La Banque centrale européenne (BCE) "poursuivra" ses hausses de taux lors de sa réunion de politique monétaire de juillet car il est trop tôt pour "crier victoire" dans le combat contre l'inflation en zone euro, a déclaré sa présidente Christine Lagarde mardi.
"Notre travail n'est pas fini. Sauf changement important dans nos perspectives, nous poursuivrons le relèvement des taux en juillet", a-t-elle déclaré, à l'occasion d'un forum de la BCE à Sintra, au Portugal.
"Dans un futur proche, il est improbable que la banque centrale soit en mesure d'affirmer avec certitude que les taux ont atteint leur point haut", a ajouté Lagarde.
L'institution gardienne de l'euro a décidé lors de sa dernière réunion de politique monétaire en juin d'une huitième hausse de ses taux directeurs en moins d'un an, d'un quart de point de pourcentage, pour porter son taux de référence sur les dépôts à 3,5%.
A cette occasion, Christine Lagarde avait qualifié de "très probable" la perspective d'une hausse des taux en juillet, pour sa prochaine réunion.
La BCE s'est lancée il y a un an dans ce cycle sans précédent de resserrement monétaire pour contrer la flambée des prix et certaines voix appellent désormais à une pause pour ne pas peser davantage sur l'activité économique.
La responsable a au contraire mis en garde mardi contre un revirement "trop rapide de la politique monétaire" face à un "processus d'inflation plus persistant", dans la zone euro.
Elle a souligné l'"incertitude" entourant l'effet de ses politiques monétaires, autant dans leur "durée" que leur "niveau".
La hausse des prix en zone euro est retombée à 6,1% sur un an en mai, loin du record à 10,6% atteint en octobre, mais loin également de l'objectif de 2% poursuivi par la banque centrale.
"L'inflation progresse dans l'économie par phases, alors que différents agents économiques essaient de se répercuter les coûts les uns sur les autres", a expliqué Lagarde.
Le phénomène est ainsi désormais stimulé par la hausse des salaires, dans le cadre d'un "processus durable de rattrapage" du pouvoir d'achat.
"Plusieurs années d'augmentation des salaires nous attendent", a ainsi déclaré mardi Lagarde.
Elle a par ailleurs appelé les entreprises à faire leur part du travail en absorbant "la hausse des coûts de main d'oeuvre dans leurs marges" plutôt qu'en augmentant leurs prix.
"Si les entreprises devaient regagner 25% de la marge bénéficiaire perdue (...), l'inflation en 2025 serait nettement plus élevée (...) à près de 3%", a-t-elle ajouté.
Les dernières projections de l'institution publiées en juin tablent sur une inflation à 5,4% cette année puis descendant à 2,2% (et 2,3% hors énergie) en 2025.