Mardi 20 juin, se tiendra le deuxième Conseil de l’année 2017 de Bank Al-Maghrib (BAM). Il sera suivi, dès 14h, de la traditionnelle conférence de presse de Abdellatif Jouahri, wali de BAM. Le gouverneur y annoncera, comme de coutume, les décisions prises relatives à la politique monétaire (décision sur le taux directeur). Il commentera surtout les dernières évolutions de l’économie marocaine, livrera ses prévisions macro économiques à court et moyen terme (croissance, inflation, comptes publics, comptes extérieurs, etc. ), et répondra, le plus souvent sans langue de bois, à l’ensemble des interrogations des journalistes présents.
Transition vers un régime de change plus flexible
Le Conseil de BAM demain revêt une importance toute particulière. Et pour cause, il devrait être le dernier avant le lancement de la réforme du régime de change vers plus de flexibilité du Dirham. Après plusieurs mois de pédagogie, et de formation à destination des opérateurs opérant dans l'import/export, la réforme est désormais imminente. Rappelons que la banque centrale a programmé son lancement pour le deuxième semestre 2017, probablement durant le mois de juillet. Rappelons aussi qu'une fois la réforme lancée, il n'y aura plus de marche arrière possible.
A. Jouahri devra confirmer ce calendrier et être un peu plus précis. Mais rien ne l’oblige à préciser ni la date exacte du démarrage de la réforme, ni la définition des bandes de fluctuation à l’intérieur desquelles évoluera le dirham. Celles-ci pourraient être annoncées le jour même du lancement de la réforme, à l’ensemble du marché, par voie de communiqué.
La révision (à la baisse) des réserves en devises
Le Wali de Bank-Al Maghrib sera attendu sur le thème de la dégradation des réserves de change dont dispose le Maroc, à la veille du lancement de la réforme. Un niveau de réserves de change important et confortable, comme c’est encore le cas pour le Maroc, est l’un des prérequis les plus important pour entamer un passage vers plus de flexibilité de la monnaie. Un niveau suffisant de devises permettra en effet à la banque centrale d’intervenir en cas de besoin sur le marché de change. Or, on constate depuis quelques mois une détérioration importante des réserves en devises. Elles sont passées de 250 milliards de DH en février 2017, à moins de 223 milliards de DH en juin.
Si la situation n’est pas encore alarmante, elle obligera certainement la banque centrale à reviser ses prévisions en matière de réserves en devises pour 2017. Lors de son dernier Conseil, celui du mois de mars 2017, BAM tablait sur un niveau de réserves internationales nettes devant assurer la couverture de 6 mois et 17 jours d’importations à fin 2017 et 6 mois et 20 jours au terme de 2018. Il faudra très certainement revoir à la baisse ces prévisions, au vu du contexte actuel de hausse des importations plus importante que celle des exportations, de baisse des IDE et de hausse des IDE sortant.
La révision (à la hausse) de la croissance du PIB
Les prévisions de la Banque centrale en matière de croissance du PIB sont toujours très attendues. Après une première révision à la hausse de la croissance au mois de mars par rapport à la prévision faite en décembre 2016 (4,3% au lieu de 4,2%), un second ajustement à la hausse pourrait intervenir demain. En effet, la prévision de mars se basait sur une production céréalière moyenne de 78 millions de quintaux. Depuis, le département de l’agriculture a annoncé une production de 102 millions de quintaux. De quoi propulser la valeur ajoutée agricole et ajouter quelques dixièmes de points de PIB.
Taux directeur inchangé ?
Le taux directeur de 2,25% sera-t-il changé ? A notre avis, il devrait rester inchangé. L’inflation reste très largement maitrisée. Elle devrait évoluer autour de 1,1% en moyenne en 2017. Surtout, le taux directeur actuel a permis, grâce à une bonne transmission de la politique monétaire, de redonner un certain souffle au crédit bancaire. Après une année 2015 catastrophique et une année 2016 en demi-teinte, le crédit bancaire retrouve en 2017 des rythmes de croissance plus intéressant autour de 4,5%. Une remontée des taux risquerait de casser cette dynamique.
A.E