Dialogue social : Les syndicats mettent la pression sur Benkirane

Dialogue social : Les syndicats mettent la pression sur Benkirane

syndicat benkiraneIls jugent l’offre gouvernementale «très maigre», bien loin des attentes de la classe ouvrière. Pour la réussite du dialogue social, le Chef de l’Exécutif va devoir faire certaines concessions. Sans toutefois tordre le cou au Budget.

C’est une Fête du travail comme l’on s’y attendait. Les différentes centrales syndicales ont battu, dimanche dernier, le pavé, réitérant leurs revendications sociales. La Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union marocaine du travail (UMT), l'Organisation démocratique du travail (ODT) et l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) ont ainsi maintenu leur pression sur le gouvernement en égrenant leurs doléances dans les différentes villes du Royaume. Dans leur cahier revendicatif très fourni, on retrouve pêle-mêle la consécration de la liberté syndicale, plus d'efforts pour lutter contre le chômage, l'augmentation des salaires et des pensions des retraités, l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens, le soutien de la stabilité au travail ou encore l'accélération de la procédure de mise en oeuvre de la loi sur les syndicats et de la loi organique sur le droit de grève. Rien de bien nouveau. Sauf que ces revendications interviennent à un moment où le dialogue social est toujours sur fond de discorde. Les négociations du vendredi 29 avril dernier entre le gouvernement, les syndicats et le patronat, qui étaient censées être les dernières avant publication d’un projet d’accord par le Comité technique constitué à cet effet, n’ont pas abouti. Mais, dans une allocution adressée à la classe ouvrière à la veille
du 1er mai, le ministre de
l'Emploi et des Affaires sociales, Abdeslam Seddiki, avait d’ores et déjà laissé entendre que le gouvernement n’a ménagé aucun effort et «les rencontres avec les partenaires sociaux vont se poursuivre immédiatement après la célébration de la Fête du travail». Selon nos informations, c’est hier, mercredi 4 mai, qu’une nouvelle réunion devait se tenir entre les différentes parties afin de trouver un compromis. Au moment où nous mettions sous presse, aucune information n’était disponible sur son issue.
Et avant ce qui doit être l’ultime round de négociations, aucune des parties concernées n’a voulu officiellement se prononcer. Histoire de ne pas torpiller la dernière chance de voir un accord scellé.


Accord hypothétique ?
Difficile, au regard de la posture actuelle des différents acteurs, de voir un accord scellé. Le ton acerbe des centrales syndicales et les critiques formulées à l’égard du gouvernement à l’occasion de la Fête du travail témoignent, en effet, de profondes divergences de vue et de l’énorme fossé qui sépare particulièrement les deux parties.
Pourtant, on ne peut pas dire que le gouvernement n’a pas lâché du lest. Le Chef de l’Exécutif, Abdelilah Benkirane, dans son allocution du 1er mai, a annoncé, il est vrai assez vaguement, un certain nombre d’efforts que le gouvernement était prêt à faire. Il s’agit, entre autres, de la hausse des salaires dans la fonction publique de 4% étalée sur 4 ans, du relèvement de la pension minimale de retraite de 1.000 à 1.500 DH par mois et d’allocations familiales fixées à 300 DH par enfant, sans limitation du nombre d’enfants. Autres mesures : une prime de naissance de 1.000 DH et l’extension de la couverture santé aux parents.
Pourtant, les syndicats jugent l’offre gouvernementale «très maigre». C’est ce qu’a laissé entendre, lors de la Fête du travail, Miloudi Moukharik. Le secrétaire général de l’Union marocaine du travail estime que cette offre «n’atteint même pas un minimum de nos revendications». Que veulent-ils concrètement alors ? Beaucoup plus : hausse du salaire des fonctionnaires de 600 DH, baisse de l’IR pour les salariés du privé, retrait du projet relatif à la réforme de la retraite…
Cette intransigeance des syndicats met visiblement Benkirane sous pression. Il va falloir faire des concessions, mais sans tordre le cou au Budget. Encore moins renoncer au projet de réforme du système des retraites, dans sa mouture actuelle, au risque de le vider de son sens. Autrement dit, ménager la chèvre et le chou. Habilement.

David William

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