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Finance participative : Les PME-PMI aux aguets

Finance participative : Les PME-PMI aux aguets

 

 

Si l’expérience marocaine en matière de finance participative est embryonnaire, l’ambition est là pour créer un modèle viable et pérenne. Se pose alors la question de l’apport de ce type de finance aux PME-PMI ? Ces dernières étant le parent pauvre de l’accès au financement conventionnel, seront-elles mieux desservies par le participatif ?

 

 

 

La finance participative au Maroc est embryonnaire. En effet, cela fait seulement plus de trois mois que les premières banques participatives ont démarré leurs activités sur le marché, essentiellement avec la Mourabaha immobilière destinée aux particuliers, alors que l’écosystème complet lui, est toujours en cours de construction. Pour autant, elle constitue un jalon de plus vers la diversification du paysage financier marocain.

Le Maroc, qui a fait le choix d’un système dual au sein duquel les institutions financières participatives et conventionnelles coexistent à l’instar de pays comme la Malaisie, est déterminé à mettre en place une réelle industrie financière participative, avec tous les mécanismes que l’on retrouve dans la finance conventionnelle.

Il est dès lors légitime de se projeter dans l’avenir et essayer de quantifier l’apport de la finance participative au pays et à la croissance de son économie, plus particulièrement à la PME-PMI.

Ce fut d’ailleurs l’objet du débat tenu à l’occasion d’une cérémonie organisée par Dauphine Casablanca, en l’honneur de la première promotion de l’Exécutive Master Principes et Pratiques de la finance islamique. L’occasion donc de questionner autorités et professionnels sur l’apport de la finance participative aux PME-PMI, l’accompagnement de cette composante par des organismes comme le GPBM (Groupement professionnel des banques au Maroc), la FMSAR (Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance) ou encore la Bourse de Casablanca, mais aussi de benchmarker à travers notamment l’expérience de la Banque islamique de développement en matière de financement des PME-PMI dans des pays où la finance participative est bien ancrée.

 

Un travail d’orfèvre

 

Autorités et opérateurs mettent les bouchées doubles pour créer un système pérenne, fiable et qui intéresse les investisseurs. Le secteur bancaire a ouvert le bal en permettant ainsi de jauger le marché. Quant à la place accordée à la PME-PMI dans la banque participative, El Hadi Chaibainou, Directeur général du GPBM, rappelle à juste titre que ce qui vaut pour les particuliers vaut pour les entreprises dans le cas de la finance participative, puisque la Mourabaha immobilière peut également servir pour l’acquisition de locaux pour les entreprises. Sans oublier d’autres produits spécifiques à l’entreprise comme Ijara, Istisnaa les Sukuk.

Tout en expliquant que l’écosystème se construit avec le soutien des institutions comme Bank Al-Maghrib et les banques, en toute concertation pour assurer sa pérennité, le DG du GPBM a insisté sur l’importance de la communication pour sensibiliser à la finance participative que beaucoup pensent gratuite.

Pour la mise en place de tout le système, Othman Khalil Elalamy, secrétaire général de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, note qu’un travail d’arrache-pied se poursuit pour compléter le cadre réglementaire, puisque régulièrement des textes sont soumis au visa du Conseil supérieur des Ouléma. Le chantier du plan comptable est également ouvert. Il insiste néanmoins sur la rigueur du travail en cours, puisqu’il ne s’agit pas de brûler les étapes, mais plutôt d’asseoir un écosystème pérenne.

Même son de cloche du côté de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance. Son Directeur général, Bachir Baddou, rappelle qu’il ne s’agit pas de mettre en place uniquement le Takaful pour accompagner la Mourabaha immobilière qui n’est qu’un produit parmi tant d’autres, mais de mettre sur pied une industrie de l’assurance qui motivera les investisseurs totalement différents du modèle conventionnel, mais également avec son lot de difficultés, notamment la mise en place d’une branche vie et celle non-vie.

Cela prendra le temps qu’il faudra donc. Toujours est-il qu’il annonce que, dans un premier temps, les produits d’assurance participative seront distribués par le réseau conventionnel pour servir rapidement le marché.

Ces compagnies en devenir ont également besoin de placer leurs ressources dans des instruments financiers participatifs, ce qui nécessite l’éclosion d’un marché de capitaux participatifs. Dans ce sens, Badr Benyoussef, directeur du Développement de la Bourse de Casablanca, explique que le marché de capitaux est ouvert aux Sukuk, aux ETF et à la cotation des banques et assurances participatives. Cela marche de la même manière que le conventionnel, si ce n’est qu’on est attentif à deux indicateurs : celui de l’activité et celui du résultat financier, les deux devant être Sharia Compliant.

En effet, la structure financière ne doit pas avoir une activité dans des secteurs interdits par la Sharia et ne doit pas dépasser certains seuils en termes d’endettement et d’effet de levier.

Ce qui manque actuellement, ce sont les mécanismes de titrisation, mais le responsable assure que la Bourse de Casablanca travaille dessus, en plus du règlement général. De même qu’un indice boursier est en cours d’élaboration, qui sera soumis également au visa du CSO.

Il est important de ratisser large pour prendre en considération les besoins et les contraintes des PME-PMI tant que le modèle est toujours en cours de construction. En effet, bien que la finance participative ne représente qu’une infime partie du paysage financier marocain, il n’en demeure pas moins qu’elle a pour obligation d’enrichir et de diversifier l’offre, avec des mécanismes certes différents, mais complémentaires du conventionnel, qui doivent être aussi compétitifs. ■

 

 

 

L'expérience de la BID mise en exergue

L’expérience de la finance participative étant à ses débuts au Maroc, un benchmark est plus qu’utile dans ce sens pour dégager une tendance générale de ce qui se fait en matière d’accompagnement des PME-PMI. Présente dans une cinquantaine de pays, la Banque islamique de développement a une expérience conséquente en la matière. Mohamed Berrada, Senior Associate au bureau régional de la SID, sis à Rabat, filiale en charge du financement du secteur privé du groupe de la Banque Islamique de développement (BID), précise d’emblée que les défis du financement de la PME-PMI sont les mêmes, tant pour le modèle conventionnel que participatif. Il indique par ailleurs que le benchmark permet d’identifier deux familles de produits : la dette et l’equity. Mais l’écrasante majorité, soit plus de 90%, a recours à la dette.

Le groupe accompagne les entreprises par deux canaux : l’aide directe ou les lignes de financement pour les banques pour proposer des produits dédiés aux entreprises. Il note également que la BID a créé 7 fonds d’investissement participatif dans le monde. Le responsable a émis le souhait que le huitième voie le jour au Maroc au grand bonheur des PME-PMI. ■

 

 

I.B

 

 

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