Maroc-Afrique : La logistique, talon d'Achille des échanges commerciaux

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Contrairement aux attentes, le volume des exportations marocaines vers l’Afrique a reculé, passant de 15 Mds de DH entre janvier-août 2015 à 13,5 Mds de DH un an après. L’absence d’une stratégie logistique adaptée aux spécificités du continent est pointée du doigt par les opérateurs.

 

L’aggravation du déficit commercial (de 21,7% à fin février 2017, s'établissant à plus de 26,71 Mds de DH contre 21,95 Mds de DH un an auparavant), la crise persistante des principaux partenaires économiques du Maroc, la faible compétitivité des entreprises marocaines…, sont autant de facteurs qui grèvent de plus en plus l’économie marocaine, incitant le Royaume à revoir sa politique du commerce extérieur.

Cette nouvelle orientation s’est reflétée dans la démarche que mène la diplomatie marocaine sur le contient africain. Toutefois, cette dynamique africaine qui a été mise en place, n’a pas été accompagnée d’une stratégie logistique nationale. En effet, durant les dernières années, le Roi a multiplié les visites en Afrique qui ont eu pour effet de conclure des centaines de conventions, dont le but est de renforcer les liens culturels, politiques et économiques entre le Maroc et le reste du continent.

Cependant, pour réussir cette intégration africaine, il faut que le flux physique intra-africain soit au même niveau que le flux politique. Ce qui n’est pas le cas.

Les échanges entre le Maroc et le continent restent faibles comparativement à ceux avec l’Europe, premier partenaire économique du pays (65% des échanges).

Contrairement aux attentes, le volume des exportations marocaines vers l’Afrique a reculé, passant de 15 Mds de DH entre janvier-août 2015 à 13,5 Mds de DH un an après, selon les statistiques de l’Office des changes.

D’après les professionnels, ces résultats sont en grande partie la conséquence de l’absence d’une stratégie logistique adaptée aux spécificités du continent (certains pays sont très enclavés) et aux objectifs que le Maroc s’est fixés en matière d’échanges commerciaux intra-africains.

Le manque de plateformes logistiques marocaines en Afrique constitue également un frein majeur pour les exportateurs marocains qui manquent de visibilité et n’arrivent pas à se projeter. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plusieurs exportateurs ont recours à des entreprises étrangères pour acheminer leurs marchandises. Des marchandises qui traversent la Méditerranée avant de revenir en Afrique.

Un choix non sans conséquence sur la facture des exportateurs et par conséquent sur le prix des produits. Ce qui complique davantage la tâche des entreprises marocaines qui doivent faire face à une concurrence acharnée des multinationales beaucoup plus organisées et qui cherchent à tirer le maximum de profit du potentiel dont regorge le continent.

 

Les zones d'ombre…

 

Ce paradoxe soulève plusieurs questions. Comment expliquer cette baisse des exportations alors qu’on s’attendait à un rebond, fruit de la consolidation de la coopération Maroc-Afrique ? Pourquoi les opérateurs logistiques marocains ne s’intéressent-ils toujours pas au marché africain ? Comment le Maroc compte-t-il répondre à la demande africaine en l’absence d’une stratégie logistique africaine adéquate ?

Plusieurs questions auxquelles le prochain gouvernement devra apporter des réponses concrètes, notamment en ce qui concerne le transport maritime qui domine les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique et qui est aujourd’hui monopolisé par les armateurs internationaux.

Rappelons que la flotte marocaine a quasiment disparu ces dernières années à cause de la réforme maritime. Une réforme qui a concerné la libéralisation totale de l’activité maritime, ce qui a été à l’origine des problèmes dont souffre le pavillon marocain, comme nous l’avait expliqué sur nos colonnes Abdelaziz Mantrach, président de l'Association professionnelle des agents maritimes, consignataires de navires et courtiers d'affrètement du Maroc (Apram). En effet, cette ouverture n’a pas été suivie de protection et de garde-fous, contraignant le secteur à faire face à une concurrence acharnée.

Aujourd’hui, l’enjeu est de taille. La mise en place d’une feuille de route logistique devient une urgence surtout que le Maroc aspire à intégrer la CEDEAO (suppression des barrières douanières), ce qui impliquerait une augmentation des échanges commerciaux avec les 15 pays africains composant cette communauté économique. ■

 

L.B

 

 

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