Entretien : «Les attentes des jeunes africains sont les mêmes»

Entretien : «Les attentes des jeunes africains sont les mêmes»

younes boumehdi

Younes Boumehdi, le patron de Hit Radio, a fait le pari de l’Afrique il y a six ans. Un choix audacieux qui semble porteur aujourd’hui quand on sait que ce déploiement s’est fait en fonds propres. 

Finances News Hebdo : Premièrement, qu’est-ce qui a motivé l’idée d’expansion en Afrique ? 

Younes Boumehdi : C'est venu assez naturellement. J'ai toujours été attaché au continent et conscient de la nécessité de développer des coopérations Sud-Sud. Et j'ai vite senti l'intérêt de partager l'expérience de Hit Radio au Maroc avec les jeunesses de plusieurs pays du continent où il n'existait pas encore de radios leur étant destinées. 

F.N.H. : Parlez-nous des débuts ? 

Y. B. : La démarche entamée en 2010 a été de solliciter des licences officielles dans 20 pays. Nous avons commencé à nous déployer en 2012 au fur et à mesure que nous étions autorisés à le faire. L'accueil a été, à chaque fois, exceptionnel, que ce soit des autorités, des artistes ou des auditeurs. Les principales difficultés ont été essentiellement d'ordre technique (l’accès à l'énergie n’est pas toujours aisé). 

F.N.H. : En matière de programmation, comment arrivez-vous à jongler entre les différents pays qui ont bien évidemment des attentes différentes les unes des autres ? 

Y. B. : Contrairement à ce que l'on peut penser, les attentes des jeunes, où qu'ils soient sur le continent, sont souvent les mêmes. Ils aiment souvent la même musique, ont les mêmes espoirs. Notre corps de programmation, notamment musicale, est le même d'un pays à l'autre, avec de nombreuses adaptations pour coller au mieux aux besoins locaux. 

F.N.H. : Plutôt audacieux d’opter pour un financement en fonds propres. Qu’est-ce qui a justifié ou dicté ce choix ? 

Y. B. : Je ne suis pas fan de l'endettement... Donc nous avons attendu d'avoir les capacités en interne pour nous lancer ! 

F.N.H. : Actuellement, vu votre ambition à l’international, quels sont les partenaires potentiels qui vous accompagnent ? 

Y. B. : Nous avons en effet une grande ambition pour Hit Radio à l'international. Nous espérons que nombreuses seront les PME marocaines à oser l'international aussi. Nous n'avons pas de partenariats privilégiés pour le moment, hormis avec les opérateurs télécoms locaux. 

F.N.H. : A votre avis, avec du recul, quel est le meilleur modèle économique à adopter par une entreprise de presse désireuse de se lancer en Afrique ? 

Y. B. : Il faut aborder le continent sur le moyen ou long terme et essayer d'optimiser les coûts à tous les niveaux. L'Afrique se développe et dispose de fortes potentialités, mais avec un PIB encore faible. 

F.N.H. : Bénéficiez-vous d’une quelconque assistance des autorités marocaines, en l’occurrence le ministère de tutelle, pour vous soutenir dans cet ambitieux chantier ? 

Y. B. : Il n'y a pas encore de réelle stratégie offensive ni d'engouement massif pour le développement des PME marocaines sur le continent. Les médias ne font pas exception. Nous informons ou sollicitons régulièrement nos ambassades dans les pays que nous prospectons. Certaines se montrent à l'écoute; d'autres nous ignorent. Je suis convaincu que c'est le rôle de nos représentations diplomatiques de soutenir les PME qui cherchent à se développer à l'international. 

Propos recueillis par Imane Bouhrara 

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