CGEM : pas de sursis pour Mezouar

CGEM : pas de sursis pour Mezouar

 

Le nouveau président de la CGEM devra relever deux défis dans l’immédiat : peser sur la prochaine Loi de Finances 2019 et fédérer autour de lui tous les courants qui traversent le patronat.

 

 

Il n’y a pas eu de suspense. Plusieurs heures avant le dépouillement des votes des adhérents, les coulisses de l’AGO bruissaient d’informations faisant état d’une victoire quasi-certaine de Salaheddine Mezouar. La proclamation de la victoire de l’ancien président du Rassemblement national des indépendants (RNI), aux alentours de 15 heures, ce mardi 22 mai, n’aura ainsi pas surpris grand monde. La surprise est plutôt venue de l’écart important entre les suffrages obtenus par le binôme Mezouar-Mekouar et ceux exprimés en faveur de Hakim Marrakchi et sa colistière Assia Benhida : 5.173 voix pour les premiers contre 1.432 voix pour les seconds.  Pour l’ex-président de la COP22, c’est un plébiscite. Pour le patron de Maghreb Industries, le coup est rude, surtout après la campagne harassante qu’il a menée.

Le nouveau patron des patrons, qui écope d'un mandat de trois ans renouvelable une fois, succède donc à Miriem Bensalah- Chaqroun, dont l’action, tout au long de ses 6 années de présidence, aura profondément marqué la Confédération (voir encadré). Elle laisse derrière elle une CGEM forte, indépendante et acteur incontournable de la sphère économique nationale.

 

La Loi de Finances 2019 : premier test

 

Les défis ne manquent pas pour son successeur. Mezouar en est d’ailleurs conscient : «Nous avons du pain sur la planche. Nous allons aborder une nouvelle étape charnière où nous devons nous retrousser les manches, car le contexte est difficile», a-t-il déclaré juste après sa victoire.

Sa première mission en tant que président de la CGEM sera de prendre contact avec le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs afin de définir un nouveau contrat social, fort et inclusif. Le chantier a déjà été initié par la précédente présidence, qui a donc balisé le terrain. Il reviendra à Mezouar de le mener à son terme.

Le tandem Mezouar-Mekouar sera également sollicité dans peu de temps pour l’élaboration du projet de Loi de Finances 2019, dont les consultations au niveau des différents départements ministériels vont bientôt débuter.

Le patron des patrons devra démontrer sa capacité à arracher au gouvernement des mesures fortes en faveur des entreprises, les fameux «quick wins» qu’il a souvent promis lorsqu’il était en campagne : extension de l’exonération de la TVA sur les biens d’équipement, ou encore la mise en place d’un fonds de garantie pour financer le besoin en fonds de roulement (BFR) des PME.

Il s’agit là du premier véritable test pour le nouvel exécutif du patronat, qui conditionnera la suite de son mandat, et nous renseignera sur sa capacité à redonner confiance au secteur privé et à tenir ses promesses.

 

Mezouar doit rassembler

 

L’autre défi qui attend l’ancien ministre des Finances du gouvernement Abbas El Fassi sera de rassembler et de mobiliser l’ensemble des membres de la Confédération autour de sa personne. Car il serait erroné de considérer sa large victoire comme un blanc seing.

Mezouar devra rallier ceux qui n’ont pas voté pour lui ainsi que les déçus de son élection, et ceux qui défendent résolument l’indépendance totale du patronat vis-à-vis de la sphère politique, qui ne manqueront pas de l’attendre au tournant.

Son premier mot après sa victoire était d’ailleurs pour eux : «Je voudrais féliciter ceux qui ont voté pour Hakim et Assia», a-t-il déclaré, magnanime. Le nouveau patron des patrons souhaite «maintenir l’élan, le rassemblement et la mobilisation, pour nous aider à réaliser les objectifs».

Pour donner un gage de sa volonté de maintenir l’indépendance de la Confédération, Mezouar s’est solennellement engagé, devant l’ensemble des patrons, à «mettre entre parenthèses sa vie politique».

Une chose est sûre, au-delà du résultat de l’élection, c’est tout le patronat qui sort grandi de ce processus électoral. La CGEM, qui n’avait connu que des candidats uniques depuis 2006, vient de vivre un grand moment démocratique. «La CGEM a donné une grande leçon de maturité, à travers une dynamique d’échange loyale, éthique, mettant l’intérêt des entreprises et du pays au premier rang», a affirmé Mezouar. A lui de ne pas dilapider ce capital. ■

 


Miriem Bensalah-Chaqroun : «I did the job»

Le discours fort et plein de messages de Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente sortante de la CGEM, aura marqué les esprits.

La femme d’affaires a d’abord fait un bref récapitulatif de toutes les actions gagnantes menées par le patronat sous sa présidence, non sans déclarer : «I did the job».

Outre les avancées obtenues sur des dossiers cruciaux pour les entreprises, comme la mise en place d’un IS progressif ou encore le remboursement des arriérés de TVA, Bensalah se félicite surtout de deux acquis portant sur l’image même de la CGEM. Le premier concerne la représentativité de la Confédération qui a sensiblement augmenté durant la mandature Bensalah. La CGEM, qui compte près de 90.000 membres directs et indirects, est devenue l’unique et légitime représentant du patronat au Maroc. Cette représentativité s’est traduite par l’entrée au Parlement (Chambre des conseillers) de plusieurs de ses membres.

L’autre acquis auquel Bensalah tient farouchement, concerne l’indépendance de la Confédération. La patronne des Eaux minérales d’Oulmès a délivré un message on ne peut plus clair : «l’indépendance de la CGEM est un devoir, un principe, une ligne de conduite». Et d’ajouter : «la force réside dans l’union des forces, (…), et dans le refus de toute forme de compromission, ou d’amitiés captives qui iraient à l’encontre des intérêts des entreprises». Message reçu 5/5.


 

 

 

 

 

Par A. Elkadiri

 

 

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