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Virus hivernaux: «La prévention n’a pas de prix, elle doit être une priorité»

Virus hivernaux: «La prévention n’a pas de prix, elle doit être une priorité»

En ce moment, la grippe saisonnière fait des ravages, et sa virulence varie d’une personne à l’autre. Les virus hivernaux peuvent s’avérer dangereux avec la combinaison de la grippe, le Covid-19 et les infections à virus syncytial respiratoire (VRS).

Entretien avec Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.

 

Par Ibtissam. Z.

Finances News Hebdo : Actuellement, on remarque une montée en puissance des virus hivernaux. Comment expliquez-vous ces pics épidémiques et quelles sont les précautions ?

Dr Tayeb Hamdi : C’est la saison des épidémies respiratoires : la grippe, le Covid-19 et le virus respiratoire syncytial (VRS). Ce dernier s’avère plus grave chez les nourrissons et les personnes âgées. Il y a aussi le Norovirus qui est une infection digestive accompagnée de diarrhée et de vomissements. Quant à l’adénovirus, il concerne les infections respiratoires. Durant la saison froide automnehiver, plusieurs raisons expliquent le pic épidémique, notamment le regroupement des personnes au sein des maisons à cause du temps froid à l’extérieur, ce qui peut favoriser la propagation des virus. Aussi, notre immunité est généralement plus faible et nous sommes par conséquent plus susceptibles de développer des maladies. De surcroît, les muqueuses au niveau du nez, la gorge ou encore les poumons sont fragilisées par le froid et attrapent facilement les virus.

La première précaution à prendre est donc la prévention. C’est le fer de lance de toute guérison. Il est primordial également d’observer une hygiène de vie rigoureuse, à commencer par se laver les mains et éviter tout contact direct avec les personnes infectées. Ce sont là des règles à observer pour éviter d'être soi-même infecté ou contaminer les autres, surtout que la contagion débute avant même l'apparition des premiers symptômes. Si l’on présente des symptômes, il vaut mieux rester chez soi, porter un masque et ne pas s’approcher des personnes vulnérables. Il faut prendre l’habitude de tousser dans un mouchoir jetable ou dans son coude. Ce sont des gestes simples, mais essentiels pour se préserver au quotidien. La vaccination annuelle contre la grippe saisonnière demeure un pilier incontournable. La prévention n’a cependant pas de prix, elle doit être une priorité à cause des risques plus accrus de faire des complications graves ou des décès.

Sont concernées les femmes enceintes, tous les adultes âgés de 65 ans et plus, ainsi que toutes les personnes souffrant de maladies chroniques comme les maladies cardiaques, la tension artérielle, le diabète, l’obésité, les maladies rénales, l’asthme ou les maladies graves. Il est également recommandé de vacciner les professionnels de santé pour éviter qu'ils ne transmettent le virus à leurs patients ou qu’ils ne s’absentent à des moments où les systèmes de santé en ont le plus besoin. Sans oublier de se protéger eux-mêmes et de protéger leurs familles. Pour rappel, à partir de 6 mois, tout le monde peut bénéficier du vaccin, et ce quel que soit son état de santé.

 

F.N.H. : Y a-t-il un risque d’avoir une combinaison entre grippe et Covid-19 ?

Dr T. H. : En effet, il existe une triple épidémie, à savoir (grippe-Covid-19 et bronchiolites à VRS). La menace est répartie en deux plans, soit individuel et de santé publique. La grippe et le Covid-19 sont des épidémies qui font des cas graves et peuvent être mortels. Et ce, dans le cas des catégories dites vulnérables, à savoir les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques, de maladies graves affectant l’immunité et les femmes enceintes. En outre, la grippe constitue un risque pour les enfants de moins de 5 ans. Pour ce qui est des bronchiolites à VRS, celles-ci touchent principalement les nourrissons et les personnes âgées. L’autre risque concerne la santé publique des citoyens. In fine, cette triple épidémie fait plus de pression sur les hôpitaux et, par conséquent, sur les professionnels de santé.

 

F.N.H. : Des mesures draconiennes ont été prises en Espagne où désormais le port du masque est devenu obligatoire dans les centres de santé pour contrer les virus hivernaux. Que pensez-vous de cette mesure ? Le Maroc devrait-il faire de même ?

Dr T. H. : La vie continuera à couler normalement et fluidement. A cet effet, c’est aux personnes vulnérables de se protéger contre le danger en se vaccinant correctement contre la grippe et le Covid-19 et d’observer les mesures barrières. L’immunité que nous avons acquise par la vaccination et les infections antérieures, même si elle ne nous protège pas contre l’infection (attraper le nouveau variant JN.1 par exemple), elle continue de nous protéger contre les formes graves et les décès. Ceci est vrai sauf pour les personnes appartenant aux groupes vulnérables. En Espagne, la population est très âgée, c’est ce qui explique les drames qu’a connus le pays au début de la pandémie. Le pays ibérique a été effectivement traumatisé par la première vague de la pandémie du Coronavirus au printemps 2020. Au Maroc, la population est jeune, c’est ce qui protège notre système de santé. Cependant, il ne protège pas les personnes dites vulnérables comme les sujets âgés ou ceux souffrant de maladies chroniques. 

 

 

 

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