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Fonds souverains : A Marrakech, la profession tire les leçons de Santiago

Fonds souverains : A Marrakech, la profession tire les leçons de Santiago

 

- C’est l'heure du bilan pour les principes de Santiago, définis en 2008 pour mieux encadrer les pratiques des fonds souverains.

- L'Afrique, terrain fertile pour les investissements .

 

L’industrie des Fonds souverains s'est donnée rendez-vous dernièrement à Marrakech pour la dixième édition du «Forum international des fonds souverains». Ces rencontres annuelles, qui ont pour but de rassembler les fonds les plus importants de la planète, a été organisée pour la première fois au Maroc, sous l'impulsion du Fonds souverain marocain, Ithmar Capital. La symbolique est de taille, puisque 10 ans après la crise financière et l'instauration des principes de Santiago pour mieux encadrer les pratiques de ces colosses, c'est l'Afrique, terre de croissance pour ces fonds, qui accueille pour la première fois cette rencontre.

 

L'heure du bilan

Les principes de Santiago sont un ensemble de bonnes pratiques sur le fonctionnement des fonds souverains, définies par le Fonds monétaire internationale (FMI) en 2008 à Santiago, au Chili. A l'époque, le FMI voulait encadrer les pratiques pour éviter l'opportunisme de certains pays en pleine période de crise financière, notamment en matière de géopolitique. Ces principes concernent principalement la gouvernance, la communication et la gestion opérationnelle supposée être efficiente, les poussant à éviter les considérations «politisées» et rechercher le rendement.

Les fonds d’investissement souverains, reconnus comme des investisseurs institutionnels bien établis et d’importants acteurs du système monétaire et financier international, ont gagné en crédibilité et en stature depuis cette date.

Mais pour Jin Liqun, président de l'Asia, (Infrastructure Investment Bank), les fonds souverains gagneraient encore plus en force de frappe en se concertant entre eux et en adoptant une approche participative. Il s’agit, autrement dit, de faire de l'autorégulation, qui serait justifiée par l'importance systémique de ces opérateurs. Il a, à ce titre, proposé plusieurs actions pour maximiser la capacité des opérateurs à créer de la richesse : réfléchir ensemble à une refonte ou à une amélioration des principes de Santiago, penser le plus possible «Value», c'est-à-dire à la création de valeur pour les fonds, puis pour leurs cibles, augmenter la coopération internationale, (notamment à travers le co-investissement) et la coopération technique, avoir une réglementation internationale globale tout en agissant localement et, enfin, développer la confiance des acteurs économiques dans les fonds.

Ce plaidoyer en faveur de la globalisation et de l'entraide internationale a une résonnance particulière dans le climat de protectionnisme actuel installé par Donald Trump. Jin Liqun, en se confiant à Finances News Hebdo, décrit d’ailleurs la guerre commerciale qu'entretiennent les Etats-Unis comme une perte planétaire. Pour cet ex-patron de fonds souverain, il faut remettre les choses à plat en instaurant un dialogue gagnant entre les nations.

 

L'Afrique, terre de fonds souverains

Relativement nouvelle sur l'échiquier international des fonds souverains, l'Afrique en compte désormais 13, dont le fonds marocain Ithmar Capital. Les ressources de ces fonds sont cycliques et dépendent des cours des matières premières. On parlait de 114,27 Mds de dollars américains d'actifs sous gestion en 2009. Un chiffre qui est passé à 159 Mds en 2015, soit une hausse de 39% sur la période, l'un des taux de croissance les plus élevés au monde.

Les récentes découvertes de pétrole, de gaz et de minéraux dans de nombreux pays africains, associées à une forte croissance économique dans certains pays, devraient booster la création et l'alimentation à terme de ces fonds.

Ces chiffres sont à mettre en relief avec l'industrie mondiale des fonds souverains, qui ne compte pas moins de 866 Mds de dollars d'actifs ajoutés rien que sur les 12 derniers mois, pour les 78 fonds répertoriés à travers le monde.

Outre l'offre de fonds, l'Afrique est un continent d'opportunités. Ses fondamentaux attirent particulièrement les pourvoyeurs de fonds : une population en croissance, une main-d'oeuvre nombreuse et une urbanisation rapide. La hausse de la production manufacturière est également de nature à faire de la région l'une des plus attractives au niveau mondial.

 


15 milliards de dirhams pour Ithmar Capital

Le fonds souverain marocain Ithmar Capital est un instrument de mobilisation de l’investissement institutionnel, essentiellement dans le tourisme. Une première diversification est attendue dans l'énergie, car le fonds devra participer au financement du gazoduc Maroc-Nigéria.

En attendant, il est engagé sur un peu plus de 15 milliards de dirhams (1,8 milliard de dollars) dans ses différents projets. Ithmar est capitalisé à hauteur de deux tiers par des fonds publics et un tiers par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social (détenu à 100% par l'Etat).

 

 

A.H

 

 

 

 

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