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Secteur des assurances : les zones à risques

Secteur des assurances : les zones à risques

 

Les compagnies d'assurances marocaines sont résilientes. Leur rentabilité progresse parallèlement à leur matelas de fonds propres et leurs résultats techniques, reflets de leur cœur de métier, sont en progression constante depuis 2012. Cela dit, certains points de vigilance subsistent.

 

 

Le secteur des assurances se porte plutôt bien au Maroc et ses perspectives de croissance sont prometteuses à moyen terme, surtout que la rentrée promet beaucoup de nouveautés pour le secteur : Assurance Takaful et RC décennale sont attendues pour les mois à venir alors qu'à plus long terme, la réforme du Livre IV devrait apporter un vent de fraîcheur au secteur.

Si l'avenir est radieux, le présent l'est tout autant. En effet, les données agrégées de l'exercice 2016 montrent que les primes émises ont progressé de 15,4% à 35,1 Mds de dirhams. Mais cette progression doit être nuancée à cause de la jambe Vie. Cette dernière a connu une hausse qualifiée d'exceptionnelle de 35,4%, résultat de l'arrivée sur le marché d'un nouvel acteur, la Mutuelle d'assurances Chaabi.

Dans la branche non-Vie, la progression de l'activité est plus proche des niveaux normatifs. Elle est tirée par l'automobile, premier contributeur de cette branche, avec une hausse de 4,6%.

 

Diversification : peut mieux faire

 

Bien que l'assurance Vie montre une grande résilience et se développe malgré le contexte de baisse des taux sur le marché financier (grâce à la bancassurane notamment), le secteur reste globalement concentré.

Les équipes de l'ACAPS le signalent d'ailleurs dans le dernier rapport sur la stabilité financière produit par le régulateur, l'AMMC et Bank Al-Maghrib. «La répartition des primes émises par catégories d’assurances montre que les assurances Vie et capitalisation représentent 40,7% du total du chiffre d’affaires, suivies des assurances véhicules terrestres à moteur avec une part de 28,4%» : ces deux branches s'accaparent 69,1% du marché.

Un fait suffisamment éloquent pour être signalé mais qui ne représente pas pour autant un risque pour le secteur : «Le caractère dominant de ces catégories ne fait pas peser au secteur un risque particulier», à en croire le rapport sur la stabilité financière.

 

Ratio sinistres/ primes : Inversion de la courbe

 

Le ratio sinistres sur primes (S/P) a augmenté en 2016 pour se situer à 69,4% contre 62,4% en 2015.

Cette reprise survient après trois années de baisse et peut être expliquée par certains phénomènes conjoncturels et d'autres plus structurels. Il s'agit premièrement d'une aggravation de la sinistralité de l’assurance automobile. Pour les professionnels, cette composante de risque devrait peser de plus en plus sur le secteur. Elle s'explique par la hausse rapide du parc couplée aux normes nouvelles de sécurité sur les véhicules qui les rendent plus «fragiles» pour améliorer la sécurité des usagers.  Cela peut paraître paradoxal.

Autre phénomène qui explique la reprise du ratio S/P est l’assurance accident du travail, qui petit à petit fait son chemin, et qui dit plus de couvertures dit forcément plus de sinistres. Enfin, l’assurance agricole est également pointée du doigt comme un phénomène plus conjoncturel cette fois. La sinistralité y a augmenté suite à la forte sécheresse qui a caractérisé l’année 2016.

 

Assurance-vie : les rachats inquiètent

 

Les régulateurs du secteur financier pointent également du doigt les rachats dans le secteur qui ont progressé de 66,7% en 2016 pour atteindre plus de 5,9 milliards de dirhams contre 3,6 milliards de dirhams en 2015 et 3,3 milliards de DH en 2014.

Cette hausse s’expliquerait par la suppression de la taxe de solidarité en 2016. Les détenteurs de contrats auraient vraisemblablement temporisé le rachat de leurs contrats jusqu’à la suppression de ladite taxe.

La tendance baissière des taux d’intérêt serait également à l’origine de cette hausse qui constitue un point de vigilance pour les régulateurs et dont il faudra surveiller la tendance cette année.

 

Des marges de solvabilité qui ne reflètent pas la réalité du secteur

 

«Bien que le niveau de la marge de solvabilité dépasse largement le minimum exigé par le cadre prudentiel en vigueur, cette marge ne reflète pas la réalité du secteur en matière de couverture des risques encourus, dans la mesure où elle ne couvre que le risque de souscription», annoncent les régulateurs.

D'ailleurs, le cadre prudentiel relatif à la solvabilité basée sur les risques en cours de préparation devrait permettre d'en savoir plus sur la capacité des compagnies à faire face aux risques.

Avec des fonds propres de 34,1 Mds de dirhams, le secteur dispose de suffisamment de soupapes de sécurité pour faire face aux chocs endogènes.

Le contexte des risques paraît stable et les compagnies arrivent à contourner la faiblesse des taux. Mais les points de vigilance doivent être constamment surveillés pour éviter les phénomènes d'érosion qui, à la longue, stoppent les capacités d'investissement et d'innovation. ■

 

A.H

 

 

 

 

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