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Banques : Nouveaux tours de vis réglementaires en 2019

Nouveaux tours de vis réglementaires pour les banques en 2019

 

- Il s’est passé à peine 9 mois depuis l’instauration de l’IFRS 9, que Bank Al-Maghrib prépare déjà une nouvelle feuille de route réglementaire pour les banques en 2019.

 

Depuis 2010, Bank Al-Maghrib œuvre pour la transposition du dispositif Bâle III, tout en tenant compte des spécificités du contexte économique et financier national. D’abord, elle a graduellement transposé les exigences en fonds propres de Bâle III, en relevant les seuils minimums de fonds propres des banques, avant d’introduire, à des fins macro-prudentielles, un coussin de fonds propres contracycliques qui se situe entre 0% et 2,5% des risques pondérés.

Puis, en termes de liquidité, le système bancaire marocain a connu l’entrée en vigueur en 2015 du ratio LCR (Liquidity Coverage Ratio), et ce après une période d’observation de 18 mois, au terme de laquelle plusieurs ajustements ont été apportés. Notons qu’à cette date, le ratio minimum à respecter par les banques avait été fixé à 60%, puis augmenté progressivement de 10% par an pour atteindre 100% au 1er juillet 2019.

Bank Al-Maghrib annonce à présent l’inscription de deux nouvelles réformes dans son programme réglementaire de 2019. Il s’agit du ratio de levier et du ratio de liquidité NSFR (Net Stable Funding Ratio).

 

Ratio de levier

 

Introduit dans les accords de Bâle en 2014, le ratio de levier est destiné à accroître les fonds propres des organismes financiers par rapport à un niveau de risque. Il mesure le rapport entre le total des actifs, autrement dit l’exposition au risque, et les fonds propres de base d’une banque (Tier 1). A la différence du ratio de solvabilité, son calcul se base sur l’ensemble des engagements (bilan et hors bilan).

Bank Al-Maghrib nous apprend dans son rapport annuel sur la supervision bancaire, que «la réflexion sur l’adoption de cette norme au niveau national a donné lieu à la conduite d’une étude d’impact, dont les résultats ont fait ressortir un recours modéré par les banques marocaines à cette technique». Elle a donc inscrit cette réforme dans son programme réglementaire de 2019.

Fixé à 3%, il permet de limiter la part des actifs de la banque qui est financée par de la dette. Ainsi, plus le ratio de levier est élevé, moins la part de dette dans le financement des actifs (prêts, actions, obligations, instruments dérivés, etc.) de la banque est importante. Inversement, plus il est bas, moins la part de fonds propres dans le financement des actifs de la banque est élevée.

La mesure de ce ratio de levier, et surtout l’instauration d’un plancher, vise à limiter l’effet de levier. Ce dispositif obligera donc les banques marocaines à poursuivre le pilotage de leurs fonds propres, alors que ces dernières surveillent déjà leurs risques pondérés et leur liquidité à court terme, via le ratio LCR.

En Europe, une période d’évaluation de la mesure a été prévue de 2015 à 2017, pour une intégration définitive en janvier 2018. À noter qu’il existe depuis longtemps aux Etats-Unis, où il est de 6%, et en Grande-Bretagne, où il est fixé à 4%.

 

Ratio NFSR

 

Si le LCR a pour but d’éviter des crises de liquidité à court terme, le NSFR (Net Stable Funding Ratio), lui, est un ratio structurel de liquidité à long terme.

La définition donnée par la Banque des règlements internationaux à ce ratio est la suivante : «Le NSFR correspond au montant du financement stable disponible rapporté au montant du financement stable exigé. Ce ratio devrait, en permanence, être au moins égal à 100%». En clair, ce ratio de liquidité, déterminé à long terme, restreint les financements longs des banques aux ressources longues dont elles disposent. Bank Al-Maghrib a programmé l’examen de cette réforme en 2019.

Un premier niveau d'analyse laisse penser que ce ratio apporte des garanties pour le secteur (réduction du risque de dépendance, qui peut s'avérer dangereux en cas de crise de liquidité). Pourtant, son respect va contraindre les banques à détenir davantage de ressources longues en face de leurs emplois longs, ce qui va à l’encontre du métier traditionnel du banquier (transformation bancaire), consistant à prêter à long terme et se refinancer à court terme. Ainsi, la hausse des coûts de refinancement devrait mécaniquement entraîner une hausse des taux d’intérêt.

Enfin, Bank Al-Maghrib a prévu également d’étudier la transposabilité des nouvelles révisions apportées par le Comité de Bâle en décembre 2017 au titre des risques de crédit, marché et opérationnels et de définir, sur cette base, une nouvelle feuille de route réglementaire. ■

 

Par Y. Seddik

 

 

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