FIAD 2017 : quand le pragmatisme fait la différence

Forum Afrique développement casablanca

La recette de la première banque du Maroc, qui dispose du plus grand réseau bancaire en Afrique, continue de faire des émules. Le FIAD incarne le pragmatisme, car il permet de générer du business, tout en constituant un creuset d’échange d’idées et de partage.

 

Au fil des années, le Forum international Afrique développement (FIAD) ne cesse de susciter un engouement grandissant à la fois pour le secteur public et les opérateurs africains. Les chiffres dévoilés par Mohamed El Kettani, président Directeur général du groupe Attijariwafa bank (AWB), témoignent clairement de l’ampleur que prend ce rendez-vous annuel, soutenu par l’actionnaire de référence de la Banque panafricaine, la société nationale d’investissement (SNI).

En effet, le FIAD 2017 qui a eu lieu récemment dans la capitale économique, a enregistré la participation de plus de 2.000 opérateurs économiques venus de 30 pays. Cette 5ème édition, placée sous le signe des nouveaux modèles de croissance inclusive en Afrique, a été rehaussée par la présence de Roch Marc Christian Kaboré, président de la République du Burkina Faso, invité d’honneur, qui a rappelé lors de son allocution la place cruciale du secteur privé africain dans le chemin du développement et de la transformation des défis (démographie urbanisation, etc.) en opportunités. Ce rendez-vous annuel, espace d’échanges et de partage, dicté par le pragmatisme, a pour principal facteur de différenciation la mise en relation des acteurs économiques africains. En effet, près de 4.000 rendez-vous d’affaires se sont tenus en moins d’un jour et demi, ce qui a indubitablement permis de générer des opportunités d’échanges commerciaux interafricains.

A cela, s’ajoute l’aubaine offerte à 7 pays africains d’exposer leurs plans de développement respectifs dans le cadre du marché de l’investissement organisé à cet effet. Au-delà de ce volet essentiel inhérent au business, le FIAD, c’est aussi un lieu de débat sur les problématiques épineuses que rencontre le continent qui devrait voir son taux de croissance passer de 1,6% en 2016, à 2,8% et 3,7%, respectivement en 2017 et 2018. En effet, les trois panels consacrés au rôle des agents économiques dans la création de valeur partagée, l’urbanisation, et la nécessité d’accélérer l’inclusion financière en Afrique, ont rencontré un franc succès auprès des participants grâce aux témoignages d’acteurs qui se frottent au quotidien à la réalité.

L’occasion de transformer l’essai

S’il ne fait aucun doute que le continent, qui comptera 2 milliards d’habitants à l’horizon 2030, regorge de multiples atouts, les intervenants se sont accordés pour dire que tout l’enjeu pour les Africains est d’être à même de transformer les défis démographiques, écologiques et économiques en opportunités. Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), et Winifred Ngangure, directrice de l’Auto­rité rwandaise de facilitation des investissements, n’ont pas man­qué de souligner la faiblesse de l’industrie dans le PIB de l’Afrique (entre 10 et 13%). Ce qui consti­tue un réel obstacle pour la croissance durable et inclusive.

L’autre paramètre de taille pour l’émergence du continent a trait au rôle de l’Etat, stratège dans l’amélioration du climat d’inves­tissement, gage d’attractivité des investisseurs étrangers pour la création de valeur partagée. D’ailleurs, Marc Nassif, Directeur général de Renault Maroc, a salué les conditions particu­lièrement favorables mises en place par l’Etat (construction d’infrastructures, attractivité fis­cale, etc.) pour l’implantation du constructeur français, qui génère une valeur partagée à l’échelle régionale, notamment à Tanger, avec la création d’emplois pour les jeunes. Au niveau national, cela se manifeste par les perfor­mances du secteur automobile, qui s’est hissé au premier rang des branches exportatrices, avec 60 Mds de DH générés à l’export. Cela dit, au chapitre de l’urbanisation en tant qu’accélérateur de l’inclusion sociale, selon Abdou Karim Fofana, Directeur de l'Agence du patrimoine bâti de l'Etat du Sénégal, la lutte contre la bidonvilisation permet de limiter l’exclusion sociale. Pour ce faire, il est crucial de mettre l’accent sur la planification des villes africaines en actionnant deux leviers : celui de l’extension et de la requalification et la création de nouvelles zones d’habitation. ■

 

M. Diao

 

Démarches innovantes

Si les acteurs bancaires, à l’instar d’AWB, doivent faire preuve d’ingéniosité pour accélérer l’inclusion financière de l’Afrique qui affiche l’un des taux de bancarisation les plus faibles au niveau mondial, il en est de même pour les pouvoirs publics sommés de trouver des mécanismes permettant aux personnes vulnérables économiquement d’accéder à la propriété. Au Cameroun, par exemple, les collectivités locales et l’Etat cèdent une partie du foncier public aux aménageurs, à charge pour ces derniers de procéder à la viabilisation au grand bénéfice de la population. La constitution de coopératives d’habitat est aussi encouragée dans ce pays afin de permettre aux populations non bancarisées d’accéder à la priorité.

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