Consortiums d’exportation : Pourquoi la mayonnaise n’a pas pris

Consortiums d’exportation : Pourquoi la mayonnaise n’a pas pris

 

A ce jour, 17 consortiums d’exportation ont été juridiquement constitués, soit à peine 88 entreprises exportatrices.

Les exportateurs prônent une réforme du dispositif «Export Synergia».

 

Par M. Diao

 

La volonté des pouvoirs publics d’aider les entreprises marocaines à exporter davantage vers les marchés porteurs est confortée par la mise en place de plusieurs politiques publiques au cours de ces dernières années. A ce titre, il y a lieu de citer les dispositifs ayant trait aux primo-exportateurs, les contrats de croissance et l’audit à l’export, ainsi que le programme d’appui aux consortiums d’export qui retient notre attention.

Pour cause, bon nombre de spécialistes font le parallèle entre la force commerciale du pays à l’international et sa capacité à générer plus de consortiums d’entreprises d’exportation. D’ailleurs, c’est un truisme de rappeler que peu d’entreprises marocaines ont les reins assez solides pour répondre aux besoins des gros marchés (Amérique du Nord, Asie, UE).

Pour rappel, le concept de consortium d’export a vu le jour au Maroc en 2003. Sur la période 2003-2010, grâce au premier programme, 18 consortiums juridiquement constitués ont été créés au Maroc. Depuis 2013, une nouvelle formule du dispositif qui porte le nom de «Export Synergia» et dont la deuxième édition a été lancée en 2017, a été mise à place.

D’après les informations disponibles sur le site du Département de tutelle, à ce jour, l’on dénombre 17 consortiums d’exportation juridiquement constitués, soit 88 entreprises exportatrices. Celles-ci opèrent, entre autres dans les domaines du BTP, des TIC, de l’automobile et du textile.

Interrogé sur les résultats des différents programmes destinés à favoriser le regroupement d’entreprises exportatrices au sein de consortiums, Hassan Sentissi, entrepreneur et président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex), rétorque : «A mon sens, ce dispositif n’a pas été véhiculé comme il se doit par le Département du commerce extérieur». Et d’ajouter : «Je lance un appel à la tutelle qui doit revoir ce dispositif très important. D’autant plus que le Maroc doit rééquilibrer sa balance commerciale, structurellement déficitaire».

Rappelons que le programme «Export Synergia» apporte un appui financier global plafonné à 1,5 million de dirhams par consortium sur une durée de 24 mois. Ce montant permet de faire face aux frais de mise en place de la structure du regroupement ainsi que du financement des actions liées au développement à l’international.

 

Un soutien financier insuffisant ?

«L’appui financier global proposé par le dispositif «Export Synergia» n’est pas à la hauteur compte tenu des multiples besoins générés par les activités exportatrices», déplore-t-on du côté des exportateurs marocains, qui prônent également l’élimination du critère d’éligibilité lié au chiffre d’affaires. L’objectif étant d’augmenter, à travers la suppression du critère précité, le nombre de consortiums d’entreprises exportatrices au Maroc.

Pour rappel, jusque-là, les sociétés souhaitant se constituer en groupement d’exportation doivent faire partie d’un consortium constitué d’au moins trois entreprises de droit marocain ou coopératives, être en situation régulière vis-à-vis de la CNSS et de l’administration fiscale et réaliser un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 175 millions de dirhams hors taxes par an.

Par ailleurs, certains opérateurs nationaux ne manquent pas de rappeler que le Maroc gagnerait à suivre l’exemple de l’Etat turc qui déploie des efforts financiers colossaux afin d’encourager ses exportateurs, avec des résultats probants à la clef.

Le nombre réduit de groupements d’entreprises exportatrices devrait également être relié au caractère solitaire de la plupart des entrepreneurs marocains qui préfèrent souvent attaquer en solo les marchés étrangers. ◆

 


Une étude de l’AMSEX dans le pipe

«Les dispositifs et programmes publics qui encouragent la vente à l’étranger des produits nationaux devraient être revus à la lumière des conclusions de l’étude portant sur l’offre marocaine des produits exportables en cours de réalisation par l’Asmex», révèle Hassan Sentissi, qui suggère que cette étude devrait dicter l’orientation des futures politiques publiques en matière de promotion des exportations.

Et de confier : «Nous sommes actuellement en contact avec la tutelle afin de relancer Export Synergia sous une autre forme plus efficace».

 

 

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