Produits agricoles : Après les oignons, la flambée se généralise

Produits agricoles : Après les oignons, la flambée se généralise

Focus agricole

La sécheresse et le renchérissement des coûts de production sont les principaux fac­teurs de hausse. L’écart se creuse entre les prix à la production et ceux à la consom­mation, sous l’effet de la spéculation. Le retour à la normale est lié à l’amélioration des conditions météorologiques.

Le panier de la ména­gère devient de plus en plus coûteux. Les consommateurs maro­cains assistent ces derniers temps à une flambée des prix des fruits et légumes. Certains produits sont même devenus hors de portée. Hormis les tomates qui se négocient à moins de 5 DH, les autres légumes dépassent 5 à 6 DH, voire 10 DH. Même les oignons, le produit maraîcher le plus accessible, sont vendus à plus de 12 DH. Les importa­tions d’oignons en provenance d'Espagne n’ont que très peu apaisé le marché.

La baisse des prix des tomates s’explique surtout par une hausse de l’offre et par l’arrêt de la campagne d’exporta­tion à destination de l’Europe. L’essentiel des produits est destiné à la vente locale.

Les raisons de cette flambée peuvent être expliquées par des facteurs classiques struc­turels et conjoncturels. Mais, ce qui est sûr, c’est que l’écart entre le prix de la produc­tion et celui de la consom­mation devient très grand. Il est actuellement de quatre, voire de cinq fois le prix départ de l’exploitation, alors qu’il ne dépassait pas, il y a quelques années encore, deux à trois fois, compte tenu des frais de transport, de conditionnement, de la marge entre les prix de gros et de détail, ainsi que des taxes et autres impôts payés dans les marchés. Plusieurs professionnels estiment que les prix vont revenir à la nor­male et que cette flambée ne devrait pas s’inscrire dans la durée. «C’est conjoncturel du fait que l’approvisionnement du marché a été perturbé par une longue sécheresse. Les intempéries qui ont suivi ont entraîné des coupures de routes, rendant l’accès difficile aux champs pour les récoltes. Nous espérons un retour à la normale surtout que Ramadan approche, un mois connu par une forte consommation d'ognions».

Parmi les autres facteurs entraînant un renchérissement des cours, figure la hausse du coût de production.

Le coût de revient a considé­rablement augmenté ces der­niers temps. Tous les intrants, notamment les semences, les fertilisants et autres engrais se sont appréciés rapidement.

Le coût de la main-d’oeuvre, sous l’effet du renchérisse­ment du coût de la vie a, lui aussi, augmenté. Les ouvriers agricoles n’acceptent que rarement le tarif journalier fixé, à savoir le salaire minimum agricole garanti (SMAG) qui est de 50 dirhams/jour. Lors des campagnes de moissons ou de cueillettes, les salaires jour­naliers atteignent facilement 70 ou 80 DH, voire 100 DH.

Un exploitant de la région d’Agadir affirme que même avec un tel salaire, les ouvriers ne respectent que rarement les heures de travail. Ce qui pousse les propriétaires à recruter davantage de main-d’oeuvre, et donc des journées de travail en plus. Parmi les autres facteurs structurels qui engendrent une tendance à la hausse des prix, figure le phé­nomène de la spéculation. Le circuit entre le producteur et le consommateur devient de plus en plus long.

L’intermédiation et le négoce dans le secteur des fruits et légumes sont une activité très lucrative, qui génère des marges bénéficiaires consé­quentes. Certains commer­çants achètent leurs marchan­dises sur le lieu de production et s’occupent du tri et du conditionnement. Car, plus l’offre est abondante, moins l’intervention des intermé­diaires est présente. D’autres négociants interviennent au niveau des marchés de gros. Connus pour la plupart, ils arrivent à imposer et contrôler les prix du marché en achetant la quasi-totalité des marchan­dises proposées à la vente. L’intermédiation en cascade fait aussi grimper les prix.

Un autre facteur expliquant la flambée des prix concerne l’accessibilité. Avec les der­nières intempéries, plusieurs canaux de communication rou­tiers ont été coupés. Les prin­cipales zones connues pour leur vocation agricole comme le Souss, l’Oriental, l’Oualidia ou le Haouz ont connu des perturbations au niveau de la circulation.

Les exploitants devaient soit retarder les récoltes, avec le risque de perdre une partie de la production, soit opter pour la chaîne de froid, ce qui impacte davantage le prix de revient de leurs produits. C’est la deuxième option qui est la plus choisie.

Charaf Jaidani

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