◆ Une grande majorité de TPE et de PME marocaines est très peu outillée en SI.
◆ Elles pourraient avoir des difficultés à préserver leurs data sensibles ou encore assurer le travail à distance en cas de survenance d’événements imprévus.
Par B. Chaou
Plusieurs entreprises basculeraient vers le télétravail si la situation sanitaire venait à se détériorer davantage. Cependant, cette méthode pose des exigences en termes d’outils technologiques. Selon le constat de certains professionnels, la majorité des entreprises marocaines est à la «traîne» à ce niveau-là.
«Une grande partie des entreprises n’a pas retenu la leçon qu’a imposée cette crise sanitaire. Si aujourd’hui le problème ne se pose pas auprès des grandes structures qui sont conscientes de l’importance du sujet, une grande majorité de TPE et PME a un énorme déficit en termes d’outils technologiques», souligne Mohamed Tmart, Directeur général de Capvalue, entreprise spécialisée dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information.
«Il faut être doté aussi, par exemple, de serveurs puissants pouvant faire face à d’éventuelles pannes, ainsi que des outils pour la sauvegarde de données sensibles», ajoute-t-il. Justement, préserver les données dites sensibles et garantir la protection des informations personnelles des collaborateurs pourraient être compromis si l’entreprise ne dispose pas d’outils technologiques et numériques nécessaires à la continuité de son activité, que ce soit à distance ou au sein des locaux. Les entreprises sont, en effet, toujours guettées par le risque de perte de leurs data.
Un manque à combler
La nécessité pour les entreprises de s’outiller va aujourd’hui au-delà du «souci» du télétravail, car si l’on en croit les experts, les TPE marocaines ont un manque criard en équipements numériques, au regard de la quantité de données qu’elles traitent quotidiennement. En effet, selon les données fournies par CapValue, plus de 90% des TPE disposent d’un réseau informatique basique, à savoir un routeur Internet fourni par l’opérateur télécoms.
Selon notre interlocuteur, «sur les 22 TPE que nous avons outillées gratuitement lors du confinement pour qu’elles puissent poursuivre leurs activités, seulement une d’entre elles s’est dotée de moyens nécessaires pour améliorer son système informatique. La plupart des entreprises marocaines ne se rendent pas compte de la limite qu’offre le mode de fonctionnement qu’elles adoptent actuellement». Il faut savoir que le montant à investir pour une entreprise de petite taille ou de taille moyenne pour une refonte technologique appropriée varie généralement entre 50.000 et 150.000 DH, selon les estimations de CapValue.
Un montant que les patrons marocains se montrent réticents à débourser, et ce pour diverses raisons. Il peut s’agir de causes financières, l’entreprise pouvant être incapable de supporter de telles charges qui impliqueraient par la suite des frais supplémentaires de maintenance. Comme il peut s’agir, ce qui est majoritairement le cas, d’après la même source, de culture et mentalité des managers.
«De nombreux patrons marocains raisonnent avec cette idée : puisque ça marche, pourquoi changer ? Si l’on souhaite que le Maroc soit plus compétitif, les TPE tout comme les PME et les grandes entreprises doivent disposer de moyens techniques supplémentaires comme les bornes, Firewalls, WAF pour la sécurité… qui leur permettront de s’adapter aux nouvelles exigences du marché et continuer à produire en toutes circonstances », nous confie Mohamed Tmart. Il y va de la compétitivité des entreprises de s’outiller, surtout dans un environnement international marqué par une forte digitalisation des process.
D’autant plus que la méthode du télétravail sera amenée à être encore plus pérennisée, soit par manque de visibilité sur l’évolution de la situation sanitaire, soit par souci de réduction des coûts. Il paraît important pour les entreprises marocaines qui souhaitent exister dans une économie 2.0 de mettre à niveau leurs standards en termes d’outils technologiques et numériques.