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Finance verte : «La grande nécessité est le financement de l’adaptation»

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Saïd Mouline, Directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique, se félicite de l’engagement du secteur financier national, banques en tête, dans l’accompagnement de la politique de transition énergétique et en matière d’efficacité énergétique.

 

Finances News Hebdo : Le Maroc s'est fixé comme cible de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32% d'ici 2030. Quel rôle peut jouer le secteur financier national et la finance verte pour atteindre cet objectif ambitieux ?

 

Saïd Mouline : Le secteur financier est primordial. D’ailleurs, notre objectif de 32% est lié à un accompagnement financier international. Je vous rappelle que notre pays émet très peu de gaz à effet de serre, il souffre beaucoup plus des changements climatiques qu’il en est responsable et malgré cela, il a tenu à être volontariste si la finance verte internationale l’accompagne. Je vous rappelle les «Principes de l’Equateur» pour gérer les problématiques environnementales et sociales liées au financement de projets de développement dans tous les secteurs. Des centaines de banques à travers le monde ont adopté ces Principes. Mais ce qui est aussi intéressant, c’est que l’exposition au carbone est considérée de plus en plus comme un risque financier par le secteur financier lui-même.

Notre secteur financier n’a pas attendu la COP pour s’engager et certaines banques se sont très tôt impliquées en adoptant des mesures volontaristes et en finançant des projets «verts».

Je n’oublie pas dans le secteur financier, outre les banques, la Caisse de dépôt et de gestion et aussi le secteur des assurances.

 

F.N.H. : Plusieurs banques marocaines ont émis récemment des obligations vertes. C'est le cas également de Masen. L'AMMC (Autorité marocaine du marché de capitaux) a par ailleurs publié un guide pour accompagner les émetteurs. Pensez-vous qu'une fois passé l'effet de mode lié à la COP22, les green bonds pourront contribuer, sur la durée, à la politique du Maroc en matière d'adaptation et d'atténuation ?

 

S. M. : Pour l’atténuation, c’est déjà le cas. Les besoins d’investissement liés à la transition énergétique sont énormes et les besoins en green bonds seront importants. La grande nécessité, et elle ne concerne pas que le Maroc, est le financement de l’adaptation. Les projets de gestion des milieux urbains, des zones rurales, des zones côtières, de l’eau, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire ou encore des écosystèmes naturels sont concernés. Il existe un fonds international d’adaptation créé en 2001 et opérationnel depuis 2007. Les propositions formulées lors de la COP22 par notre comité scientifique et l’accréditation de l’Agence de développement de l’agriculture auprès du Fonds vert nous laissent croire que ce ne sera pas un effet de mode. Nous avons d’ailleurs entamé en tant qu’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) les procédures pour être aussi accrédité auprès de ce fonds.

 

F.N.H. : Dans quelle mesure les banques peuvent-elles accompagner les entreprises en matière d'efficacité énergétique ?

 

S. M. : Nous avons des exemples aujourd’hui. Il faut féliciter les banques nationales qui ont mis en place des lignes dédiées à l’efficacité énergétique. Je pense bien sûr au programme Morseff porté par la BMCE Bank et la BCP, mais aussi au programme Effinergie porté par AWB ou au financement des pompes solaires dans l’agriculture porté par le Crédit Agricole du Maroc. Il faut continuer à développer ces sources de financement dédiées pour les différentes filières. Je voudrai rappeler ici que l’efficacité énergétique est rentable pour tout le monde. L’entreprise qui réduit sa facture énergétique, la banque qui a un client plus compétitif, le citoyen qui a un meilleur environnement et l’Etat qui réduit, lui aussi, sa facture énergétique et améliore sa balance des paiements tout en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre. ■

 

Propos recueillis par A.E

 

 

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