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Eolien : Coface tire la sonnette d’alarme

Eolien : Coface tire la sonnette d’alarme

 

Les coûts de production de l’industrie éolienne augmenteront sous les effets de la guerre commerciale et du resserrement des liquidités.

Coface prévoit plusieurs fusions qui permettraient aux industriels d'atteindre une taille suffisante pour faire face aux défis.

 

Le Maroc occupe la 2ème place en Afrique et au Moyen-Orient (MEA) en termes de parcs éoliens, derrière l’Afrique du Sud. Les ambitions du pays en matière de promotion des énergies renouvelables sont concrétisées par des objectifs ambitieux. Rappelons à ce titre que les différentes stratégies mises en place devraient permettre de porter la part des énergies renouvelables à 52% des capacités électriques installées à l’horizon 2030.

L’énergie éolienne constitue une composante-clef dans le mix énergétique de demain. L’actualité conforte amplement cela. La société marocaine Nareva et l’opérateur mondial des énergies renouvelables Enel Green Power ont annoncé récemment le closing financier et le démarrage des travaux de construction, à Midelt, du projet éolien intégré 850 MW. Le montant global de l’investissement s’élève à 2,5 milliards de dirhams.

Au-delà de ce rappel qui montre le parti pris du Royaume pour cette énergie propre, qui a conduit Siemens à s’implanter à Tanger pour la fabrication de pales, la récente annonce de Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, édifie sur l’évolution de l’industrie éolienne. Sachant que cette dernière devrait se renforcer au cours des années à venir au Maroc.

 

La guerre commerciale en toile de fond…mais pas seulement

A en croire les experts de l’assureur crédit, les coûts de production de l’industrie éolienne augmenteront sous les effets de la guerre commerciale et du resserrement des liquidités. Cette évolution s’opère dans un contexte où l’année 2018 connaîtra au Maroc le lancement du nouveau projet de parc éolien de Taza.

A l’échelle internationale, la croissance de l'énergie éolienne a été tirée jusqu’ici par la baisse des prix de vente des éoliennes. Cette donne s’avère être une arme à double tranchant pour les fabricants d’éoliennes, car cela est synonyme de baisse de rentabilité, avec des conséquences potentiellement néfastes sur les investissements potentiels.

De plus, d’après le leader mondial de l’assurance-crédit, les prix des matières premières orientés à la hausse sont de nature à augmenter les coûts de production d’une industrie déjà confrontée à la fin du financement à bon marché et à la guerre commerciale. D’autant que les éoliennes sont principalement fabriquées en acier. Par conséquent, l'industrie souffrira des mesures protectionnistes mises en œuvre depuis juin 2018. «Les coûts supplémentaires induits par la guerre commerciale en cours ne se feront pas sentir cette année, grâce notamment aux contrats de couverture des risques et ceux négociés préalablement avec les fournisseurs. Mais en 2019, les prix des matières premières devraient augmenter», prédit Coface, tout en précisant que «les coûts plus élevés ne se traduiront pas dans les prix de vente, mais auront une incidence sur les résultats nets des fabricants».

La fin du financement à bon marché impactera le secteur dans la mesure où jusqu'à présent, le développement des parcs éoliens s’appuie sur des subventions publiques et un accès facile au financement. Or, aux yeux des experts de Coface, le durcissement de la politique monétaire américaine, la fin de l'assouplissement quantitatif de la BCE ainsi que l'arrêt des subventions par certains gouvernements, rendraient plus difficiles l'accès aux liquidités. Résultat des courses : cette situation intensifierait la concurrence entre les fabricants d'éoliennes, ce qui entraînerait une nouvelle baisse des prix.

Coface prévoit dans ce contexte un vaste mouvement de concentration à travers plusieurs fusions dans le secteur, qui permettraient aux industriels d'atteindre une taille suffisante pour faire baisser les coûts des matières premières et des équipements. ■

 


Le Vieux continent continuera de dominer le marché mondial

Du côté de Coface, on laisse entendre que les fabricants européens d'éoliennes devraient conserver leur position de leader pour les dix prochaines années. La qualité réputée des fabricants européens, qui repose sur un vaste écosystème où l'innovation et la concurrence sont encouragées, ainsi que sur un développement global des ventes, confèrera au Vieux continent la position de leader en la matière pour la prochaine décennie. D’autres éléments justifient cette domination : avance technique, fort soutien financier national et européen, etc.


 

Par M. Diao

 

 

 

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