Maroc - Côte d’Ivoire: «La coopération entre les deux pays sert de modèle pour d’autres nations en développement»

Maroc - Côte d’Ivoire: «La coopération entre les deux pays sert de modèle pour d’autres nations en développement»

Le Maroc et la Côte d’Ivoire entretiennent une relation séculaire. Renforcer la coopération Sud-Sud grâce à la vision commune du Roi Mohammed VI et du président Alassane Ouattara, sert aujourd’hui à développer les échanges et à fructifi er un partenariat multidimensionnel. Entretien avec Abdelmalek Kettani, ambassadeur du Maroc en Côte d’Ivoire.

Finances News Hebdo : Comment qualifieriezvous la coopération entre le Maroc et la Côte d’ivoire ?

Abdelmalek Kettani : Emanant de la haute vision stratégique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, pour une Afrique qui s’entraide, qui se développe, et qui prospère, la coopération Sud-Sud entre le Maroc et la Côte d’Ivoire est souvent saluée comme un exemple de partenariat fructueux entre deux nations africaines. Partagée par son excellence le Président de la République de Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara, cette vision stratégique de la coopération Sud-Sud se réfère à la collaboration entre nos pays pour promouvoir le développement économique, social et politique. Dans le cas du Maroc et de la Côte d’Ivoire, cette coopération est ancrée dans des relations historiques, culturelles et économiques depuis plus de 6 décennies. Qualifier cette coopération implique de considérer les avantages qu’elle apporte aux deux nations. Voici quelques termes qui pourraient décrire cette coopération ancrée entre le Maroc et la Côte d’Ivoire :

• Mutuellement bénéfique : La coopération Sud-Sud entre le Maroc et la Côte d’Ivoire est mutuellement bénéfique, avec les deux pays travaillant ensemble pour atteindre des objectifs communs et tirer profit des compétences et des ressources de chacun.

• Solide : L’ancrage de cette coopération suggère une relation solide et durable entre les deux nations, basée sur la confiance mutuelle et la volonté continue de travailler ensemble.

• Complémentaire : Les avantages de cette coopération pourraient résider dans la complémentarité des économies, des compétences et des ressources des deux pays, renforçant ainsi leur capacité collective à atteindre des objectifs communs.

• Stratégique : Si la coopération est profondément enracinée, elle pourrait être qualifiée de stratégique, indiquant une approche à long terme pour résoudre des problèmes et promouvoir le développement de nos deux nations respectives.

• Diversifiée : Si la coopération couvre divers secteurs tels que l’économie, la culture, l’éducation et la santé, elle peut être qualifiée de diversifiée, démontrant ainsi une approche holistique de la collaboration.

• Exemplaire : Si la coopération entre le Maroc et la Côte d’Ivoire sert de modèle pour d’autres nations en développement, elle peut être qualifiée d’exemplaire, montrant comment la collaboration Sud-Sud peut conduire à des résultats positifs. Il convient de noter que la qualité de cette coopération entre nos deux pays est excellente; preuve en est les résultats concrets qu’elle a déjà produits pour les deux parties et la manière dont elle contribue au développement durable et à l’amélioration des conditions de vie de nos citoyens respectifs.

F. N. H. : Le 12 août 2023, le pont de Cocody a été inauguré à Abidjan. Cette nouvelle icône de la capitale économique ivoirienne constitue une figure de proue du projet d’aménagement de la Baie de Cocody, tel que présenté lors de la visite officielle de Sa Majesté le Roi en Côte d’Ivoire en juin 2015. Dites-nous-en davantage ?

A. K. : Le projet de la baie de Cocody est un projet visant à revaloriser et réhabiliter une zone au cœur d’Abidjan, qui était jusqu’ici un espace qui ne demandait qu’à être développé, tant sur le plan économique que touristique. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, qui a très judicieusement perçu ce potentiel, avec sa vision partagée par son frère S.E.M. le président Ouattara, a dépêché une entreprise qualifiée de haut niveau: Marchica Med en tant que maître d’ouvrage délégué. Grâce à une excellente coopération avec la société d’Etat ivoirienne «PABC», maitre d’ouvrage en charge du développement de la baie de Cocody, ce projet multidimensionnel, très complexe d’un point de vue géotechnique, organisationnel et de séquencement des différents ouvrages, est devenu une réalité sur le terrain. C’est une succession de 7 projets majeurs, qui sont ou en passe d’être réalisés.

• Les plateformes sont, aujourd’hui, terminées. Les différents jalons sont posés. Ce sont 40 hectares qui ont été récupérés sur la lagune qui devront être mis en valeur, de façon optimale, dans les années à venir.

• Le pont à haubans Alassane Ouattara est complété et inauguré depuis août 2023. C’est devenu un monument remarquable de la ville d’Abidjan dont on peut être fiers.

• Carrefour de l’Indénié est également terminé et ouvert à la circulation depuis des mois et fait partie des fleurons d’Abidjan.

• Il y a le domaine de l’assainissement. Tout ce qui n’était peut-être pas fait dans les normes devra se mettre à niveau pour que l’eau de la lagune soit propre et que ce plan d’eau retrouve son lustre d’antan. La perle des lagunes doit avoir de l’eau propre et les eaux usées devront être traitées dans les normes les plus modernes en vigueur, avec des stations de traitement appropriées. Ce travail colossal est encore en cours.

• Ainsi, il devra aussi y avoir un bassin écrêteur de Williams-ville qui sera développé en amont de la Baie de Cocody pour retenir les déchets solides et liquides.

• Nous avons aussi l’ouverture de l’embouchure du fleuve Comoé vers la mer pour permettre à l’eau de circuler autour de la lagune Ébrié, en vue d’un échange entre la mer et l’eau douce qui arrive du fleuve Comoé principalement, dont l’embouchure se situe au niveau de Grand-Bassam. Ce projet en est dans ses phases de finition.

• Enfin, il y aura la valorisation des plateformes et le développement d’équipements touristiques, économiques et sociaux, pour enclencher un écosystème durable autour de la baie de Cocody.

C’est un projet d’envergure pour assurer la valorisation des terrains qui en est dans ses phases d’études avancées. Comme vous pouvez le constater, ce sont des projets majeurs, qui se chiffrent à plusieurs dizaines de millions de dollars qui sont, ou doivent être complétés sous peu. Nous avons fait, aujourd’hui, une bonne partie du projet, mais il y a encore beaucoup à faire. Ce projet, une fois achevé, sera emblématique de la ville d’Abidjan et aura des retombées positives sur les plans économiques et sociaux puisqu’il va créer de l’emploi, ainsi qu’une dynamique touristique importante au cœur de la ville. C’est un très grand projet royal, emblématique de la coopération Sud-Sud entre nos pays, qui avance et qui se développe à un rythme soutenu, grâce à l’implication de tous les instants de tous les concernés, Ivoiriens et Marocains.

F. N. H. : L’Afrique qui fait confiance à l’Afrique pour exceller est une finalité que le Maroc prône, en mettant en avant le potentiel continental dans tous les domaines. Quels sont les autres secteurs de coopération à explorer entre les deux nations ?

A. K. : C’est à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, qu’on doit l’expression «l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique», prononcée ici même à Abidjan lors d’un discours mémorable à l’occasion du Forum d’affaires maroco-ivoirien en 2014. Sous l’impulsion décisive de notre Souverain, le Maroc a montré la voie en effectuant une multitude d’investissements économiques et sociaux dans plusieurs pays du continent et en Côte d’Ivoire, bien évidemment. L’Afrique est un continent qui fait face à plusieurs défis importants, mais qui a aussi des potentialités formidables, et surtout une jeunesse pleine de talents et d’ambition légitime. Il s’agit de faire en sorte que nous marchions tous ensemble vers la résolution de ces défis, tout en proposant un avenir serein à la jeunesse avec des formations, des emplois dignes, et des opportunités variées pour son épanouissement, mais aussi pour sa contribution à l’émergence de nos pays respectifs et de notre continent dans son ensemble. Les opportunités sont multiples dans tous les secteurs de l’industrie, de l’immobilier, des BTP, des télécoms, de l’agroalimentaire, de la chimie, la pharmacie, la santé, etc. La Côte d’Ivoire a un Plan national de développement qui regorge de projets, aussi novateurs que porteurs de croissance. Il appartient à nos opérateurs économiques de s’y intéresser sérieusement pour participer à cette dynamique soutenue depuis plus de 10 ans maintenant, avec un taux de croissance moyen qui est autour de 8% par an. Ce qui en fait une des économies les plus performantes du monde.

F. N. H. : Marrakech a accueilli en octobre les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, mais aussi l’Africa Investment Forum 2023. Comment expliquez cette dynamique et ce positionnement géostratégique du Royaume ?

A. K. : La nation marocaine, sous l’égide de notre Souverain, est perçue depuis des années maintenant comme un havre de paix, de stabilité et de développement économique. Les investissements majeurs qui affluent chaque année, et qui sont effectués par les grandes entreprises de ce monde dans le tissu économique national, sont un gage concret de cette perception positive de la communauté internationale. Comme vous le savez, le Royaume du Maroc a tissé des liens stratégiques avec les USA, l’Europe, l’Afrique et l’Asie, et se positionne, ainsi, clairement comme la porte d’entrée vers notre continent qui regorge de potentialités économiques formidables. Le fait que les institutions financières internationales et continentales tiennent leurs évènements majeurs dans notre pays souligne, encore une fois, son attractivité, tant sur le plan économique que culturel. Cela démontre aussi notre capacité, reconnue maintenant par tous, et depuis longtemps, d’organiser des évènements de portée mondiale dans des conditions qui n’ont rien à envier aux pays les plus avancés. Que ces institutions mondiales et continentales choisissent le Maroc n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat des politiques de réformes, de développement, d’ouverture et de modernité dans lesquelles SM le Roi, que Dieu l’assiste, a inscrit durablement notre pays depuis plus de deux décennies.

F. N. H. : Alassane Ouattara a exhorté les pays industrialisés, qui sont les principaux responsables des changements climatiques, à soutenir un accès accru des pays africains à des financements moins coûteux. Comment les instances internationales peuvent-elles rectifier le tir ?

A. K. : Le changement climatique est, hélas, une réalité de plus en plus perceptible sur le terrain et, comme vous le dites si bien, ce sont les pays dont la contribution est la plus faible à ce phénomène naturel qui en font le plus les frais avec les sècheresses à répétition, l’érosion du littoral avec la montée des eaux de la mer, etc. C’est un constat bien connu par les experts de par le monde. Il convient de trouver les mécanismes pour financer la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi et surtout d’assurer la prévention contre l’aggravation de ce phénomène dans les décennies à venir. Autrement, une certaine partie de l’humanité devra trouver, en totalité ou partiellement, ses propres solutions dans un contexte difficile où les facteurs exogènes sont davantage subis que maîtrisés. Un contexte complexe où tout est devenu priorité, avec l’augmentation des populations et de leurs attentes légitimes, sans parler des tensions politiques diverses et variées. Comme toute chose en politique, pour obtenir gain de cause, il s’agit de trouver, lors de négociations sérieuses, un point d’équilibre et une certaine convergence entre les intérêts des financiers des pays les plus pollueurs et de ceux des pays qui luttent pour leur émergence économique.

F. N. H. : Devant les membres de la 4ème commission de l’Assemblée générale des Nations unies, la Côte d’Ivoire a réaffirmé, son «plein» soutien à l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc. Quelle lecture en faites-vous ?

A. K. : La Côte d’Ivoire est un pays frère et ami du Maroc depuis l’indépendance, et a toujours été aux côtés de notre pays pour le recouvrement définitif de son intégrité territoriale. Elle a aussi été l’un des premiers pays en 2020 à ouvrir un consulat à Laâyoune afin de souligner son attachement irréversible à la marocanité du Sahara marocain. Ainsi, depuis le début, le Maroc a toujours obtenu le soutien fraternel de la Côte d’Ivoire pour une résolution de ce conflit artificiel, politique et pérenne, sous la souveraineté du Royaume, conformément au plan d’autonomie proposé en 2007 et aux résolutions pertinentes des Nations unies. La Côte d’Ivoire peut compter sur le Maroc et vice-versa.

F. N. H. : Le Maroc est en passe d’organiser le Mondial 2030 conjointement avec l’Espagne et le Portugal. A votre avis, sur quoi devrait capitaliser le Royaume pour réussir ce challenge ?

A. K. : Le Maroc est un pays solidement inscrit sur le continuum de l’émergence, et il convient de mentionner que toutes les politiques économiques et sociales impulsées par le Souverain tendent à consolider durablement le développement de notre pays à tous les niveaux. Au niveau sportif, tous les Marocains sont extrêmement fiers de la performance de notre équipe nationale au mondial du Qatar en 2022, qui a atteint avec brio la demi-finale. Ce résultat est, comme vous le savez, inégalé par aucune équipe africaine ou arabe. C’est le fruit d’années d’efforts de notre pays, sous l’égide de Sa Majesté le Roi, tant au niveau des infrastructures sportives que des politiques d’encadrement et de promotion des jeunes, hommes et femmes, qui, aujourd’hui, donnent des retombées exceptionnelles dans toutes les catégories. En effet, la CAF et la FIFA ont confié au Maroc l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations en 2025 et le Mondial 2030 conjointement avec l’Espagne et le Portugal. Ceci est, encore une fois, une reconnaissance des capacités du Maroc à répondre avec une grande efficacité et avec la qualité requise, et même plus, aux exigences importantes des cahiers des charges de ces compétitions footballistiques, continentale et planétaire. Ce sera une opportunité unique de dévoiler tous les atours et les atouts culturels et civilisationnels de notre pays et de montrer au monde son évolution, pas moins que spectaculaire à bien des égards, sous le règne éclairé de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste.

 

 

 

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Dimanche 28 Avril 2024

Produits du terroir: la production locale, vecteur de développement

Dimanche 28 Avril 2024

Aviculture: la branche se fixe de nouveaux objectifs à l’horizon 2030

Dimanche 28 Avril 2024

Stress hydrique : faut-il repenser la politique agricole ?

Dimanche 28 Avril 2024

Politique des barrages: le Maroc maintient le cap

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux