Bien-être au travail : Que de révélations sur le moral des travailleurs marocains !

Bien-être au travail : Que de révélations sur le moral des travailleurs marocains !

 

Si 60% des Marocains déclarent ressentir un certain niveau de bien-être au travail, score très mitigé d’ailleurs, plus d’un tiers n'est pas heureux ! L’étude nationale de l’Observatoire marocain du bonheur est riche en enseignements dont tout employeur doit s'inspirer.

 

Explorer les facteurs qui participent au bien ou au mal-être des travailleurs au Maroc, c’est l’objectif que s’est assignée la dernière étude nationale de l’Observatoire marocain du bonheur. Une première du genre pleine de renseignements sur ce qui motive ou qui, au contraire, met le moral des travailleurs en berne.

L’étude réalisée par le cabinet OpinionWay auprès de 1.200 travailleurs (70% d’hommes et 30% de femmes), tous secteurs d’activités confondus, dévoile que 46% des sondés ressentent un vrai bienêtre au travail, alors que 36% sont plutôt «pas heureux» au travail.

Globalement, 60% des Marocains déclarent ressentir un certain niveau de bien-être au travail, score d’ailleurs très mitigé par rapport à d’autres pays.

Parmi les «plus heureux», figurent les hauts fonctionnaires du public qui semblent les plus satisfaits, alors que parmi les salariés qui affichent le plus haut niveau de bien-être ressenti, on retrouve aussi les résidents des provinces du Sud (54%), les individus ayant obtenu une augmentation salariale (54%), et les mieux nantis (CSP A : 50%).

En revanche, les individus qui expriment un certain «mal-être au travail», sont surreprésentés en zone rurale (note de 1 à 5 : 50% contre 36% sur le total de l’échantillon), dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et foresterie (50%), parmi les CSP D et E (45%) et parmi les ouvriers du privé (44%).

Plus en détail, à la question «aimez-vous votre métier ?», 64% seulement répondent par l’affirmative et 33% estiment leur travail comme élément central de leur identité. 54% se sentent motivés dans leur travail (dont deux tiers travaillent pour leur propre compte), 26% seulement sont satisfaits de leur salaire et seuls 9% affirment obtenir des primes et des augmentations.

Aussi, seuls 24% disent développer leurs compétences à travers les formations assurées par l’employeur et seuls 35% déclarent pourvoir concilier entre leurs vies professionnelle et privée. Pour récapituler, près de la moitié des salariés dits «heureux au travail» n’ont en apparence pas de raisons tangibles (rémunération, conditions de travail, environnement) pour justifier un tel bien-être. Selon le Cabinet OpinionWay, «la véritable explication réside dans leurs postures mentales qui expriment une résilience solidement ancrée. En d’autres termes, ces individus-là s’accommodent de leur situation et s’estiment heureux d’avoir un travail».

Aussi, près du tiers des sondés (30%) considèrent-ils que le travail est une source de stress. Trois principaux facteurs alimentent ce stress : l'insuffisance de reconnaissance, le manque de moyens pour atteindre les objectifs et le sentiment de surcharge de travail. D’ailleurs, plus les heures de travail augmentent dépassant un certain seuil, plus cela démotive le travailleur. Il est important tout de même de relever qu’une partie des travailleurs sondés n’a pas choisi son métier, donc aucune planification de carrière.

Une étude importante aussi puisqu’elle dévoile les douze facteurs qui expliquent et impactent le plus le ressenti des travailleurs.

D’abord, la quête de sens, ensuite la maîtrise des tâches, puis l’équilibre entre vies privée et professionnelle, la rémunération et les gratifications, le niveau d’autonomie et de responsabilité, l’ouverture sur l’extérieur, la sécurité et la salubrité de l’environnement de travail, le support de la hiérarchie et l’entraide des pairs, la transparence et la pérennité organisationnelle, la possibilité d’avancement et l’expression de son potentiel créatif, la moindre difficulté physique des tâches à accomplir et enfin l’ambiance de travail. ■

 

Par I. Bouhrara

 

Les différents segments de travailleurs marocains
A la lumière des informations collectées, l’Observatoire marocain du bonheur a créé une segmentation des travailleurs marocains.
• Les résilients (24%): Ils sont premiers en termes de bien-être ressenti dans la vie en général.
• Les dévoués en environnement défavorable (14%): Ils aiment leur métier, mais le considèrent comme source de stress et de mal-être.
• Les mieux lotis (30%): Ils sont (et de loin) les actifs qui ressentent le plus de bien-être dans le cadre de leur travail et leur vie privée.
• Les désengagés (10%): Ils démontrent le plus faible niveau d’engagement envers l’entreprise qui les emploie et envers leur travail de façon générale, et vivent le travail comme une fatalité qu’ils n’ont pas forcément choisie.
• Les revendicateurs salariaux (13%): niveau d’éducation bas, revenus limités.
• Les petites mains (8%): Ils ont le niveau d’éducation et les revenus les plus bas dans l’univers des individus étudiés.

 

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