CEDEAO : Les enjeux du 52ème Sommet d'Abuja

CEDEAO : Les enjeux du 52ème Sommet d'Abuja

 

Intégration régionale, critères de convergence, monnaie unique et adhésion du Maroc seront les points clés débattus

 

Les Chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réuniront, les 16 et 17 décembre à Abuja, le temps d’un 52-ème Sommet qui s’annonce décisif à bien des égards. 

En effet, la 52-ème session ordinaire de ce bloc régional est d’autant plus importante qu'elle devra imprimer un nouvel élan nécessaire au processus de mise en œuvre de la Vision 2020 que la CEDEAO a fait sienne et sur laquelle les Etats membres misent gros.

Comme le laissaient entendre ses leaders à maintes reprises, le processus d’intégration globale au sein de la CEDEAO doit passer à la vitesse supérieure. Une volonté que ce groupement avait arrimée à une vision qui devrait se concrétiser à l’horizon 2020. A moins de trois ans de l’échéance fixée, le Sommet d’Abuja aura à donner une véritable impulsion à la mise en œuvre de cette vision plutôt salutaire pour la prospérité et le décollage économique de la CEDEAO.

En plus concret, cette vision entend mettre en place une Afrique de l’ouest développée et intégrée où l’ensemble des économies nationales auront fusionné en un marché unique compétitif et résistant et où tout un chacun peut mener ses activités librement, partout dans la région.

L’idée est également de jeter les jalons d’une économie régionale dynamique, tirée par une communauté d’affaires à vocation régionale qui opérera dans un système de production efficace et diversifié, sous-tendu par un réseau d’infrastructures modernes.

De même, l’objectif est de disposer d’une main d’œuvre hautement qualifiée, flexible et mobile, de marchés financiers et de capitaux dotés en ressources adéquates, de systèmes sanitaires et éducatifs à coûts accessibles ainsi que de mécanismes de gouvernance politique et économique opérant aux niveaux régional et national pour assurer la paix, la stabilité et la sécurité des individus. 

Déclinée au niveau national, cette vision devrait permettre à chaque Etat membre d’avoir une politique de développement nationale à forte orientation régionale, efficacement gérée et coordonnée par une institution nationale dotée de ressources adéquates et consacrée au processus d’intégration régionale.

Il s’agit, en outre, de mettre au point des mécanismes visant à incorporer l’intégration régionale dans les stratégies nationales de développement, tel que consacré par le protocole portant création de la CEDEAO en 1975.

La vision 2020 entend aussi que chaque pays se doit de prendre les mesures constitutionnelles et administratives requises pour s’aligner sur l’approche régionale et créer les agences d’exécution nationales pertinentes nécessaires pour mettre en œuvre les programmes d’intégration clés de la CEDEAO.

Il va sans dire que le Sommet d’Abuja, au vu de son timing, est appelé à donner du punch aux efforts consentis dans l’optique de concrétiser la Vision 2020 dans sa globalité et, partant, de préluder à une émergence commune et à un développement partagé de cette organisation.

Par ailleurs, le Sommet d’Abuja est également une occasion idoine pour faire le point sur l’adoption d’une monnaie unique, dont le processus bat visiblement de l’aile.

Le président de la Commission de la CEDEAO, Marcel De Souza, avait récemment annoncé un nouveau report de la mise en circulation d'une monnaie unique de la CEDEAO, initialement prévue en 2020, se gardant toutefois de fixer un nouveau calendrier.

De Souza avait déploré le "manque de vigueur" noté dans la mise en œuvre de la feuille de route visant la mise en circulation en 2020 de la monnaie unique, expliquant que les résultats ne sont pas au rendez-vous sur les objectifs fixés.

"De 2012 à 2016, aucun de nos pays n'a pu respecter de manière continue les critères de premier ordre du programme de convergence macro-économique", avait-il dit.

C’est dire toute l’importance qui échoit au Sommet d’Abuja en vue de remettre d’aplomb le processus d’adoption de la monnaie unique et de s’approprier davantage cet objectif que se sont fixés les leaders ouest-africains mais dont la réalisation est sujette à une série d’ajournements.

S’agissant de la demande d’adhésion du Maroc, il ne fait aucun doute qu’elle retiendra l’attention lors de cette réunion, après l’accord de principe donné, lors du 51-ème sommet ordinaire de la CEDEAO, en juin dernier à Monrovia, et qui tenait aux "liens forts et multidimensionnels de coopération" qui lient le Royaume aux Etats de cette organisation.

Il a été également décidé d’instruire la commission de la CEDEAO d’examiner les implications d’une telle adhésion conformément aux dispositions du traité révisé de la CEDEAO et de soumettre les résultats à la session de décembre courant.

Ces questions et bien d’autres augurent d’un Sommet qui marquera l’histoire de la CEDEAO, organisation qui a vu le jour en mai 1975.

 

 

(Avec Map)

 

 

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