Une nouvelle loi a vu le jour dernièrement concernant la réglementation thermique dans le bâtiment. Elle impose la réduction de la consommation d’énergie dans l’éclairage, le chauffage et la climatisation. Pour ce faire, des approches de conception thermique performantes de l’enveloppe du bâti sont préconisées.

Au Maroc, la consommation d’énergie annuelle (toutes sources confondues) est de 0,5 tonne équivalent pétrole (TEP) par habitant. Elle augmente de 4,3% tous les ans. Concernant l’électricité, le Marocain consomme 781 Kwh par an, avec une augmentation de 7,8% annuellement. Cela incite le pays à maîtriser sa consommation énergétique d'autant qu’il importe plus de 95% de ses besoins de l’étranger. A cet égard, l’Etat a lancé une politique de l’efficacité énergétique, qui prévoit de réduire de 12% la consommation d’énergie notamment dans les secteurs-clés comme le bâtiment, l’industrie ou le transport. 

C’est à l’initiative de l’Agence du développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ADEREE), qu’un décret d’application sur la réglementation thermique, relatif à la loi 43-09, a vu le jour.

Ce texte a pour objectif d’imposer l’utilisation de nouveaux matériaux et de nouvelles normes en matière de construction pour réduire la consommation d’énergie. Le bâtiment figure parmi les secteurs les plus énergétivores avec une part de consommation de 28%.

La nouvelle réglementation fixe des normes de construction minimales à respecter pour assurer plus d’efficacité énergétique. Ces normes s’appliquent aux toitures, vitrages, murs extérieurs, planchers, fenêtres ou autres.

Elles varient selon le type de bâtiment, son objet et sa zone climatique. Après la promulgation du décret d’application, les professionnels ont disposé d’un délai d’un an pour respecter le texte.

Désormais, des exigences minimales doivent être respectées par les bâtiments à usage résidentiel ou de services nouvellement construits en matière de chauffage et de climatisation tout en améliorant le confort des occupants.

En utilisant les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux, la loi impose de réduire la consommation énergétique dans l’éclairage, le chauffage d’eau et la climatisation. Il s’agit aussi d’améliorer la conception des systèmes énergétiques en privilégiant l’écoconstruction.

Au programme figure notamment l’optimisation de l’enveloppe du bâti indépendamment du système énergétique mis en oeuvre. Il est question aussi d’inciter les architectes, les ingénieurs et les maîtres d’ouvrage à utiliser des approches de conception thermique performante de l’enveloppe du bâti. Par ailleurs, la nouvelle réglementation incite à favoriser le diagnostic énergétique des bâtiments existants.

Dans le secteur de l’habitat, les différentes études ont montré que le Royaume est encore à la traîne par rapport à d‘autres pays similaires, notamment en matière d’utilisation de matériaux de construction écologiques, des énergies renouvelables ou de plans d’urbanisation modernes. Il faut dire que le secteur de l’immobilier a connu un fort taux de croissance ces dernières années sous l’effet de la poussée démographique, de l’urbanisation et de la hausse du niveau de vie. L’accès à la propriété est devenu le voeu pieux de tous les Marocains. La course à la réduction du déficit en logements a certes permis des avancées en la matière, mais a, par ailleurs, créé d’autres problèmes, notamment d’ordre écologique.

Plus d'efficacité énergétique

«Construire durable, ce n'est pas seulement ériger un bâtiment énergétiquement performant. C'est aussi concevoir un bâtiment dans une démarche globale de respect de l'environnement, avec une conception architecturale pensée de manière à réduire les consommations d'énergie du bâtiment, tout en répondant aux besoins des habitants», indique Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville.

Dans ce cadre, le département de tutelle, en concertation avec les Agences urbaines, les architectes et d’autres intervenants, se penche sur de nouvelles normes de construction permettant l’utilisation à outrance de matériaux économes d’énergie, de l’énergie renouvelable ou de l’efficacité énergétique. «L’efficacité énergétique devient incontournable dans le secteur de l’habitat. A l’instar de ce qui se passe dans le monde, nous avons proposé de classer les immeubles par leur niveau de déperdition énergétique. Il faut définir alors des seuils de consommation d’énergie», explique-t-on auprès de l’Association marocaine de la construction durable (Amcod). L’efficacité énergétique peut toucher tous les types de bâtiments. Il s’agit d’intégrer l’ensemble des dispositifs d’efficacité énergétique tels que l’orientation, l’isolation, l’utilisation des chauffe-eaux solaires afin de sensibiliser les citoyens à une consommation responsable de l’énergie.

Cela passe par la conception des bâtiments, le fonctionnement des équipements (climatisation, chauffage...) et la gestion énergétique dans les logements. 

Charaf Jaidani