Commerce : Quel bilan pour le plan Rawaj ?

Commerce : Quel bilan pour le plan Rawaj ?

 

- Le département de tutelle a cessé depuis un certain temps de communiquer sur le sujet.

- Des associations montent au créneau et appellent à relancer le programme.

 

 

Le commerce intérieur est l’un des secteurs les plus dynamiques du pays, mais il demeure soumis à plusieurs problématiques qui freinent son évolution. Rappelons que le gouvernement a lancé il y a quelques années une stratégie baptisée plan Rawaj pour le restructurer et le développer.

Ce plan prometteur a été décliné en plusieurs axes ayant trait notamment à la modernisation des points de vente de proximité et à l’augmentation de la qualité et la diversité des produits.

Il faut dire que la stratégie a donné ses fruits dans certains volets comme le développement de la grande distribution et les supermarchés. Les réseaux de franchise se sont également multipliés durant les dernières années, avec des offres répondant aux meilleures normes. Les lieux de commerce ont été bien aménagés et dotés d’un personnel formé, afin d’accompagner le mode de consommation des Marocains qui ne cesse d’évoluer et qui s’arrime de plus en plus aux tendances occidentales. Toutefois, dans le commerce traditionnel, les réalisations sont mitigées.

 

Des promesses…

 

«A l’époque du lancement du plan Rawaj, on nous a promis monts et merveilles notamment une couverture sociale, une formation et un accompagnement adéquats pour moderniser nos lieux de commerce. Quelques années après, rien n’a été fait et plusieurs professionnels n’ont pas adhéré, estimant que le programme manquait de transparence et de pragmatisme. Ce sont des dépenses en plus qui ne peuvent engendrer des marges supplémentaires», nous affirme Ahmed Chaouer, secrétaire général de l’Association des commerçants de détail de Casablanca.

«Nous sommes fortement concurrencés par la grande distribution. Nos marges ne cessent de diminuer. Nous sommes parvenus à résister à ces aléas grâce à plusieurs de nos clients qui nous font confiance. Nous répondons mieux à leurs besoins et leur accordons des facilités de paiement. Nous avons sollicité des réunions avec les autorités concernées notamment les départements du Commerce et de l’Intérieur mais nous n’avons pas trouvé d’échos favorables», déplore-t-il.

Il est à rappeler que le ministère de l’Industrie, du Commerce, a beaucoup communiqué sur la phase première du plan Rawaj (2009 et 2013) où 90% des objectifs ont été réalisés. Grâce un soutien financier de l’Etat de 564 millions de DH, 22.500 commerces de proximité ont ainsi été modernisés. Chaque point de vente bénéficiait d’une subvention de 25.000 DH pour sa refonte.

Mais depuis cette date, aucun bilan d’étape n’a été communiqué. Pourtant, le gouvernement a prévu une deuxième phase qui devrait s’étaler jusqu’en 2020. Le programme englobe également la réhabilitation des marchés informels, l’organisation du commerce ambulant et la mise à niveau des marchés de gros.

«Nous avons reçu beaucoup de promesses pour le recasement des marchands ambulants et autres commerces informels. Plusieurs opérations de recensement des personnes concernées ont eu lieu mais demeurent sans suite. Le phénomène ne cesse de s’amplifier et ces gens perturbent le bon fonctionnement du marché et crée un climat de tension», souligne Mohamed Larabi, vice-président de l’Association des commerçants du marché Korea à Derb Soltane à Casablanca.

Ce phénomène n’est pas isolé puisqu’il concerne plusieurs lieux de commerce essentiellement dans les quartiers populaires du pays. Mais pour le moment, les différentes autorités concernées, à savoir l’Intérieur et le département du Commerce, se renvoient la balle. ■

 

 


Des contraintes de taille

Le plan Rawaj n’a pas bénéficié d’une campagne de communication adéquate, à destination de la population cible. La lourdeur administrative et la présence de plusieurs intervenants ont compliqué la situation. La solution serait de revoir le modèle et de décliner les subventions selon le type de commerce, son emplacement et aussi la région. Par ailleurs, force est de constater que le secteur bancaire n’a pas participé comme il se doit à relancer le programme et financer les projets de modernisation. Ces organismes exigent des garanties que la plupart des commerçants ne peuvent pas fournir. Les associations ont proposé de créer un fonds de garanties pour faciliter les opérations.


 

C.J

 

 

 

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