Entretien : Nouvelle feuille de route pour l’Anapec

Entretien : Nouvelle feuille de route pour l’Anapec

Anas Doukkali

Suite à la tenue de la deuxième session de son Conseil d’administration sous la présidence du Chef de gouvernement, l’Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences (Anapec) a présenté son plan de développement «Anapec 2020». Cette feuille de route, pour les cinq années à venir, s’inspire des orientations royales, de la Constitution, des programmes gouvernementaux et des orientations de la Stratégie nationale pour l’emploi à l’horizon 2025. La nouvelle stratégie de l’Anapec vise trois objectifs quantitatifs et qualitatifs : insérer 445.000 personnes dans la vie active; améliorer l’employabilité de 554.000 jeunes chercheurs d’emploi et accompagner 20.000 porteurs de projets d’auto-emploi. Plus de détails avec Anass Doukkali, Directeur général de l’Anapec.

Finances News Hebdo : Quels sont les axes de développement de la vision «Anapec 2020» ? 

Anass Doukkali :  C’est une nouvelle vision qui anime aujourd’hui ce plan basé sur une meilleure ouverture sur l’environnement de l’Anapec, sur un ancrage à la régionalisation avancée et l’accompagnement des politiques territoriales de la promotion de l’emploi par l’apport d’une offre de services adaptée et de qualité à tout chercheur d’emploi sans exception, et également, sur l’accompagnement des entreprises et des stratégies sectorielles. 

Pour ce faire, la vision «Anapec 2020» est déclinée en cinq axes de développement :

• Développement et professionnalisation du métier de l’intermédiation et du conseiller en emploi et un renforcement de la présence de l’agence sur tout le territoire. Il s’agit de mettre à la disposition des demandeurs d’emploi une intermédiation répondant au plus près à leurs préoccupations, sous toutes les formes et avec la qualité professionnelle nécessaire, en harmonie avec les efforts déployés par tous les intervenants dans le secteur de l’emploi.

Nous allons élargir le réseau, qui va passer de 74 à 142. L’élargissement se fait également via notre stratégie cross canal, qui permet d’utiliser plusieurs canaux de délivrance pour coller aux habitudes des jeunes demandeurs d’emploi. Dans ce sens, nous comptons créer une agence virtuelle 100% web pour que tous nos services soient dispensés à distance.

• Déployer des offres de services adaptées et de qualité au profit de toutes les catégories de chercheurs d’emploi, et là je fais allusion aux jeunes, diplômés, non-diplômés, chômeurs de longue durée, personnes en situation de handicap, populations rurales… Ainsi, une série d’actions sera entreprise par l’Anapec à l’horizon 2020 pour favoriser l’égalité des chances. 

• Le renforcement de la territorialisation des politiques de promotion de l’emploi à travers la promotion des initiatives locales et le développement de l’auto-emploi. Les différents dispositifs territoriaux pour l’emploi devront être pilotés par des comités régionaux ou locaux de l’emploi. En attendant un cadre réglementaire en harmonie avec la régionalisation avancée, des versions transitoires peuvent être adoptées.

• Développer l’ouverture de l’Anapec sur son environnement national et international, améliorer la transparence du marché de l’emploi et assurer un appui sur mesure aux secteurs et aux entreprises à travers le recueil d’un maximum d’offres en partenariat avec les acteurs privés mais également à travers des études prospectives du marché du travail.

Renforcer nos capacités organisationnelles, managériales et professionnelles au sein de l’agence.

F.N.H. : Dans le contexte de la régionalisation avancée, quel rôle l’Anapec joue-t-elle dans la coordination entre les différents diapositifs régionaux ? 

A. D. : Le ministre de l’Emploi est en contact avec les présidents de région, les walis pour mettre en place des Assises régionales pour l’emploi. L’Anapec est l’un des initiateurs et organisateurs de ces Assises. Nous voulons fédérer tous les intervenants en matière de promotion de l’emploi (opérateurs de formation, universités, acteurs économiques, ONG, bailleurs de fonds…). Les Assises vont nous permettre de faire un diagnostic territorial afin de trouver de nouvelles niches d’emploi, de financer certaines activités associatives et à intérêt général génératrices de revenus. 

F.N.H. : La participation des contrats d’insertion à la précarisation de l’emploi au Maroc fait pratiquement l’unanimité. Est-ce vraiment un échec ? 

A. D. : Le contrat d’insertion a été amélioré. Les changements entreront en vigueur l’année prochaine dès la publication du décret correspondant. L’amélioration a pour but de réduire l’aspect précaire qu’avait ce contrat. D’abord, par le bénéfice des insérés stagiaires, qui bénéficieront de l’AMO. Si l’entreprise bascule sur un CDI, elle va bénéficier de 12 mois de prise en charge par l’Etat de la part patronale de la couverture sociale et de la taxe professionnelle.

Les entreprises seront notamment obligées d’insérer, au bout du stage de 24 mois ou au cours de cette période, au moins 60% des stagiaires. 

Cette dernière contrainte sera à même de stabiliser l’emploi et réduire cet aspect précaire même si l’étude que nous avons menée montre que 75% des stagiaires signent un CDI au bout d’une année de stage insertion. 

L’emploi au Maroc : Etat des lieux 

La situation de l’emploi au Maroc se caractérise par une segmentation prononcée du marché du travail : un taux de chômage masquant des écarts quantitatifs et qualitatifs (disparités territoriales, âge, genre, emploi informel…), prépondérance de l’emploi privé, un système d’éducation et de formation insuffisamment adapté, une réglementation de travail à portée limitée… Face à ces disparités, le défi sera de créer des emplois décents en quantité suffisante, professionnaliser davantage le système éducatif et de formation, adapter la réglementation du travail et développer les programmes de promotion de l’emploi.

Propos recueillis par Saad Zeroual

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