Malgré les efforts du gouvernement pour assainir et mettre à niveau le secteur, les pratiques frauduleuses continuent de gangréner le contrôle technique des véhicules. L’Etat mécanique du parc automobile marocain est la cause de 30% des accidents de la circulation.

Passage obligé pour tous les véhicules âgés de plus de 5 ans, et ceux en instance de changement de propriétaire, le contrôle technique revêt une importance particulière dans un pays où 30% des accidents sont causés par la vétusté et l’état mécanique des véhicules.
Le secteur du contrôle technique a été pendant longtemps caractérisé par une certaine anarchie. Son manque de structuration a facilité le développement de pratiques frauduleuses, telles que la délivrance de certificats de complaisance. Conséquence : le taux de rejet (c’est-à-dire de non conformité des véhicules) au Maroc est très loin des standards internationaux. En 2014, ce taux s’établit à un tout petit 1,3% sur près de 2 millions de véhicules visités ! Quand on sait que la moyenne d’âge du parc automobile national est de 15 ans, ce taux ridiculement bas prête à sourire.
Le ministre délégué chargé des Transports, Mohamed Boulif, a fait de la mise à niveau des opérateurs du secteur une priorité de son action. Les hors-la-loi qui ternissent la réputation de la profession sont désormais dans le collimateur du ministère de tutelle qui compte les traquer. Récemment, le gouvernement a sévi. Suite à plusieurs audits réalisés au sein des centres de visite technique (CVT), des fermetures définitives et temporaires ont été prononcées. 25 établissements ont été suspendus, et quatre des cinq réseaux ont écopé d’amendes. En outre, plusieurs mesures ont été prises, comme la mise en place d’un cahier des charges, l’obligation pour les CVT de se regrouper en réseaux en respectant un nombre minimal de centres et de lignes de contrôle, et l’intensification des missions d’audit au sein des CVT.
Par ailleurs, la tutelle s’appuie sur les nouvelles technologies et l’implantation de logiciels réputés inviolables pour limiter au maximum l’intervention humaine dans le processus de délivrance du certificat de visite technique. Le chantier de la dématérialisation du processus de contrôle, en cours de déploiement, permettra de verrouiller les canaux du système des visites techniques et ce, dans le but d'atteindre les objectifs fixés, à savoir réduire le nombre de morts à 1.500 à l'horizon 2020.
Autres points noirs qui concernent la visite technique, l’affluence et les longues files d’attente devant les centres de contrôle. Pour soulager cette affluence, le ministère a mis en oeuvre une série d’actions comme l’extension des horaires d’ouverture. Mais une simple visite matinale à l’un des centres permet de constater que l’attente peut, dans certains cas, dépasser plusieurs heures. Et ce pour le plus grand bonheur des marchands de «places» qui n’hésitent pas à passer la nuit devant le centre, pour monnayer leur position au plus offrant...