Campagne agricole : la pluie se fait (déjà) désirer

Campagne agricole : la pluie se fait (déjà) désirer

 

Le marché des céréales, des légumineuses et des engrais tourne en deçà de la moyenne observée en pareille période. Le retard des pluies risque d’impacter les parcours naturels, donc le cheptel, et faire flamber les prix des aliments de bétail.

 

 

Les préparatifs vont bon train pour entamer la saison agricole 2017/2018. Les exploitants s’activent pour démarrer les travaux du sol dans de bonnes conditions. Il faut dire qu’ils profitent cette année des effets favorables de la campagne écoulée qui s’est soldée par une récolte de 98 millions de quintaux. Un résultat qui leur a permis d’améliorer leur trésorerie, et de constituer des réserves pour les semences ou pour l’alimentation de bétail.

Mais le retard des pluies commence à perturber ces activités. En effet, une bonne partie des fellahs, surtout dans les zones bour, n’a pas encore démarré les opérations d’emblavement. Plus de 5,6 millions d’hectares sont concernés par les céréales d’automne.

«La sécheresse a rendu les terrains agricoles très durs et difficiles à travailler. La pluie va permettre de rendre la terre plus souple. Nous sommes actuellement en chômage technique, alors que pendant le mois d’octobre, la demande sur les tracteurs agricoles battait son plein. Le retard des précipitations devra nous inciter à œuvre d’arrache-pied pour combler le temps perdu», affirme Redouane Haddaj, propriétaire d’un tracteur dans la région de Benslimane.

Dans les souks hebdomadaires, l’activité tourne au ralenti, surtout au marché des céréales et des semences. Un vent d’inquiétude souffle sur le monde rural, exprimant un malaise à peine ressenti.

«Le début de l’automne a toujours été marqué par une euphorie dans le marché des céréales. Cette année, les transactions sont en deçà de la normale à cause du manque de pluies. Mais nous sommes confiants. Plusieurs saisons avaient mal démarré par le passé mais elles se sont soldées par la suite par de bons résultats», affirme à son tour, Bouchaib Bahij, négociant de céréales à Souk Had Soualem, relevant de la province de Berrechid.

Même constat chez les commerçants de fertilisants qui confirment le faible engouement pour le moment pour ces produits. Même si l’Etat incite à leur utilisation, le niveau de leur pénétration reste timide. Il est nettement inférieur à la moyenne mondiale et à celle préconisée par la FAO.

Plusieurs exploitants hésitent encore à s’inscrire dans l’agriculture moderne à cause de leur niveau d’instruction et aussi leur faible pouvoir d’achat qui ne leur permet pas d’investir dans les engrais. Aussi, faut-il préciser que la fertilisation est un savoir-faire nécessitant un minimum d’expertise. Les efforts d’encadrement et de formation des fellahs touchent essentiellement les zones irriguées et, surtout, les cultures à forte valeur ajoutée.

Le climat météorologique nous rappelle à juste titre que le Maroc est sous l’influence d’un climat semi-aride, marqué par une alternance des saisons de sécheresse et d’humidité. Les exploitants commencent à cohabiter avec ce genre de situation non sans connaître une fluctuation du rendement.

Une bonne partie des agriculteurs est formée par des éleveurs. Leur souci est concentré essentiellement autour de leur bétail. Même si les disponibilités fourragères sont assez bonnes pour le moment, ils n’ont pas caché leur pessimisme.

«Les parcours naturels sont les premiers à être impactés par le retard des pluies. Si cette situation de sécheresse perdure, le cheptel sera touché. On assistera alors à une flambée des prix de l’alimentation et une forte régression de ceux des bêtes sur le marché. C’est un scénario que tous les éleveurs redoutent», souligne Benbarek Fenniri, président de l’Association nationale ovine et caprine (Anoc).

La flambée des prix de l’aliment de bétail rend l’exploitation difficile. Même en temps normal, les marges sont réduites. Actuellement, la situation n’augure rien de bon. ■

 

 

C.J

 

 

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