Crise économique, baisse de l’activité... Les grandes inquiétudes des patrons

Les grandes inquiétudes des patrons

 

A en croire les multiples projections et prévisions, l’activité économique est sous de bons auspices pour l’année en cours. Pourtant, les patrons d’entreprises continuent d’exprimer des craintes afférentes à la baisse de l’activité, la crise économique et la concurrence déloyale.

 

Avec un taux de croissance qui devrait progresser nettement par rapport à 2016 pour se situer autour de 4%, l’année 2017 apporte aussi son lot d’inquiétudes pour les patrons d’entreprises. Ce qui est pour le moins curieux et laisserait entendre que la progression du taux de croissance n’a pas systématiquement d’incidence positive sur le tissu entrepreneurial du pays composé à plus de 95% de très petites et moyennes entreprises (TPME). En effet, une étude rendue publique récemment par le patronat marocain portant sur 624 entreprises à travers le Maroc lève le voile sur les principales sources d’appréhension et de crainte susceptibles de menacer l’activité des patrons d’entreprises au cours du deuxième trimestre 2017. Et contre toute attente, 20% des dirigeants sondés ont évoqué la concurrence déloyale et 15% la crise économique et la baisse de l’activité. Les délais de paiement ou les conditions difficiles d’accès au financement et bien d’autres points ne semblent pas outre mesure troubler la quiétude des patrons d’entreprises interrogés. Interpellé par nos soins sur la pertinence de ce baromètre, Amine Diouri, responsable Etudes PME de l’Observatoire Inforisk de l'entreprise, n’a visiblement pas été pris à contre-pied par les résultats que laisse transparaître l’étude du patronat.

«La concurrence déloyale évoquée par les patrons d’entreprises incite à faire le lien avec l’ire de la Fédération nationale du BTP provoquée par les irrégularités constatées dans les appels d’offres des marchés publics», assure-t-il. Et d’ajouter: «Du fait de cette concurrence déloyale (références exorbitantes exigées, barrières à l’entrée), une partie de la commande publique qui devrait revenir aux PME, est attribuée à des entités tierces». Toujours selon, le responsable d’Inforisk, l’appréhension liée à la crise économique et à la baisse de l’activité au cours du deuxième trimestre 2017 est d’autant plus légitime au regard des études effectuées par son institution. En effet, entre 2012 et 2015, le chiffre d’affaires des TPME a diminué de 26%. Les marges nettes ont aussi enregistré un net repli, passant ainsi de 2% en 2014 à 0% en 2015, avec en prime une dégradation des délais de paiement.

Par ailleurs, soulignons qu’au Maroc l’augmentation du taux de croissance a peu d’incidence sur les TPME, car celle-ci est souvent tributaire de la pluviométrie. Toutefois, des études montrent que la courbe des défaillances des entreprises au Maroc s’inverse à partir d’un taux de croissance tournant autour de 5% et plus.

 

Une réalité bien plus sombre

 

Les réformes annoncées par le gouvernement pour l’amélioration du climat des affaires peuvent certes avoir un impact positif sur la réalité des entreprises mais au regard de l’urgence, il est impératif de les initier promptement. Il s’agit des lois afférentes au nantissement des valeurs mobilières, à la nouvelle Charte de l’investissement et aux entreprises en difficulté.

D’ailleurs, c’est un sentiment d’impatience qui anime Abdellah El Fergui, président de la Confédération TPE-PME, quant aux réformes précitées. «La première hantise de nos adhérents a trait à l’allongement des délais de paiement et non à la concurrence déloyale comme l’indique le baromètre de la CGEM. 4 entreprises sur 10 tombent en défaillance à cause de ce fléau», confie-t-il. Cela montre quelque part que les préoccupations et les craintes des chefs d’entreprises peuvent différer en raison de la région d’implantation, de l’activité et surtout de la taille de leur structure. Toujours est-il que d’après El Fergui, du fait de la difficulté de se faire payer à temps, certains membres de la Confédération ont été contraints de vendre leurs biens afin de faire face aux charges.

C’est dire les grandes difficultés que traversent les sociétés de taille modeste, notamment dans les régions. Elles rencontrent des difficultés d’accès au marché et au financement, selon le président-fondateur de la Fédération des associations de la jeune entreprise du Nord du Maroc. «Faute d’être en règle avec la CNSS et la DGI, à cause des multiples difficultés financières, plusieurs entreprises sont dans l’incapacité de soumissionner aux marchés publics», s’offusque-t-il. ■

 

Par M. Diao

 

 

Financer le BFR, un réel casse-tête
Amine Diouri est formel :«Tant que les entreprises fragilisées par des soucis financiers seront davantage préoccupées par le financement du besoin en fonds de roulement (BFR) qui ne cesse de progresser, elles consentiront peu d’efforts d’investissement dans les projets de développement». En d’autres termes, quand l’entreprise lutte pour sa survie, l’investissement devient une variable d’ajustement. Ce qui peut être un obstacle de développement de taille pour les années à venir.

 

 

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