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Paiement mobile : «Nous avons constaté une course à la mise sur le marché»

Paiement mobile : «Nous avons constaté une course à la mise sur le marché»

 

Younes Araqi Houssaini, du cabinet Effyis Partners, spécialisé dans le conseil en management en banque et assurance, revient sur les enjeux du marché naissant du paiement mobile.

 

 

Finances News Hebdo : Quels sont les enjeux du paiement mobile pour le marché bancaire ?

 

Younes Araqi Houssaini : Le constat aujourd’hui au Maroc est que l’avènement du m-payement intervient dans un marché des paiements contrasté et en pleine mutation : il y a, d’une part, des industries bancaires et numériques de plus en plus matures en comparaison avec les économies voisines (65% de taux de bancarisation et plus de 130% de taux de pénétration du mobile) et, d’autre part,  une omniprésence du cash dans les opérations de paiement (+90% de cash sur le volume total).

L’un des principaux enjeux du mobile payment réside donc dans la digitalisation des paiements, permettant à la fois de réduire les coûts liés au cash management et de démocratiser les services financiers en les rendant plus accessibles.

D’ailleurs, cela a poussé la Banque centrale à amorcer de nombreuses initiatives visant à ouvrir le marché des paiements et ainsi favoriser son développement (nouveau statut d’établissement de paiement, assimilation de la monnaie électronique à un moyen de paiement, nouveau switch monétique, ouverture du marché d’acquisition).

L’autre enjeu est économique, à l’image de l’expérience réussie de certains pays subsahariens autour du mobile money. En effet, l’impact peut se ressentir directement sur l’économie nationale, notamment à travers l’inclusion financière pour le segment des non bancarisés.

A noter aussi qu’au-delà de la digitalisation du paiement, l’enjeu est d’apporter une valeur ajoutée à l’écosystème des paiements, notamment via l’amélioration de la satisfaction client grâce à de nouveaux services qui doivent s’intégrer aux nouvelles habitudes du consommateur.

 

 

F.N.H. : Quelles sont les contraintes que connaissent les établissements dans le déploiement ? Quelles sont les erreurs à éviter ?

 

Y. A. H. : Les établissements financiers ont été confrontés à la nouveauté du sujet au Maroc, autant sur les aspects réglementaires, technologiques que de marché.

Premièrement, la machine réglementaire du paiement mobile est toujours en rodage, entre autres, à cause de la coexistence sur un même marché de deux industries fortes que sont les banques et les télécoms. Ceci a eu pour effet que les projets de mise en place des solutions de mobile payment au niveau des établissements ont dû évoluer en parallèle du processus réglementaire.

Deuxièmement, les établissements ont évidemment dû faire des choix technologiques en fonction des paramètres de coûts. Ceci a eu pour effet de privilégier des acteurs, certes experts, mais toujours en cours de rodage de leurs solutions.

Dernier point, nous avons constaté un effet de «course à la mise sur le marché» du produit mobile payment entraînant la mise à disposition d’applications incomplètes, produisant ainsi une vague de réclamations de la part des clients. Généralement, dans un contexte de forte compétitivité sur des produits «Mass Market», comme ce fut le cas en Europe sur des sujets comme la mobilité bancaire (loi Macron) ou l'Instant Payment, on conseille à nos clients la mise en production de solutions MVP (Minimum Value Product) viables et sécurisées.

 

 

F.N.H. : Quelle serait la prochaine étape selon votre expérience à l'international ?

 

Y. A. H. : Le mécanisme du paiement mobile est très variable selon les pays, dépendant principalement du contexte et des enjeux de l’industrie du paiement local.

Au Maroc, le dispositif a été calqué sur le modèle de la monétique, notamment sur les aspects d’interopérabilité via un Switch mobile. Les établissements de paiement avancent donc dans la prise en main des solutions acquises ainsi que sur la structuration progressive du produit.

Les prochaines étapes cruciales sont d’ordre organisationnel : disposer en interne, dans un premier temps, de ressources humaines compétentes et formées. Ensuite, optimiser l’organisation et les interactions des acteurs internes et externes afin qu’elles soient capables de répondre au double enjeu : impacter positivement le PNB et augmenter la satisfaction des clients. ■

 

 

Propos recueillis par A.H

 

 

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