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Comment développer une culture Sukuk au Maroc [Entretien]

Comment développer une culture Sukuk au Maroc [Entretien]

Boubkeur Ajdir, Partner IFAAS


 

Le gotha du marché africain des Sukuk s'est réuni à Casablanca, à l'occasion de l'occasion de l'Africa Sukuk Conference, pour discuter du potentiel de ces instruments. 

Le point avec Boubkeur Ajdir organisateur de l'événement.

 

Propos recueillis par A. Hlimi

 

Finances News Hebdo : Quelle est la légitimité du Maroc pour abriter un tel événement ?

Boubkeur Ajdir : L'Africa Sukuk Conference est un événement résolument africain. Nous avons choisi Casablanca parce que la ville se positionne comme place financière tournée vers le continent. Aussi, le Maroc veut jouer un rôle moteur dans la finance participative.

L'idée est de réunir des professionnels pour débattre et échanger, et voir quelles sont les perspectives de développement à travers les Sukuk. Cette conférence est l'occasion de discuter du rôle que peut jouer cet instrument dans le financement des économies de la région, mais également de sujets plus techniques sur les standards de gouvernance des Sukuk, organisés par l'AAOIFI dans le cadre de la conférence. L'AAOIFI  étant l'organe de standardisation de la finance islamique.

 

F.N.H. : A entendre les professionnels, il y a plus de défis que d'opportunités pour le développement de ce moyen de financement ? 

B. A. : Les défis sont d'ordre réglementaire et juridique avant tout. Mais ils sont tous surmontables. C'est pour cette raison que nous insistons sur la présence d'avocats et de juristes aux côtés des banques et des opérateurs dans ce type d'évènements.

Nous estimons que le principal défi des instruments Sukuk est de garantir la sécurité juridique nécessaire aux investisseurs et une certaine harmonisation des pratiques. Les autres défis concernent l'aspect comptable. Il faut que les opérateurs comprennent ce qu'ils traitent pour le faire convenablement.

Le défi de la fiscalité est aussi primordial car il ne faut pas que les produits participatifs, que ce soit les Sukuk ou autres, coûtent plus chers.

Les autorités marocaines ont commencé le processus réglementaire nécessaire pour mettre la finance participative et conventionnelle sur le même pied d'égalité. Cette tâche-là est à relever par l'ensemble des opérateurs. Les autorités anglaises ont très tôt compris cela. Depuis 10 ans, ils ont fait le nécessaire pour rendre les sukuk attractifs. Il y a aussi le défi de la pédagogie. Il faut que les opérateurs eux-mêmes comprennent le fonctionnement de cet outil. Les investisseurs aussi doivent saisir la nature du risque associé à ce placement et le rendement qu'il peut procurer.

 

F.N.H. :  On parle beaucoup d'autorités. Les banques participatives n'ont-elles pas un rôle à jouer à leur tour dans le développement des Sukuk ? 

B. A. : Les banques participatives peuvent jouer différents rôles effectivement. Elles peuvent se positionner entre émetteurs et investisseurs, dans ce qui peut ressembler à des activités de banques d'investissement. Elles peuvent aussi jouer un rôle d'arrangeur ou de dépositaire.

Les banques participatives peuvent aussi chercher à capter des investisseurs et pas uniquement les gros investisseurs. Le Sukuk retail se développe dans plusieurs pays et c'est aux banques participatives de développer cette offre. C'est un instrument d'investissement et de diversification conforme aux convictions des clients des banques participatives.

 

F.N.H. : Voyez-vous d'autres leviers pour soutenir le développement du Sukuk ?

B. A. : J'insiste sur le rôle de la pédagogie pour bien accompagner le démarrage. Les évènements comme celui-ci permettent d'atteindre cet objectif. L'effort des autorités doit se maintenir pour compléter le cadre réglementaire et inscrire durablement la finance participative dans le paysage économique. ◆

 


Sukuk : les pistes pour fluidifier la machine

Intervenant lors de ce sommet, Hubert de Vauplane, Partner chez le cabinet d’avocats américain Kramer Levin, identifie trois leviers pour augmenter l'attractivité des Sukuk : la transparence, en s'inspirant par exemple des modèles de suivi des flux dans les émissions des Green bonds; la standardisation, qui permet la négociabilité des Sukuk sur le marché secondaire; et enfin le cadre réglementaire pour une plus grande protection des investisseurs. Des points qui doivent être convenablement fixés pour attirer la finance conventionnelle et les investisseurs étrangers sur ce type d'émissions.

 

 

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