Situé au niveau du Centre Agdal des eaux et forêts à Rabat, le Centre national de gestion des risques climatiques forestiers (CRCF) vient de souffler sa première bougie. A l’occasion de cet évènement, le centre a ouvert ses portes pour dévoiler au grand-public comment le Maroc préserve l’une de ses richesses les plus précieuses, à savoir la forêt.
En effet, grâce à ce centre, doté des dernières technologies de pointe en matière de surveillance du territoire, d’analyse et d’évaluation des risques de feux de forêts et à l’image des centres américains, le Maroc a réussi à se situer en tête de liste à l’échelle régionale des pays qui enregistrent le taux le plus faible des surfaces incendiées.
«Ce centre est le couronnement d’un effort développé durant les 12 dernières années en matière de gestion des risques climatiques forestiers, notamment par rapport à la problématique des feux de forêts ainsi que des risques phytosanitaires», tient d’emblée à préciser Fouad Assali, chef du CRCF, qui nous a accueilli au sein de cette structure.
La visite a commencé à 11H du matin. Les ingénieurs ont les yeux rivés sur des écrans géants et guettent le moindre risque et le moindre incident.
Deux fois par jour, ils émettent des bulletins de risque qui permettent de garder un œil sur tout le territoire. Les données remontent en temps réel par les équipes sur le terrain (1.230 personnes et 96 unités mobiles). En cas d’incendie, les équipes, en état d’alerte maximale, sont sur le pied de guerre pour évaluer rapidement le niveau de risque, les moyens à déployer et le procédurier à mettre en place.
Car, en cas de déclenchement de feu, les premières heures sont cruciales pour le maîtriser et pour réduire les dégâts. Faut-il préciser que de mai à avril, saison de lutte contre les feux de forêts, le niveau d’alerte au Maroc est élevé. Rappelons qu’outre les conditions climatiques, le Maroc, à l’instar des autres pays du pourtour méditerranéen, est exposé aux risques d’incendies essentiellement provoqués par l’homme (les causes naturelles ne représentent qu’entre 1 à 5 % en fonction des pays).
Cette donnée, conjuguée aux paramètres climatiques, font de la préservation des richesses forestières une priorité nationale, et ce à tous les niveaux.
«La lutte contre les feux de forêts n’est pas uniquement l’affaire du haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification mais un effort développé en partenariat avec le ministère de l’Intérieur, la Protection civile, les Forces armées royales, la Gendarmerie royale, les Forces auxiliaires, les autorités locales… C’est cette coordination qui permet de diminuer l’impact de la problématique des feux de forêt», précise Fouad Assali.
Conscient de la nécessité de converger les efforts de tous les intervenants pour mieux agir, les équipes du centre veillent au grain, grâce aux outils technologiques dont ils disposent, afin de mettre en place le protocole d’intervention le mieux adapté à chaque situation et orienter les différentes équipes.
C’est donc au niveau du centre (photo ci-dessous), premier en Afrique en gestion intégrée des incendies de forêts, que se décident le protocole à suivre, les zones à protéger…
Cela permet aujourd’hui au Maroc d’enregistrer des performances notables en matière de lutte contre les feux de forêts. A noter qu’en 20 ans, même si le nombre de feux a augmenté de 10% (de 415 à 455 incendies), la superficie incendiée a considérablement diminué de 23% (de 3.700 ha/an à 2.850 ha/ an), voire même de 51% durant les 4 dernières années de 2013 à 2016 (seulement 1.812 ha/an).
Ces performances prouvent que le Maroc a acquis une expertise qu’il exporte désormais vers d’autres continents.
«C’est une expérience que nous avons commencée à exporter notamment vers l’Amérique latine. A noter que dans le cadre de la coopération Sud-Sud, le Maroc a préparé la cartographie des risques de lutte contre les incendies de forêts du Costa Rica», a précisé Abdeladim Lhafi, haut-commissaire aux Eaux et Forêts.
Et d’ajouter qu’outre la volonté d’exporter cette expertise vers d’autres pays notamment en Afrique, le Maroc cherche également à l’améliorer, et ce grâce à une coopération avec les Etats-Unis. A noter qu’un exercice de simulation sera effectué la semaine prochaine, au Nord du pays, avec des experts américains afin d’entraîner les équipes de terrain à une gestion la plus optimale des risques de feux de forêts. ■
Par L. Boumahrou