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Efficacité énergétique : L’AMEE souffre d’un manque cruel… d’efficacité

Efficacité énergétique : L’AMEE souffre d’un manque cruel… d’efficacité

 

- Des problèmes de «gouvernance et de gestion» plongent l’AMEE dans un état végétatif.

- Les objectifs d’efficacité énergétique ne seront pas atteints dans les délais.

 

 

Parent pauvre de la stratégie énergétique, l’efficacité énergétique n’arrive toujours pas à trouver sa place. Le Maroc est encore à la traîne sur ce volet, qui constitue pourtant l’un des piliers fondamentaux de la politique énergétique. A ce rythme, les objectifs d’économiser 12% de l’énergie à l’horizon 2020 et 15% en 2030 ne seront pas atteints.

Pis encore, contrairement aux attentes, la réorganisation de l’ADEREE (Agence de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique) en AMEE (Agence marocaine de l’efficacité énergétique) ne changera pas la donne.

En effet, depuis juin 2016, l’agence, censée accélérer son action pour rattraper le retard pris dans la mise en œuvre de la feuille de route de l’efficacité énergétique, sombre dans un état végétatif. Des problèmes de gouvernance et de gestion en seraient la cause, selon une source bien informée. Contactés à ce sujet, les responsables de l’Agence sont restés injoignables.

En réalité, l’AMEE traîne toujours les vieilles casseroles héritées de l’ère de l’ADEREE. Rappelons en effet que la Cour des comptes avait relevé, dans son rapport annuel 2015, l’insuffisance du rôle de l’ADEREE dans la mise en oeuvre de la stratégie énergétique nationale, particulièrement dans sa phase d’efficacité énergétique. L’agence n’avait pas décliné le volet de l’efficacité énergétique de la stratégie en plans d’actions, mais s’était contentée d’exécuter des projets lancés par l’ex-CDER (Centre de développement des énergies renouvelables).

 

Mieux identifier les objectifs et les champs d’action

 

La reconfiguration du secteur énergétique marocain visant à faire de l’AMEE un incubateur de l’efficacité énergétique demeure, de fait, bancal. Plusieurs pièces manquent au puzzle.

«L’AMEE n’a pas pu avancer dans la concrétisation de ses objectifs; elle déplore le manque de moyens financiers mais aussi d’incitations fiscales pour atteindre les objectifs fixés. Toutefois, force est de constater que les domaines d’action de l’Agence restent limités. Mais pas seulement, puisque l’AMEE a besoin d’améliorer le système de gouvernance, les approches et l’efficacité du travail. Il est impératif de mieux identifier les objectifs et les champs d’action de l’AMEE pour plus de concertation participative effective, de pertinence et de visibilité», avait déclaré Abderrahim Ksiri, membre du Conseil économique sociale et environnemental (CESE), sur nos colonnes.

Conséquence : un manque de clarté dans la mise en œuvre du programme d’efficacité énergétique dans les différents secteurs, à savoir le bâtiment, le transport et l’industrie. Par ailleurs, le retard de la publication des décrets d’application de la loi n°47.09 relative à l’efficacité énergétique et la mobilisation des financements nécessaires, n’a pas arrangé les choses.

Le seul projet qui tenait la route jusque-là, était celui du programme d’efficacité énergétique dans les mosquées. Or, depuis l’annonce de la sortie de la SIE du capital de Masen, deux appels d’offres lancés en décembre 2017 relatifs aux mosquées vertes ont été annulés.

Il s’agit, d’une part, d’un marché de 3,8 millions de DH pour la mise à niveau de l’éclairage et de l’installation électrique de 240 mosquées dans les villes de Kénitra, Témara et Salé. Et, d’autre part, d’un marché de 2,85 millions de DH portant sur la rénovation des systèmes d’éclairage, la mise à niveau de l’installation électrique, la fourniture et l’installation des chauffe-eaux solaires dans 90 mosquées de la ville de Rabat.

Cette décision découle de l’absence de position claire au sujet de la gouvernance de la SIE, qui prépare un transfert de tous ses dossiers relatifs à l’efficacité énergétique vers l’AMEE. Il s’agit donc d’une charge supplémentaire pour l’agence qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne parvient toujours pas à s’imposer sur la scène énergétique marocaine. Une question restera en suspens toutefois : quand l’AMEE se réveillera-t-elle de sa léthargie ? ■

 

 

Par L. Boumahrou

 

 

 

 

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