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Séisme d’Al Haouz: quatre mois après la tragédie…

Séisme d’Al Haouz: quatre mois après la tragédie…

Les opérations d’enlèvement des débris et de démolition des maisons endommagées par le séisme s’intensifi ent dans l’ensemble des communes touchées, en vue de permettre aux sinistrés d’entamer la reconstruction de leurs logements. Le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, a eff ectué des visites de terrain dans les diff érentes provinces impactées par le séisme, marquant ainsi le coup d’envoi du programme dédié à la reconstruction des bases de la dynamique agricole dans les régions sinistrées.

2.946 morts et 5.674 blessés, c’est le dernier bilan officiel du terrible séisme qui a frappé le Maroc dans la soirée du 8 septembre 2023. Selon les données livrées par le gouvernement, le drame a fait 1.684 morts dans la province d’Al Haouz et 980 dans la province de Taroudant, laissant du jour au lendemain des milliers de personnes sans abri et rendant de nombreux enfants orphelins. Il s’agit du troisième tremblement de terre le plus puissant de l’histoire du pays, après celui d’Agadir en 1960 qui a fait plus de 12.000 morts ainsi que celui d’Al Hoceima en 2004, qui a entraîné la mort de plus de 600 personnes.

Un arrêté signé le 13 octobre dernier par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a officialisé la classification de ce récent séisme comme une catastrophe naturelle. Par conséquent, les individus impactés seront tous recensés puis indemnisés par le Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC). Au lendemain de la tragédie, le Roi Mohammed VI a donné ses instructions pour le déploiement, dans les meilleurs délais, d’un programme d’urgence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits au niveau des zones sinistrées. Ce dernier nécessite une enveloppe budgétaire de 120 milliards de dirhams sur 5 ans, et cible 4,2 millions de personnes.

Le financement de l’ensemble des opérations qui seront mises en place dans le cadre dudit programme, sera assuré par l’État, le Fonds Hassan II, la coopération internationale ainsi que le «Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Royaume du Maroc» (Fonds 126), créé sur ordre royal. Visant à collecter les contributions des citoyens et des organismes privés et publics, ce compte spécial a atteint, jusqu’au 10 novembre dernier, plus de 18 milliards de dirhams. Le long chemin vers la reconstruction Pour ce qui est de la reconstruction, les commissions techniques se sont déplacées sur le terrain, dès les premiers jours suivant le puissant séisme, afin de recenser les logements totalement ou partiellement effondrés.

Il est à noter que le programme de relogement des sinistrés cible plus de 50.000 logements totalement ou partiellement effondrés, au niveau des cinq provinces touchées, à savoir Al Haouz, Taroudant, Chichaoua, Ouarzazate et Azilal, en plus de la préfecture de Marrakech. Selon le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, ce sont quelque 59.000 logements à réhabiliter, dont 32% ont été complètement détruits. Dans le détail, le programme comprend, d’une part, des mesures d’urgence pour un relogement temporaire, soit des solutions d’hébergement sur place, des structures résistantes aux intempéries et des sites d’accueil équipés de toutes les commodités nécessaires.

D’autre part, l’État veillera à accorder une aide d’urgence de 30.000 dirhams aux ménages concernés. Celle-ci sera versée à hauteur de 2.500 DH par mois pendant une année. Outre ces mesures immédiates de reconstruction, le programme porte également sur la mise en place d’opérations préalables d’expertise et de travaux de préparation et de stabilisation des terrains. Pour ce faire, une assistance financière directe de 140.000 dirhams sera accordée pour les habitations totalement détruites, et 80.000 dirhams seront alloués pour les travaux de réhabilitation des logements partiellement effondrés. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’aide financière de 2.500 DH destinées aux familles touchées par la catastrophe naturelle en était à sa deuxième tranche.

Parallèlement à cette opération, le versement de la première tranche des aides à la reconstruction des maisons complètement ou partiellement effondrées, dont le montant est fixé à 20.000 DH, se poursuit encore, après avoir démarré début novembre. De leur côté, les autorités locales et les commissions provinciales spécialisées poursuivent leur action sur le terrain pour faciliter le démarrage de l’opération de reconstruction des maisons touchées par le séisme. Dans ce cadre, les opérations d’enlèvement des débris et de déblaiement des logements effondrés s’intensifient dans l’ensemble des communes concernées, en vue de permettre aux populations sinistrées d’entamer la reconstruction de leurs logements dans les meilleures conditions.

«Quinze commissions mixtes sont mobilisées sur le terrain avec les équipes chargées de l’enlèvement des débris, les topographes et les architectes en vue de garantir la réussite des étapes nécessaires au démarrage de l’opération de reconstruction», fait savoir Hassan Goudadi, chef de la division de l’Urbanisme et de l’Environnement à la préfecture de la province de Ouarzazate. «Ces équipes sont déployées dans les neuf communes touchées par le séisme au niveau de la province de Ouarzazate afin de poursuivre la constatation des habitations effondrées et d’aider les sinistrés à préparer les documents administratifs nécessaires pour l’obtention de leurs permis de reconstruction. Nous fournissons également une assistance technique à travers des plans architecturaux répondant aux spécificités et normes de la région», poursuit-il. Il est à noter que l’accompagnement technique par les services concernés se poursuivra tout au long de la période de reconstruction, de manière à garantir le respect des normes sûres de cette opération.

A la rescousse des orphelins … En plus de la réhabilitation et de la reconstruction, le Roi Mohammed VI a également donné ses instructions pour la prise en charge des personnes en détresse, particulièrement les orphelins. D’après le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), près de 100.000 enfants ont été touchés par ce tremblement de terre, et plusieurs d’entre eux ont perdu leurs familles et se sont retrouvés sans ressources. Face à cette situation, le Souverain a ordonné l’octroi du statut de «Pupille de la nation» aux enfants rendus orphelins par ce séisme.

Adopté à l’unanimité par la Chambre des conseillers, le projet de loi n° 50.23 relatif audit statut stipule que ce dernier est accordé aux enfants dont le père ou le principal soutien a trouvé la mort suite au séisme d’Al Haouz, ou décédé à la suite de blessures lors de cette catastrophe naturelle. A travers le statut de Pupilles de la nation, ces orphelins bénéficieront notamment d’un soutien financier et moral attribué par l’État, et qui consiste en une aide mensuelle totale de 1.250 dirhams. Ils pourront également bénéficier de la gratuité des soins hospitaliers et chirurgicaux dans les établissements civils et militaires de santé affiliés à l’État, en plus de plusieurs réductions pour le transport ferroviaire, ainsi qu’une aide financière à chaque rentrée scolaire et à l’occasion de l’Aïd Al-Adha pour chaque famille. Aussi, les Pupilles de la nation disposeront de la priorité en ce qui concerne l’intégration des établissements d’éducation et de formation et des Bourses d’études, outre la priorité d’accès à la fonction publique au sein des administrations de l’État, des établissements publics et des collectivités territoriales. Un soutien à l’agriculture En plus des dégâts humains et des habitations effondrées, l’agriculture et l’élevage ont également été touchés par ce drame.

Le séisme a fait plusieurs victimes au niveau des animaux et de nombreuses infrastructures hydro-agricoles ont été détruites. Afin de couvrir ces pertes, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a lancé un programme intégré d’un budget de près de 10,3 milliards de dirhams (MMDH), dédié à la reconstruction des bases de la dynamique agricole dans les régions touchées par le séisme et à leur développement. Selon le ministre Mohamed Sadiki, ce programme, qui sera mis en œuvre sur une période de cinq ans, concerne aussi bien le secteur agricole que forestier et tient compte du recensement et de l’évaluation des dommages enregistrés.

D’un coût de 7,6 MMDH, le programme dans son volet agricole repose sur trois axes. Le premier concerne l’infrastructure agricole, notamment la préparation et la création de 1.153 kilomètres de circuits agricoles ruraux, la protection des terres agricoles contre l’érosion par la construction de digues en pierre, la réhabilitation et la reconstruction de 718 kilomètres de canaux dans les périmètres de petite irrigation, ainsi que l’aménagement et la création de points d’eau et la réhabilitation de 92 unités de valorisation des produits agricoles et de coopératives agricoles touchées. Le deuxième axe consiste, pour sa part, à mettre à niveau les infrastructures de l’économie agricole dans les zones rurales en réhabilitant 33 marchés ruraux hebdomadaires, 13 abattoirs, dont 3 dédiés à la volaille, en plus de l’aménagement de 680 abris et écuries pour animaux.

Quant au troisième axe, il vise la reconstruction du capital agricole et la redynamisation des filières de production animale, à travers 40 projets d’agriculture solidaire. Il comprend également la distribution de 650.000 quintaux d’orge, et un dédommagement pour les pertes de moutons, de chèvres et de bovins subies par les éleveurs des zones touchées. Dans son volet forestier, le programme, estimé à 2,7 MMDH, est axé sur la préservation de l’eau et du sol, la réhabilitation des bassins d’eau et des forêts, le développement et la promotion de l’écotourisme dans le parc national de Toubkal, ainsi que la distribution de 5.000 poêles de chauffage. En définitive, les programmes de reconstruction et de réparation des divers secteurs impactés par le séisme ont été lancés, mais il faudra encore plusieurs mois, voire des années, pour évaluer leur efficacité et voir s’ils seront suffisants pour répondre aux besoins de la population et s’ils permettront de remettre la région sur pied.

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