Entretien : «ADM met à la disposition des pays africains son expérience de 25 ans»

Entretien : «ADM met à la disposition des pays africains son expérience de 25 ans»

anouar benazzouz

Avec l’élargissement de son réseau, l’autoroute est par excellence l’infrastructure la plus adéquate pour le transport de marchandises. Le niveau des tarifs appliqués aujourd’hui à la catégorie poids lourd ne correspond même pas au coût de l’entretien et de la maintenance de l’autoroute engendré par cette catégorie. Le télépéage sera généralisé progressivement. Quelque 500 millions de DH sont investis chaque année pour maintenir les caractéristiques techniques de la chaussée. Éclairage de Anouar Benazzouz, DG de la Société des autoroutes du Maroc.

Finances News Hebdo : Quel rôle joue ADM pour accompagner le secteur des transports et de la logistique au Maroc ?

Anouar Benazzouz :  ADM est le seul conces­sionnaire du réseau autoroutier national avec un linéaire actuellement en exploitation de 1.588 km et qui sera étendu à 1.800 km en 2016. L’autoroute est par excellence l’infrastructure la plus adéquate pour le transport de marchandises et des produits de manufacture, étant donné la facilité qu’elle offre pour lier entre les zones d’approvisionnement, de produc­tion et celles de consommation. Pour avoir une idée de l’ampleur du réseau autoroutier marocain et son impact sur l’économie nationale, il est souligné que ce dernier dessert 80% des zones industrielles, cinq principaux ports et 7 aéroports internationaux, et 76% des établissements touristiques classés, en faisant ainsi gagner aux conducteurs une moyenne de 30 minutes par 100 km. L’autoroute est consi­dérée comme l’un des facteurs les plus incitatifs à l’investissement.

F.N.H. : Comment jugez-vous les tarifs d’ADM. Sont-ils compétitifs pour les trans­porteurs et les professionnels de la logis­tique ?

A. B. : De manière globale, l’autoroute apporte un bénéfice indéniable à l’économie. Ceux qui en profitent le plus, et c’est d’ailleurs l’objectif, sont les transporteurs. Ces derniers bénéficient d’une infrastructure qui garantit sécurité, rapidité et confort. S’agissant des tarifs et en comparaison avec les pays disposant d’autoroutes à péage, les nôtres sont les plus compétitifs. Mieux encore, et avec le renchérissement du prix des carburants, et la régression relative des tarifs de péage -puisque l’indexation avec l’inflation ne se fait pas de manière automatique-, le pourcentage du péage dans la composition globale du coût du transport a même baissé.

Une information capitale qui mérite d’être partagée, est que l’agressivité générée par le passage d’un poids lourd sur l’autoroute équivaut à des milliers de passages d’un véhicule léger. Le niveau des tarifs appliqués aujourd’hui à la catégorie poids lourd ne correspond même pas au coût de l’entretien et de la maintenance de l’autoroute engendré par cette catégorie de véhicules.

F.N.H. : A quand la généralisation du télé­péage «Jawaz » ?

A. B. : Jawaz, ou télépéage pour ceux qui ne connaissent pas encore ce produit de péage, est en cours de généralisation. Nous projetons de rajou­ter d’ici la fin de l’année un périmètre important d’autoroute à celui déjà en exploitation (Kénitra à Berrechid). ADM continuera son effort en flux tendu pour doter l’ensemble du réseau du télépéage.

F.N.H. : Qu’est-ce qui a été fait pour amé­liorer la sécurité au niveau du réseau auto­routier ?

A. B. : L’infrastructure autoroutière nécessite un entretien continu pour la maintenir aux standards internationaux. Ainsi, ADM ne ménage pas ses efforts pour garantir les bonnes conditions de sécurité de la circulation, en prenant en charge la maintenance et l’entretien à travers la programma­tion des entretiens préventif et curatif. En moyenne, nous investissons quelque 500 millions de DH chaque année pour maintenir les caractéristiques techniques de la chaussée.

En plus de la réhabilitation continue de l’infrastruc­ture et ses dépendances (signalisation, glissières de sécurité…), ADM déploie des actions de sensibili­sation en vue d’attirer l’attention des conducteurs sur la nécessité de respecter les règles de bonne conduite sur autoroutes. Les actions de sensibilisa­tion, en 2015, ont porté sur des thèmes importants, comme la conduite en temps de brouillard, la néces­sité d’observer le repos toutes les 2 heures. Des études ont montré que la fatigue et la somnolence sont parmi les causes les plus importantes de la survenance d’accidents sur autoroutes.

F.N.H. : Le Maroc accueille le 1er Congrès africain des transports et de la logistique, ADM peut-elle proposer son expertise et son savoir-faire aux pays africains ?

A. B. : ADM est déjà intégrée dans cette dynamique mettant en valeur la relation Nord-Sud. Depuis l’année 2012, ADM a créé sa filiale ADM Projet spé­cialisée dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage avec un axe stratégique visant la mise à la disposition des pays africains frères l’expertise développée par ADM au fil des 25 années de son existence. ADM Projet travaille déjà en étroite collaboration avec le Fonds d’entretien routier pour la mise en place du schéma autoroutier de la Côte d’Ivoire. D’autres projets sont aussi en cours de gestation avec d’autres pays, notamment le Sénégal.

Propos recueillis par Charaf Jaidani

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