Défaillances d’entreprises : une baisse anecdotique en 2018

Défaillances d’entreprises : une baisse anecdotique en 2018

 

Les délais de paiement au Maroc restent désespérément longs et les défaillances d’entreprise à un niveau élevé.

Une telle négligence fait courir de grands risques à l’économie nationale.

 

«Les délais de paiement clients restent désespérément scotchés à 83 jours au Maroc, portant en germe le risque d’un accroissement futur des défaillances d’entreprises». C’est le principal constat dressé par Euler Hermès, leader mondial de l’assurance-crédit, lors d’une conférence de presse restreinte en prélude à l’organisation de la 6ème  édition de l’Observatoire international du commerce.

Le recul de 3% des défaillances d’entreprises en 2018, la première baisse depuis un long moment, reste anecdotique.

«Une baisse de 3% n’a rien d’extraordinaire», commente Stéphane Colliac, économiste senior en charge de la France et de l'Afrique chez Euler Hermès. «On avait fini 2017 et commencé 2018 avec des baisses tendancielles de l’ordre de 10%», rappelle-t-il.

En d’autres termes, les défaillances ont rebondi à partir du deuxième trimestre 2018. D’ailleurs, elles devraient remonter en 2019 de 4%, atteignant un nouveau plus haut (plus de 8.000 défaillances annuelles. «40% de ces faillites sont directement liés aux retards de paiement», indique Tawfik Benzakour, Directeur général d'Euler Hermes Maroc.

 

Trou d’air au deuxième trimestre

L’économie marocaine a connu un passage à vide au deuxième trimestre, selon S. Colliac, ce qui explique cette recrudescence des défaillances d’entreprises, et notamment des plus petites d’entre elles.

Cette baisse de croissance au second trimestre a eu un impact négatif sur les entreprises qui ont des délais de paiement longs. Quelles sont les causes de ce passage à vide ? L’effet boycott ?

«Ce trou est causé essentiellement par la flambée des cours du pétrole qui ont atteint 80 dollars», précise S. Colliac. «Nous n’avons pas d’estimation précise sur les effets du boycott, mais nous n’avons pas ressenti réellement d’impact sur le tissu économique national», ajoute T. Benzakour.

Toujours est-il qu’avec des délais de paiement clients de 83 jours, les entreprises marocaines sont plus que jamais à la merci de chocs externes. «En cas de retournement de conjoncture brutal, 83 jours c’est dangereux»! prévient Euler Hermès.

D’autant qu’au niveau de l’économie mondiale, les risques s’accumulent. Le danger principal provient de la «querelle» commerciale entre puissances qui tourne à la «guerre» commerciale et pourrait avoir des effets en cascade désastreux sur le tissu productif marocain.

Par exemple, «une guerre commerciale sur l’automobile provoquerait un effondrement de la croissance marocaine», soutient S. Colliac.

«L’application de toutes les directives sur les délais de paiement mises en œuvre et annoncées les années précédentes est vitale !», conclut-il. ■

 

A.E

 

 

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