Pneumatiques : un marché encore loin de la maturité

Pneumatiques : un marché encore loin de la maturité

 

- Le marché est en croissance soutenue, mais il reste dominé par les produits bas de gamme.

- La contrebande et le manque d’expertise de certains revendeurs constituent les principaux défis à relever.

 

Le marché des pneumatiques a sensiblement évolué au cours de la dernière décennie, passant de 1,5 million d’unités écoulées en 2007 à 3,5 millions en 2017, soit une hausse de plus de 133%.

Il faut dire que la croissance du parc roulant, qui a enchainé les records de ventes ces dernières années, a participé à cette augmentation.

La baisse des droits de douane et la concurrence ont tiré les prix vers le bas, incitant les consommateurs à acheter des produits neufs et réduire le délai de renouvellement.

Toutefois, force est de constater que l’activité n’a pas encore atteint le niveau de maturité existant dans d’autres pays. Elle demeure pénalisée par plusieurs contraintes, dont la contrebande et l’arrivée de certaines marques low cost asiatiques peu respectueuses des normes.

«Le marché est diversifié englobant près d’une vingtaine de marques, dont certaines de type premium ayant une présence historique au Maroc. Il faut dire que toutes les grandes enseignes ont des revendeurs ou des concessionnaires locaux, à l’image de Goodyear, Continental, Pirelli, Michelin, Bridgestone, Yokohama… Mais ces dernières années, le marché a connu l’arrivée de marques chinoises comme Imperial ou GT Radial qui, grâce à leurs prix compétitifs commencent à se positionner», souligne Ahmed Chegdani, revendeur de pneus à Casablanca.

Selon plusieurs sources, les pneus chinois représenteraient entre 25% à 30% de parts de marché. C’est une alternative aux pneus d’occasion ou de contrebande, bien que leur qualité laisse à désirer. L’état des routes marocaines aidant, leur durée de vie ne dépasse pas 50% de celle d’un pneu normal.

«Les Chinois proposent différentes qualités. Tous les produits commercialisés au Maroc sont homologués et doivent répondre à certains standards. Certes, ils n’ont pas la qualité des marques historiques en matière de respect de l’environnement, de l’endurance ou de friction mais ils assurent l’essentiel pour une voiture. Leurs prix compétitifs sont leur principal atout», explique Chegdani.

De nombreux constructeurs ne recommandent pas les pneus chinois. Des études indépendantes ont montré qu’ils sont deux fois moins chers mais deux fois moins efficaces, car sur terrains humides ou accidentés, leur tenue de route est mise en doute.

Par ailleurs, outre la présence de produits bas de gamme sur le marché, l’activité des pneus reste également marquée par un manque de professionnalisme de plusieurs revendeurs.

«Le pneu est un élément essentiel en matière de sécurité routière. C’est le seul contact de la voiture avec le sol. Son entretien et une installation adéquate sont indispensables pour une bonne conduite. Plusieurs accidents de la route sont dus à des dysfonctionnements à ce niveau», souligne Ahmed Oufkir, expert en automobile.

Et d’ajouter «Certains revendeurs de pneus n’ont pas reçu la formation nécessaire. Si les autorités contrôlent la qualité des pneus à l’importation, elles ne se soucient que très peu du niveau d’expertise de ceux qui les installent. Dans plusieurs pays, pour exercer un tel métier, il faut répondre à des conditions strictes comme l’existence d’un certificat d’aptitude professionnel. Des cycles de formation sont effectués périodiquement au profit de ces personnes pour être au courant des nouveautés de l’activité».

Il est à rappeler que le circuit de distribution des pneus regroupe près de 2.100 points de vente, dont 60% sont concentrés dans l’axe Casablanca-Kénitra. Les 73 marques existantes présentent plus de 130 références et une dizaine de marques réalise plus de 75% du volume. L’activité est dominée par les véhicules de tourisme avec une part de marché de près de 86%. Les segments des poids lourds, génie civil et agricole offrent des potentialités importantes surtout avec l’essor des secteurs du BTP, du commerce, du transport et de l’agriculture qui avec le Plan Maroc Vert accorde une grande importance à la mécanisation. Toutefois, la durée de renouvellement de ces secteurs reste nettement en deçà par rapport aux normes. ■

 

C.J 

 

 

 

 

 

 

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