Relations sino-africaines : une nouvelle ère s’ouvre

Relations sino-africaines : une nouvelle ère s’ouvre

 

Les échanges commerciaux sino-africains ont atteint 190 milliards de dollars en 2016, dépassant ainsi ceux du continent avec l’Inde, la France et les Etats-Unis. Entre les deux partenaires, tout s’accélère et un énorme potentiel se dégage. La deuxième édition du China Africa Investment Forum est pleine de promesses.

 

 

La ville ocre, Marrakech, a vibré lundi et mardi (27-28 novembre) sous le rythme de la seconde édition de China Africa Investment Forum. Cette manifestation a réuni plus de 400 décideurs économiques chinois et africains avides de contribuer au renforcement des relations entre l’Afrique et la Chine. Deux jours de débats, d’échanges et de rencontres ont eu lieu en terre d’Afrique, particulièrement au Maroc, dont le choix n’est pas fortuit.

La démarche volontariste du Royaume qui consacre la coopération sud-sud comme base essentielle de co-émergence pour le continent africain, est pleine d’enseignements.

Dans son allocution, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’investissement et de l’Economie numérique, a rappelé qu’: «Au cours de la dernière décennie, l’Afrique a connu de grands changements. A présent, elle entame une nouvelle phase de son développement qui consiste à assurer son industrialisation. La Chine, première usine mondiale, ambitionne de créer une classe moyenne plus forte et devenir le premier consommateur mondial». D’où l’intérêt avéré consacré par l’empire du Milieu aux relations nouées avec l’Afrique. Il faut dire que depuis quelques années, nous assistons au grand retour de la Chine sur la scène internationale et tout particulièrement en Afrique, jusque-là chasse gardée des Européens et, dans une moindre mesure des Américains.

 

La Chine, premier investisseur étranger en Afrique

 

En moins de deux décennies, la Chine est devenue le premier partenaire économique de l’Afrique. Les chiffres en attestent : les échanges commerciaux sino-africains ont atteint 190 milliards de dollars en 2016 dépassant ainsi ceux du continent avec l’Inde, la France et les Etats-Unis. Plus de 10.000 entreprises industrielles chinoises opèrent en Afrique et génèrent un volume d’affaires de plus de 60 milliards de dollars par an.

Pour l’année 2016, la Chine est le premier investisseur étranger en Afrique avec 36,1 milliards de dollars engagés dans le continent, soit 15 fois plus qu’en 2015. Les secteurs ayant bénéficié de ces IDE sont le BTP (40,2%) et l’industrie (21,1%).

Autres chiffres à l’appui : à fin 2016, les entreprises chinoises ont participé à la construction de près de 100 parcs industriels dans le continent (dont 40 sont déjà opérationnels), à la réalisation de 5.756 km de voies ferrées, 4.335 km d’autoroutes, 9 ports, 14 aéroports et 34 centrales électriques, ainsi que plus de 10 grandes centrales hydroélectriques.

Des réalisations et des chiffres qui augurent d’une nouvelle ère de coopération et de développement entre les deux. Une chose est cependant sûre : les deux partenaires ont besoin l’un de l’autre. L’Afrique a besoin de la Chine qui apporterait des avantages tangibles pour son besoin d’emplois et de développement et la Chine a besoin de l’Afrique pour améliorer sa compétitivité et accéder à un marché de plus d’un milliard d’habitants.

Il est à rappeler que l’Afrique affiche une croissance économique moyenne de 5% depuis plus d’une décennie, juste derrière l’Asie et loin devant l’Europe. Mieux encore, le continent connaît une révolution démographique conjuguée à une urbanisation croissante (50% d’Africains vivront en ville en 2030). Au cours des 5 prochaines années, l’utilisation d’Internet sur les téléphones portables africains sera multipliée par 20. C’est dire que tout s’accélère et qu’un potentiel énorme se dégage.

 

Le rôle du Maroc

 

Dans cette relation euphorique, le Maroc, de par son emplacement géographique, a toute sa place et joue un rôle de catalyseur. «Dans cette dynamique nouvelle qu’emprunte la coopération Chine-Afrique, le Maroc continuera à participer activement à la promotion d’un partenariat sino-africain équilibré, dense et profitant à tous», confirme MHE. Cette ambition est légitime si nous prenons en considération que les relations Maroc-Chine et Maroc-Afrique s’inscrivent dans la même tendance.

Même son de cloche chez Othman Benjelloun, président du groupe Finance.com : «le Maroc a en effet vocation d’être une plateforme de production et d’exportation pour le rayonnement des industries, des services et en général du savoir-faire chinois vers le continent africain et de par le monde».

Ceci étant, la politique africaine de la Chine ne doit pas être présentée comme étant la panacée. Elle doit être teintée de nombreuses nuances. Pour tirer profit de ce partenariat, l’Afrique est appelée à industrialiser et à restructurer ses exportations afin de réduire la prévalence des matières premières qui représentent encore 80%. A son tour, la Chine est appelée à mettre de l’eau dans son vin essentiellement en ce qui concerne les normes sociales et environnementales qui restent le cadet de ses soucis. ■

 

S. Es-siari

 

 

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