charges (caractéristiques techniques du bâtiment, qualification des enseignants, programme scolaire, et autres). ■

 


Enseignement supérieur : De nouvelles formations permettant l’insertion dans la vie active

L’une des caractéristiques qui continue de marquer le marché du travail national est le niveau du chômage chez les actifs ayant un diplôme de niveau supérieur.

Le département de l’enseignement supérieur prépare de nouvelles formations à partir de la rentrée 2018/2019 qui seront «en parfaite adéquation» avec le marché du travail. Les lauréats seront «plus qualifiés et mieux préparés». La réforme des cursus de l’enseignement universitaire sera une priorité.

Par ailleurs, le gouvernement veut renforcer le soutien à la formation professionnelle. Les instituts académiques sont à l’écoute des besoins des entreprises pour lancer de nouvelles formations qualifiantes.

 

 

C.J

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