Malgré l’instauration de plusieurs outils et le lancement de différentes mesures, la spéculation immobilière continue de sévir, impactant en cela l’économie nationale. L’Etat se penche sur le sujet et veut renforcer le contrôle.
Dans le cadre des recommandations des Assises sur le foncier, organisées l’année dernière à Skhirate, une commission de lutte contre la spéculation foncière devrait être créée. Elle englobe plusieurs départements, notamment celui de l’Habitat et de la Politique de la ville, l’Urbanisme et l’Aménagement du territoire, l’Intérieur, l’Agriculture, les Habous, l’Equipement et les Eaux et Forêts. Cette commission sera sous la supervision du Chef de gouvernement.
Il faut dire qu’il était temps que les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes et réagissent face à la flambée des prix de l’immobilier exacerbés par la spéculation.
Il est question d’assurer le meilleur aménagement de l’espace urbain, pour qu’il permette de réduire les disparités spatiales et consacrer la justice sociale, sans pour autant que les documents d’urbanisme deviennent un moyen de spéculation allant à l’encontre des intérêts des citoyens. L’objectif est le contrôle du marché foncier pour prévenir la spéculation et ses incidences sur les prix.
Les pouvoirs publics vont prendre les mesures nécessaires pour stabiliser les prix de l'immobilier et les adapter aux besoins du secteur. L’instauration d’un référentiel de l’immobilier n’a pas freiné la pratique de la sous-déclaration.
Ces mesures porteront sur la mobilisation des terrains vagues à l’intérieur et à l’extérieur des périmètres urbains, à travers notamment l’activation de la taxe sur les terrains non bâtis, l’élargissement de l’assiette foncière, sa valorisation et la mise en oeuvre d’un cadre juridique adéquat.
En effet, bon nombre de terrains restent inutilisés et sont souvent convertis en dépotoirs. Au début des années 80, un décret de la ville de Casablanca avait fait obligation aux détenteurs de terrains non bâtis de les clôturer sous peine d’amende conséquente. Mais ce règlement reste peu appliqué.
Il est question aussi d’appliquer le droit de préemption accordé au service de l’enregistrement pour lutter contre la fraude fiscale et la pratique du «noir». Ce service aura désormais toute latitude de pénaliser ceux qui ont recours à la sous-déclaration dans les transactions immobilières, qu’il s’agisse d’un terrain ou d’un logement.
Une autre mesure s’adresse directement aux promoteurs et aussi aux individuels : strict respect des délais de dérogation accordés par les autorités compétentes, principalement les agences urbaines. En plus clair, les délais de réalisation de projets immobiliers doivent être respectés sinon les dérogations deviennent caduques. Un autre sujet est aussi évoqué, il concerne la taxation des logements vacants. Certaines sources avancent pas moins de 800.000 unités. Mais il est difficile de confirmer ce chiffre en l’absence d’un recensement ou d’une enquête fiable.
Par ailleurs, il faut souligner la nécessaire ouverture de nouvelles zones à l’urbanisation. La hausse de l’offre foncière permet de baisser les prix et de contrer la spéculation. Le foncier public peut jouer un rôle clef à ce niveau. Sur le plan juridique, il est question d’activer certains textes de loi comme le Code de l’urbanisme ou celui de la construction.
Le Maroc devrait également tirer profit des expériences réussies par certains pays pour lutter contre la spéculation immobilière qui reste un phénomène contreproductif et une contrainte pour l’économie nationale.
Les autorités publiques jouent un rôle significatif dans la régulation foncière. leur intervention dans ce domaine s'organise à deux niveaux distincts : le volet fiscal et le volet opérationnel. Le contrôle direct ou moins direct de ces outils permet de mieux maîtriser les évolutions des prix et de l’offre foncière.
Charaf Jaidani