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Lancement de BTI Bank au second semestre 2017

entretien Brahim Benjelloun Touimi BTI Bank

Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur Directeur général exécutif de BMCE Bank of Africa, lève le voile, entre autres, sur le projet de banque participative, BTI Bank (Bank Al Tamweel Wa Al Inma), et sa stratégie commerciale. Il évoque également la mobilisation du secteur bancaire pour la finance verte.

 

 

Finances News Hebdo : BMCE BoA s’apprête à lancer sa filiale de banque participative avec un partenaire international de choix (Al Baraka Banking Group). Quelles sont à votre avis les conditions requises pour que cette nouvelle activité apporte une réelle valeur ajoutée au financement de l’économie ?

 

Brahim Benjelloun-Touimi : Les conditions sont en train d'être réunies pour que la finance participative puisse apporter une réelle valeur ajoutée au financement de l'économie marocaine et contribuer positivement à la croissance de son secteur bancaire.

Les agréments octroyés aux promoteurs des banques participatives sont les premiers jalons de l'écosystème de cette finance participative. Ils seront complétés avec, pareillement, l'octroi d'agrément aux assurances Takaful ainsi que la mise à disposition des premiers instruments par­ticipatifs sur les marchés de capitaux éponymes qui doivent, aussi être institutionnalisés. On escompte également la poursuite de la promul­gation de textes réglementaires visant, notam­ment, une harmonisation fiscale et comptable par rapport aux produits conventionnels, outre qu'on s'attelle au travail, fondamental de place, autant qu'il est individuel à chaque banque participative, de sensibilisation et de communication vis-à-vis de la clientèle et, plus généralement, des parties prenantes.

En termes de priorités, elles concernent, nous semble-t-il, d'une part, l'assurance Takaful, car en effet, l'offre de produits de la banque participative devra être accompagnée, dès le démarrage de leur commercialisation, d'une offre correspondante de produits d'assurance Sharia Compliant pour y être adossés.

D'autre part, les banques participatives auront besoin, pour financer leurs activités et leur liquidité, de disposer d'outils de financement de qualité conformément à cette même éthique. Ce sont, en l'occurrence, les obligations structurées conformément à la Sharia, dites obligations Sukuks. Au démarrage, pour étayer les fonda­tions de ce marché, ce seront, comme l'envisage de le faire le Trésor marocain, des Sukuks sou­verains. D'autres outils pourront s'y adjoindre comme les OPCVM Sharia Compliant.

 

F.N.H. : Où en est la banque dans son projet de banque participative ? Quelles sont vos ambitions sur ce marché ?

 

B. B. T. : Notre nouvelle banque participative, dénommée Bank Al Tamweel Wa Al Inma, ou encore BTI Bank, est dans la phase finale de préparation de son lancement, prévu au début du second semestre de l’année. Notre ambition, avec nos partenaires d'Al Baraka Group, est d’en faire une banque commerciale participative de détail de premier ordre. BTI Bank se prépare à offrir des prestations de service de qualité, spécifiques, dédiée aux particuliers, aux PME et aux corporates. Nous comptons bien qu’elle contribue pour sa part, au même titre que la banque conventionnelle BMCE Bank, à la poursuite de la bancarisation du pays et à la croissance et au développement économique de notre pays au profit de franges plus élargies de la population marocaine.

 

F.N.H. : Pouvez-vous décliner les grands axes de la stratégie de BMCE Bank of Africa dans le déploiement de sa filiale participative, notamment sur le plan commercial ?

 

B. B. T. : La volonté des deux actionnaires fondateurs de BTI Bank est que la clientèle de la banque de détail, notamment les particuliers, soit une cible privilégiée. L'objectif est, dans une première phase, de les servir à travers une vingtaine d'agences.

Dans le même temps, notre banque participative offrira un large éventail de produits et services bancaires aux entreprises pour le financement du fonds de roulement, le Project finance et le Trade finance.

Enfin, les PME, compte tenu de leur poids dans l’économie nationale et des considérations liées aux attentes et perceptions de leurs propriétaires et dirigeants, seront servies par un certain nombre de packs de produits qui couvrent leurs besoins. Enfin, BTI Bank sera, bien entendu, un des acteurs clés du marché de la trésorerie.

 

F.N.H. : En octobre dernier, le Président Othman Benjelloun lançait «L’appel de Casablanca», en faveur de l’institution­nalisation et le développement d’un véritable marché bancaire africain vert. Quelque mois après cet appel solennel, les choses évoluent-elles dans le bon sens, selon-vous ?

 

B. B. T. : L'appel de Casablanca fut lancé par le président Othman Benjelloun à l'occasion d'un événement important, co-organisé en octobre dernier à Casablanca, entre BMCE Bank of Africa et la BERD. Il porte sur la nécessité d'institution­naliser et de promouvoir la finance durable, en débutant par le Maroc dans la perspective que cette initiative puisse concerner tout le continent africain. Cet appel a été entendu dans notre pays. A l'occasion de l'organisation de l'évènement planétaire de la COP22 à Marrakech, l'ensemble des parties prenantes du système financier, à travers leurs plus hauts responsables, ont fait à ce sujet des déclarations solennelles et pris des engagements clairs.

Ainsi, à l'initiative de Bank Al-Maghrib, le minis­tère des Finances, les régulateurs de l'assurance (ACAPS), de la Banque (BAM) et des marchés de capitaux (AMMC), les associations profession­nelles de la banque (GPBM) et de l'assurance (FMSAR) ont conjointement annoncé la mise en oeuvre d'un programme multidimensionnel -feuille de route- visant la promotion de la finance durable et, plus particulièrement, de la finance climatique, avec l'ambition que Casablanca en représente le hub financier.

Pour sa part et, plus spécifiquement, la commu­nauté bancaire, par la voix du président du GPBM et de BMCE Bank of Africa, Othman Benjelloun, a fait part des six engagements du secteur ban­caire marocain dans la dynamique de finance responsable.

Voyez-vous, les enjeux du développement durable et, plus particulièrement, du changement clima­tique, sont vitaux pour l'avenir du Maroc et du continent africain.

Le leadership de notre pays, son rôle d'avant-garde, vont bénéficier aux pays africains partenaires du Royaume. Ils peuvent se joindre plus solidairement à ce mouvement structurant, mais de longue haleine qui, au prix de transitions énergétiques, devra aboutir à des transformations durables vers une économie de faible carbone, voire décarbonisée.

Le groupe BMCE Bank of Africa tente d'y contribuer dans la mesure de ses moyens, à travers des partenariats stratégiques noués avec des entreprises africaines et des conventions financières scellées avec des organismes financiers bilatéraux et multilatéraux. ■

 

Propos recueillis par A. Elkadiri

 

 

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