Maroc - Chine : Le partenariat bilatéral prend un nouveau virage

Maroc - Chine : Le partenariat bilatéral prend un nouveau virage

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La visite du Souverain en Chine ouvre une nouvelle ère dans la coopération entre les deux pays qui ont un ancrage fort en Afrique. Surtout, elle traduit la volonté du Maroc de diversifier encore plus ses partenaires stratégiques, sans se défaire de ses alliés traditionnels.

Le Roi Mohammed VI est en visite officielle en Chine depuis ce mercredi 11 mai. Au-delà du symbole fort que ce déplacement dans le pays de Xi Jinping représente, cette visite est à apprécier sous deux angles. D’abord, elle s’inscrit dans la continuité des relations profondes qui unissent ces deux pays et qui puisent leurs racines bien loin dans le temps. Elles remontent à 1958, date de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Ensuite, cette visite officielle est parfaitement en phase avec le discours prononcé récemment par le Souverain devant les dirigeants des pays du Golfe à l’occasion du premier Sommet Maroc-Conseil de coopération du Golfe, dans lequel il avait clairement annoncé de nouvelles alliances stratégiques avec la Chine et l’Inde. «Nous nous acheminons également vers le lancement de partenariats stratégiques avec l’Inde et la République Populaire de Chine, où Nous nous rendrons en visite officielle bientôt, si Dieu le veut», avait notamment déclaré le Roi, non sans signifier que «le Maroc est libre dans ses décisions et ses choix et n’est la chasse gardée d’aucun pays». Cette approche procède d’une nécessité pour le Royaume de diversifier davantage ses partenariats commerciaux, dans un contexte où le processus de modernisation de l’économie marocaine exige de nouveaux relais de croissance. D’ailleurs, dans son discours, le Souverain, en des mots transparents pour qui sait écouter, l’avait clairement affirmé. «Tout en restant attaché à la préservation de ses relations stratégiques, le Maroc n’en cherche pas moins, ces derniers mois, à diversifier ses partenariats, tant au niveau géopolitique qu’au plan économique. Et c’est dans ce cadre que s’inscrit Notre visite réussie en Russie, le mois dernier, visite marquée par le développement de nos relations hissées au niveau de partenariat stratégique approfondi et par la signature d’accords structurants dans de nombreux domaines vitaux», avait-il dit.


Un nouveau front s’ouvre
Aujourd’hui, incontestablement, l’Empire du milieu, une superpuissance qui a pendant longtemps aligné un taux de croissance à deux chiffres, peut être un précieux partenaire pour ce Maroc moderne, ouvert sur l’univers multidimensionnel de la mondialisation.
En cela, au-delà de la dimension éminemment politique de cette visite, il est à parier qu’elle revêtira, surtout, une couleur économique fort prononcée. Il s’agit, donc, de rapprocher la distance économique à travers notamment le lancement du Partenariat stratégique entre le Maroc et la République populaire de Chine, ainsi que la signature d’une série d'accords bilatéraux. Un rapprochement stratégique source d’opportunités pour deux pays qui bénéficient d’un ancrage fort en Afrique. Aujourd’hui d’ailleurs, la coopération triangulaire Maroc-Afrique-Chine est devenue une réalité que confirment, déjà, les partenariats signés dans ce sens par certaines banques marocaines avec leurs homologues chinoises.


Plus de 80 millions de touristes chinois à séduire

Le lancement du Partenariat stratégique Maroc-Chine va incontestablement ouvrir une nouvelle ère dans la coopération bilatérale en lui insufflant un saut qualitatif et quantitatif autrement plus important. Il s’agira, ainsi, de rééquilibrer et de relever davantage les échanges commerciaux qui se situaient, en 2015, à 3,43 milliards de dollars US, soit une légère baisse de 1,7% par rapport à 2014. Les exportations chinoises vers le Royaume avaient ainsi atteint 2,9 milliards de dollars, portant notamment sur des produits de textile, des appareils électroménagers, des équipements industriels, du thé et des articles d’usage courant. Pour leur part, celles du Maroc vers l’Empire du milieu ne représentaient que 530 millions de dollars (+17%), constituées principalement des engrais phosphatés et des produits de la mer. Si le solde commercial est largement en faveur de la Chine, «on ne peut rester otage d’une mentalité classique focalisée sur la balance commerciale, mais l'on doit également se concentrer sur la balance de paiement, tout en y incorporant trois facteurs-clés, à savoir les services, le tourisme et les investissements», estime néanmoins l’ambassadeur de Chine au Maroc, Sun Shuzhong, dans une déclaration à la MAP.
En tout cas, les secteurs agroalimentaire et touristique offrent de réelles opportunités pour les opérateurs marocains. L’Office national marocain du tourisme à Pékin l’a d’ailleurs compris. En 2013 déjà, il avait organisé un voyage au Maroc au profit de grandes agences de voyage chinoises en vue de promouvoir la destination du Royaume. La délégation chinoise a eu ainsi l'occasion de prendre connaissance des différents produits touristiques offerts par le Maroc à travers des visites à Rabat, Fès, Meknès, Marrakech, Casablanca, Ouarzazate et Merzouga.
Selon l'Administration nationale chinoise du tourisme, le nombre de touristes chinois ayant visité des pays étrangers en 2012 a atteint plus de 80 millions, soit une augmentation de 16,2% par rapport à 2011. Parmi les principaux facteurs de cette augmentation, figurent le boom économique que connaît le pays, l'émergence d'une classe moyenne estimée à plus de 400 millions de personnes ainsi que le développement du transport aérien. La Chine deviendra en 2020 le premier pays exportateur de touristes dans le monde, avec plus de 100 millions de touristes, estime l'Organisation mondiale du tourisme.

David William

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