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Bus électriques : La production démarre en 2017

Bus électriques : La production démarre en 2017

baroudi SIE

A l’occasion de la récente visite royale en Chine, la Banque Centrale Populaire a signé un important accord de partenariat avec l’industriel chinois Yangtse Ltd. et la Société d’investissements énergétiques, portant sur un montant de 1,2 milliard de dirhams. Cet accord est destiné au financement d’une unité industrielle de production de bus électriques de dernière génération au Maroc. Ahmed Baroudi, Directeur général de la SIE, nous livre en exclusivité les détails de ce projet inédit.

 

Finances News Hebdo : Quels sont les enjeux derrière l’initiative d’une unité industrielle de production de bus électriques de dernière géné­ration au Maroc ?

Ahmed Baroudi : Le projet de développement d’une unité industrielle de production de bus électriques s’ins­crit dans la continuité de la dynamique déjà amorcée par le Royaume s’agissant du secteur industriel du transport. Cette initiative contribue au développement du tissu industriel du Maroc en fournissant une solu­tion de transport public efficace énergétiquement; elle contribue donc aux objectifs de la stratégie énergétique nationale visant à réduire la dépendance du pays par rapport au pétrole.

Le projet industriel consiste à produire des bus élec­triques dernière génération (Ultra-Light) «Made in Morocco», destinés aux marchés national et interna­tional.

Le transport urbain est au coeur des enjeux climatiques et industriels. Il s’agit du secteur le plus «énergivore» avec près de 41% de la consommation nationale en pétrole. Il contribue également à plus de 23% des émis­sions de gaz à effet de serre. La croissance annuelle de la consommation de carburants dans ce secteur évolue rapidement, avec un rythme supérieur à 5% par an.

D’autre part, en plus de l’urgence environnementale, le secteur présente de véritables enjeux industriels, socioéconomiques et financiers. Sur le plan industriel, s’appuyant sur le savoir-faire chinois, il est important de créer une industrie purement marocaine et pérenne se basant sur la recherche et développement impliquant nos universités. Ainsi, de nouveaux produits seront commercialisés avec le label «Made in Morocco». Une première au Maroc et en Afrique dans ce secteur. Cette nouvelle orientation permettra donc de produire des bus électriques tout en bénéficiant de la maîtrise du stockage de l’énergie et de la notion de réseaux intel­ligents. De plus, ces autobus dernière génération sont de véritables bijoux technologiques connectés; ils feront potentiellement partie intégrante des projets «Smart City» dans le Royaume. Ces développements nouveaux seront en plus accompagnés sur le volet formation professionnelle par l’OFPPT qui déploiera à Marrakech, près du centre de maintenance des bus électriques, un centre de formation fortement focalisé sur la mobilité électrique.

Le transport électrique permettra aux villes marocaines d’améliorer la qualité de l’air grâce à la réduction du taux de pollution. Les citoyens pourront alors bénéfi­cier d’une meilleure qualité de vie. La ville pilote est Marrakech; les premiers bus électriques seront opéra­tionnels en novembre prochain pour la COP22. Ce pro­jet aura un impact conséquent sur le plan économique: plusieurs nouveaux emplois verront le jour avec un transfert de savoir-faire et de technologie reconnu dans ce secteur à l’échelle internationale.

F.N.H. : Comment sera fait le montage financier ? Est-ce qu’une filiale commune sera créée ? Si oui, comment sera réparti le capital ?

A. B. : Ce projet sera porté par un joint-venture, à savoir une société commune marocaine qui associera 3 partenaires et qui sera dédiée au développement et à la fabrication d’autobus urbains et interurbains. Tout d’abord, la Société d’investissements énergétiques (SIE) intervient comme facilitateur et investisseur tiers de confiance pour promouvoir les projets dans les nou­veaux secteurs énergétiques. L’entreprise marocaine signataire du tour de table est Marita Group, active dans les domaines de l’immobilier, l’industrie et les nouvelles technologies. La société chinoise Yangtsé Motor Ltd est le constructeur de bus électriques partenaire.

En plus de ces trois partenaires porteurs du projet, le financement sera soutenu par la Banque Centrale Populaire, très engagée dans la promotion du «Made in Morocco» et la dynamisation des échanges Maroc- Chine. La répartition du capital de la société commune et le montage financier seront prochainement définis.

F.N.H. : Quels seront concrètement les rôles dévolus à la Société d’investissements éner­gétiques et à l’industriel chinois Yangtsé Ltd. ?

A. B. : La SIE, en tant que bras financier de l’Etat dans le secteur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, a vocation à investir de façon minoritaire dans le capital de la société commune, avec une option de sortie prévue entre 5 et 7 ans. La SIE agira comme facilitateur pour les démarches d’installation et de finan­cement de l’usine de fabrication de bus électriques. De plus, grâce à sa mission de tiers de confiance, elle per­mettra aux institutions financières marocaines d’injecter de l’argent dans le projet.

En plus de transférer son expertise au Maroc, l’industriel chinois Yangtsé fera également bénéficier la société commune de son réseau international.

F.N.H. : Quel est l’horizon de réalisation de cette unité et quand est-ce que les premiers bus électriques sortiront-ils d’usine ?

A. B. : La mise en place de l’unité de fabrication et le démarrage de la production des bus électriques sont prévus au courant de l’année 2017.

F.N.H. : Combien de bus électriques sortiront des lignes de production par an ?

A. B. : Le projet vise à produire à terme près de 1.000 bus par an.

F.N.H. : Quelles sont les retombées attendues en termes d’emplois directs et indirects ?

A. B. : Le projet aura un impact positif sur la création d’emplois au Maroc, avec une estimation initiale de 500 emplois directs et indirects qualifiés.

Bio express

Ahmed Baroudi a évolué de nombreuses années durant dans des milieux haute­ment technologiques à forte compéti­tion au niveau international. Il a passé plusieurs années dans le secteur des télécoms dans un grand groupe, pour ensuite évoluer dans le spatial au sein des équipes de l’un des plus importants leaders européens. Il y a mené plu­sieurs métiers dans différents secteurs stratégiques, jusqu’à la coordination d’un pan d’activités complet en Afrique. En février 2010, il est rentré au Maroc pour la création de la SIE qu’il dirige à ce jour.

Propos recueillis par David William

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