Commerce : Des Assises pour remettre de l’ordre

Commerce : Des Assises pour remettre de l’ordre

 

La tutelle reconnaît la difficulté de gérer ce secteur, étant donné la multiplicité des intervenants.

Les attentes des professionnels quant à l’issue de cet événement restent mitigées.

 

Par C. Jaidani

 

Les commerçants ont défrayé la chronique dernièrement en lançant des mouvements de grève contre la facturation électronique. Ce mouvement de colère avait surpris par son intensité et obligé le gouvernement à éteindre l’incendie en suspendant les mesures fiscales à ce sujet et en ouvrant de larges concertations avec les commerçants. Moulay Hafid Elalamy, dont le département supervise le secteur, avait alors annoncé l’organisation des Assises du commerce du 24 au 25 avril, à Marrakech. L’évènement regroupera tous les acteurs concernés notamment les professionnels qu’il s’agisse de la grande distribution, du commerce de gros, ou encore des détaillants.

Les organisateurs tablent sur cette manifestation pour recueillir les doléances des opérateurs. Sur la base des recommandations arrêtées à la fin des Assises, une feuille de route sera élaborée avec des objectifs clairs et un échéancier précis pour permettre au secteur du commerce de se structurer et de se développer.

Elalamy a appelé dernièrement à l’élaboration d’une stratégie nationale dans l’objectif de promouvoir le secteur du commerce et de garantir une vie décente aux commerçants.

Le ministre, qui sillonne depuis quelques semaines les régions du Royaume à la rencontre des commerçants pour tâter le terrain, a fait observer «la difficulté de gérer ce secteur, étant donné la multitude des intervenants, dont les petits et grands commerçants, les marchands ambulants, et les grandes surfaces» soulignant le besoin d'assurer un espace de travail à chacun de ces intervenants.

 

Les avis sont mitigés

La Fédération des métiers de la distribution des produits de grande consommation, Tijara 2020, a dès le départ manifesté son soutien à cet événement. «Ces assises sont une occasion propice pour se pencher sur les difficultés qui perturbent l’évolution du secteur. Il est primordial d’investir de nouvelles pistes pour le développer», souligne Moncef Belkhayat, président de Tijara 2020.

D’autres opérateurs restent par contre sceptiques, estimant que «les Assises ont été annoncées juste pour désamorcer la grogne des commerçants et seront organisées uniquement pour la forme».

«Nous n’avons pas encore reçu d’invitation ou été informés pour cet événement. Nous n’avons pris connaissance de l’organisation de ces Assises que par voie de presse. Personnellement, je ne peux en attendre grand-chose. Notre secteur a cumulé des dysfonctionnements pendant des années. Dès lors, il est impossible de les traiter et de trouver des solutions favorables en quelques jours», souligne Ahmed Chaouer, secrétaire général de l’Association des commerçants de détail de Casablanca.

Le problème de la fiscalité en général, et de la facturation électronique en particulier, était le point nodal qui a déclenché ce vaste mouvement de mécontentement des commerçants.

«Le problème de la fiscalité n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Contrairement à l’industrie, qui bénéficie d’un fort soutien de l’Etat à travers un large programme de subventions, du foncier public, des modes de financement favorables, notre secteur a été longtemps marginalisé et n’a pas bénéficié de l’attention nécessaire. Pourtant, c’est un grand employeur, avec des effets d’entraînement sur d’autres activités», précise Chaouer.

Par ailleurs, il faut noter que le secteur du commerce est caractérisé par un émiettement des acteurs représentatifs : on retrouve notamment les fédérations, les chambres de commerce, les associations et les coopératives. Chaque entité a ses propres statuts et prérogatives ainsi qu’une réglementation spécifique. Les textes de loi sont multiples et certains sont dépassés et doivent être reformulés pour les mettre en adéquation avec leur environnement. Les procédures administratives pour leur part demeurent complexes.

«Il existe plusieurs enjeux qu’il faut prendre en considération comme la percée du commerce électronique ou de la grande distribution, le payement digital, etc. Pour toutes ces évolutions, il faut des mesures d’accompagnement et de soutien afin que le changement se fasse de manière flexible, permettant aux commerçants et aussi aux consommateurs de s’y adapter», explique une source auprès de la Chambre de commerce et de services de Casablanca.

Les Assises du commerce seront aussi une occasion pour revenir sur les réalisations du Plan Rawaj. Le département de tutelle estime que cette stratégie sectorielle a enregistré des résultats positifs en dépit du nombre réduit des bénéficiaires. Il est désormais nécessaire de mettre au point une stratégie plus globale tenant compte de la planification urbaine, de la formation, de la compétitivité, et de la lutte contre le dumping. ◆

 

 

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